Oui, vous avez tous lu je le sais le test fraîchement paru de l'ampli Ace Colt. Et tout attentif que vous êtes, vous avez remarqué que j'ai enregistré les samples via un bidule nommé OX dont j'ai dit que je parlerais bientôt. Eh ben bientôt, par la magie insondable du temps qui passe, c'est maintenant.

Universal Audio, cela ne devrait pas dire grand-chose à ceux qui ne connaissent de l'univers de l'audio que la guitare. Mais leur pote ingé-son prendra un air goguenard et son ton le plus paternaliste et pédant pour leur expliquer à quel point cette marque fondée par Bill Putnam Sr. Dans les années 50 est iconique et incontournable, et a produit certains compresseurs de studio les plus mythiques qui soient comme le Urei 1176 ou le Teletronix LA2A, ou plus récemment la tranche de console LA610 et le préampli hybride Twin-finity. Ils ont également introduit il y a une dizaine d'années le système de DSP UAD, suivi de la ligne d'interfaces audio Apollo, devenant un incontournable des studios et home-studios un peu fortunés (donc pas moi, snif).

Il a dû apparaître aux concepteurs de chez Universal Audio que beaucoup de guitaristes utilisaient leur matériel, mais que pour enregistrer leurs amplis, ils passaient faute de mieux par du matériel venu d'autres marques. Et là non mais ho, sapristouille, ça va pas être possible là, faut faire quelque chose! 

Et ce quelque chose, c'est le OX Top Box, une loadbox/atténuateur incluant une simulation de baffle numérique.

OX out of the BOX

A la sortie de la boîte, on reconnaît bien la patte du constructeur américain, avec une belle et imposante machine finement construite vêtue de gris métal et de couleurs boisées, qui ne dénotera clairement pas entre le "maquebouque" et le mug de thé à l'hibiscus label bio équitable. Niveau taille, poids autant que tarif, je ne peux m'empêcher de penser au Boss Waza Tube Amp Expander également testé récemment dans ces colonnes, et forcément nous y reviendrons, car ces deux machines ont une vocation assez proche, avec toutefois une approche différente.

Le nombre de contrôles en façade est assez spartiate, un volume pour le line out, un pour la prise casque, un sélecteur à 5 positions pour l'atténuation, un sélecteur de "rigs" (presets) et un niveau de "room" (réverbération d'une pièce, voir plus bas).

A l'arrière, même sobriété, on retrouve les entrées/sorties traditionnelles pour une loadbox avec l'entrée pour la tête d'ampli, la sortie baffle, les line out (TRS symétrique), et également une sortie numérique S/Pdif, ce qui est toujours agréable pour éviter une conversion analogique/numérique inutile entre deux appareils !

Ah, on trouve aussi de la connectique USB... qui, à en croire le manuel, ne sert à... RIEN (???) Les ports permettent vraisemblablement de brancher une clé USB pour mettre à jour le firmware, mais la connectique servant à brancher un câble vers l'ordi est strictement décorative ! Je cite le manuel : "USB Type-B Port (13) and USB Type-A Ports (14) These ports are not functional." Donc, la OX ne peut pas être pilotée en filaire, et ne peut servir d'interface audio. Étrange, mais ils nous préparent peut-être d'autres choses avec un prochain firmware ?

 Humm.... Pourquoi ?

L'OX y gêne ou l'OX y mord ?

Avec l'avidité du testeur à qui l'on prête du matériel haut de gamme, je branche la tête d'ampli dans le OX, la sortie à un baffle, et le S/Pdif à ma carte son. Je commence par tester la fonction atténuateur, la plus simple, qui comporte donc 5 niveaux. 

L'atténuation est généreuse et rendra très utilisable une grosse tête d'ampli dans le salon. Elle occasionne en revanche une nette coloration avec une chute assez drastique des aigus, qu'aucun réglage ne permet de contrebalancer comme sur le Torpedo Reload par exemple, dont le bouton "contour" permet de compenser à loisir les fréquences. Dans cet usage, on prendra donc soin de jongler entre le master de son ampli et le taux d'atténuation pour trouver un équilibre.

Passons maintenant à la partie loadbox avec simulation de HP, avant de rentrer dans les détails je teste rapidement les différents "rigs" d'usine. Comme sur la Waza TAE, chaque rig est un preset comprenant une configuration de HP et de micros, un compresseur, un délai et une reverb. Même architecture, concept quasiment identique, à ceci près qu'on me glisse dans l'oreillette que Universal Audio a fait le choix de simulations algorithmiques plutôt que de faire appel à des IR (lire cet article pour comprendre la différence) afin de permettre à l'utilisateur d'aller à l'essentiel plutôt que de se perdre dans des milliers de réponses impulsionnelles de qualité variable.

Sur ce point, j'avoue être bluffé car le rendu est très naturel, dynamique, je dirais même organique. Je pense pouvoir dire qu'il s'agit des meilleures simulations de HP algorithmiques que j'aie entendues ! Le savoir faire et l'expérience studio des gens de Universal Audio y sont sans doute pour quelque chose... Leur technologie appelée "Dynamic Speaker Modeling" est en effet censée prendre en compte une quantité de paramètres bien supérieure aux algorithmes à l'ancienne, en l'occurrence la compression, la résonance, et la saturation de la membrane en fonction du niveau appliqué. D'où le potentiomètre "speaker breakup" dans l'interface, qui modifie la réactivité du HP comme si on l'attaquait avec un master volume plus ou moins fort. Et je ne saurais dire si c'est "fidèle" ou "réaliste", mais en tout cas, ça sonne et c'est très agréable sous les doigts !

Après avoir installé l'éditeur logiciel pour approfondir les simulations, je regrette un petit peu quand même le choix exclusif du Wi-Fi comme interface avec la machine. Certes, il s'agit du protocole de contrôle sans fil actuellement le plus utilisé en audio live, mais il occasionne des coupures et prive l'utilisateur d'internet pendant qu'il a sa session de réglage ouverte. C'est un détail auquel on s'adapte aisément, mais quand même, si on pouvait se servir de cette caliss de tabarnak de prise USB pour interfacer la OX en filaire, ça serait cool, non ? Surtout dans des installations fixes de studio... et ce n'est pas comme si une telle fonction coûtait cher à implémenter ou sortait des compétences de UA.

L'éditeur lui est très élégant et intuitif, je n'ai rien à y redire. La dotation en baffles/micros est largement suffisante pour couvrir tous les styles de sons, je sais que les aficionados de l'IR se sentiront émasculés par "si peu" de choix, mais il est honnêtement difficile avec ce qu'offre la OX de ne pas trouver chaussure à son pied. A noter que le niveau "room mics" dans l'interface correspond au potentiomètre "room" sur la OX. Ce réglage joue sur la quantité d'ambiance présente dans le son, ambiance étant censée être la reverb du studio 610 de Universal Audio. Encore une fois, niveau réalisme je n'ai jamais mis les pieds là-bas, donc bon, hein... Ça sonne, perso ça me suffit !

Au niveau des effets, la reverb "plate" et le delay proposés sont de styles assez modernes et raviront les progeux/matheux/postrockeux en étant très propres et à la fois très chaleureux. Ils couvriront 90% des besoins, seuls ceux qui cherchent vraiment du grain vintage très marqué seront à la peine. Le compresseur est bien évidemment inspiré d'un classique de la marque (le 1176), et l'EQ fait son job ! A noter, les dits effets peuvent être activés ou désactivés via un footswitch (non fourni) d'au maximum 3 switches que l'on branchera sur la prise idoine à l'arrière de la OX. On pourra se construire des presets via l'interface logicielle pour par exemple, activer simultanément reverb et delay... Dommage par contre qu'on ne puisse pas construire de vrais presets accessibles au pied (il aurait suffi de pouvoir affecter des rigs à chaque switch), voire même qu'on ait une vraie et complète implémentation MIDI qui aurait permis l'intégration aisée du OX dans un rig live.

Extraits Audio : 

Morceau et pistes séparées du morceau: Guitare Lag Rockline Custom- Micros Tom Anderson, Ace Amplification Colt, Universal Audio OX branchée en S/PDIF. Pas d'effets hors de ceux générés par la OX.

Démo Atténuation : Guitare Lag Rockline Custom- Micros Tom Anderson, Peavey Ultra 112 modifié, OX entre Ampli et HP, prise direct et sans traitement avec Shure SM57. Atténuation du OX en position respectivement 5,3 et 2, compensé au master volume de l'ampli.

Conclusion

Une fois n'est pas coutume, je suis donc partagé. Car pour leur première incursion dans le monde de la guitare, Universal Audio reste fidèle à son niveau de qualité dans la fabrication et les rendus sonores, mais aussi dans sa propension à proposer des produits pour un public très ciblé, et à des tarifs élitistes. La OX est belle et sonne d'enfer en studio, mais elle est (de très loin) l'une des deux plus chères machines du marché des loadbox/atténuateurs, à quasi égalité avec la Waza TAE qui propose un équipement beaucoup plus complet avec des sorties XLR, une connectivité USB et MIDI, une interface audio, une fonction reamp...

Bref, la OX est un bon produit, juste trop cher "pour ce que c'est" comme on dit. A 300€ de moins, je lui donnais une toute autre note !

Les Plus

 - Le très beau son des simulations et des effets
 - Simplicité et efficacité
 - Belle qualité de fabrication
 - Interface logicielle très agréable

Les Moins

 - Le prix trop élevé...
 - ... ou les fonctionnalités trop spartiates
 - Le contrôle en WIFI uniquement
 - Atténuateur pas transparent

 

Test Universal Audio OX