On a beau avoir affaire à une Jackson, marque réputée pour sa production d’instruments ultra-agressifs aux sonorités puissantes, ainsi qu'à une guitare signature Mark Morton du groupe Lamb Of God, la Jackson D2 Dominion, que ce soit d'un point de vue sonore ou visuel, reste une guitare plutôt polyvalente. De plus cette Dominion se positionne dans une tout autre gamme de prix que la précédente version, qui avoisinait les 2 000 euros. Voyons si la Jackson D2 Dominion, qui affiche un petit 537 euros, offre un rapport qualité/prix intéressant.



Lutherie et équipement
La marque Jackson nous montre que même dans la production d'instruments d'entrée de gamme, elle est capable du meilleur. La D2 est la plus flagrante illustration de ce propos. La coupe reprend au millimètre près celui de la signature Mark Morton D Original. Une coupe que j'ai trouvée plutôt réussie et passe-partout. On est bien loin de l'agressivité d'une Randy Road, d'une Kelly ou d'une Warrior... Afin de respecter le design de l'originale, mais pour un prix divisé par quatre, Jackson a été contraint d'utiliser, pour embellir le corps en nato, un « foto flame ». Le procédé consiste à ajouter sur le corps, avant la finition et le vernis, une imitation d'une table en érable flammé ou pommelé. Cette finition n'est disponible qu'avec la couleur trans-black. Je vois d'ici les puristes crier au scandale et à l'arnaque, mais que voulez-vous messieurs, pour 537 euros, difficile de trouver une guitare avec une vraie table érable !
Le manche vissé est aussi polyvalent, que ça soit dans l'aspect visuel ou pratique. Visuel, car niveau finition, le manche est équipé du minimum : un marquage de touche type Dot. Pas de filet le long du manche ou de la tête, tête qui ne fait pas non plus dans le rocambolesque. Pour le confort, tout est là. Le manche n'est ni trop gros, ni trop large, ni même trop fin. Il correspondra parfaitement à n'importe quel guitariste débutant ou d'un niveau n'exigeant pas plus de spécificités.
C'est une guitare très facile à prendre en main. Dès les premières notes on se repère très facilement.



Electronique
Là aussi pas de quoi casser trois pattes à un canard, mais ça vaut quand même le coup pour le prix. Les micros Duncan Design sont depuis longtemps des références en matière de rapport qualité/prix. D'un point de vue son clair, c'est assez basique tout en gardant une petite chaleur et une grosse masse de basses et de mediums. Les positions manche et centrale du sélecteur apportent une palette sonore qui peut très facilement s'adapter à n'importe quel style. Ce n'est malheureusement pas le cas du micro aigu qui, utilisé en son clair, devient bien trop brillant et criard pour être utilisable sur un même réglage d'ampli. Lorsqu'on passe en distorsion, il faut là aussi savoir où l'on va. Si le micro grave est très bon en son clair, il s'avère assez baveux en son saturé. Très difficile à utiliser ! En revanche, rééquilibré avec le micro aigu dans la position centrale ou uniquement sur le micro chevalet, on obtient une très bonne présence prête à assumer des saturations hautes en gain.
Jackson a placé en bas du corps de la D2, à la manière des Les Paul, deux volumes ainsi que deux tonalités pour contrôler les deux micros. J'avoue rester assez dubitatif sur l'utilité d'une tonalité pour le micro grave (qui l'est déjà un poil trop), mais ce problème n'est pas le principal car en bidouillant avec un ampli correct, on arrive toujours à quelque chose. Ceux qui suivent mes tests savent à quel point j'aime tripatouiller les contrôles d'une guitare pour essayer d'en tirer des sons divers et variés. Lorsque j'ai tenté – le sélecteur de la guitare étant alors en position centrale – de réduire par exemple le volume apporté par le micro aigu, il s’est d'abord produit un changement de son un peu brutal rajoutant des aigues et un peu de volume, ensuite plus de changement et finalement en tournant plus loin, j'ai totalement éteint le son. Etrange ! D'autant que, en effectuant la même opération avec le potentiomètre du micro grave, on arrive au même genre de résultat.


Conclusion
Malgré les étrangetés repérées dans l'électronique, la Jackson D2 Mark Morton brille par son rapport qualité/prix. L'ensemble est très polyvalent et conviendra sans aucun doute à un débutant. Cet instrument sera même une excellente première guitare. Si vous êtes un peu bricoleur, un nouveau set de micro et un câblage plus précis feront passer cette guitare largement un cran au-dessus. Petit plus par rapport à pas mal de concurrentes dans la même gamme de prix, Jackson (comme sur l'ensemble de sa production) propose la D2 avec une bonne petite housse.

*Prix public*
537 euros

*Les plus*
Le rapport qualité/prix
Le confort
La polyvalence
Guitare livrée en housse

*Les moins*
Le câblage des contrôles de volume
Micro grave un peu baveux en saturation
Micro aigu trop criard en son clair

*Fiche technique*

Corps : nato
Manche : érable
Touche : palissandre 22 cases
Mécaniques : Jackson à bain d'huile
Chevalet : fixe avec stopbar
Contrôle : sélecteur 3 positions, deux volumes, deux tonalités
Micros : Duncan Design HB-101N (manche), Duncan Design HB-101B Trembucker Spacing (chevalet)
Accessoire : housse
Finitions disponibles : noire et trans-black 

Jackson D2 Dominion