Connu autant par sa musique délirante que par ses guitares tout aussi farfelues, Ron Thal a surpris tout le monde lors de la sortie de son troisième modèle signature de la marque Vigier. Que ce soit la guitare en forme de pied (avec des ailes d'abeilles, s'il vous plaît) ou la Cheese guitar, Ron Thal avait jusque-là des guitares plutôt dingues. La Bfoot est donc arrivée comme un cheveu sur la soupe avec ses lignes « sages » d'Excalibur. Mais sous le capot, cette Vigier est probablement la moins standard de toutes.

 

Lutherie et finition
Pour les habitués de la marque, pas la peine de vous faire un dessin. La Vigier Bfoot est d'une lutherie égale à toutes les guitares Vigier. Précision chirurgicale de l'assemblage, action ni trop basse ni trop haute, justesse parfaite... Cet instrument est en tout point ce qu'on peut attendre des guitares Vigier. D'ailleurs, pour ceux qui ne connaîtraient pas la marque, il est assez important de préciser que le manche de la Bumblefoot est tellement confortable, agréable (notamment grâce au vernis satiné) et facile à jouer. A peine prise entre les mains, la guitare « fluidifie » en quelque sorte le jeu d'à peu près n'importe quel guitariste. Le corps en aulne (en deux parties) arborant la forme des modèles Excalibur de la marque est assez agréable une fois l’instrument posé sur les genoux. Le talon est peut-être un peu épais et une petite découpe n'aurait pas fait de mal. Cependant, l'accès aux aiguës est tout de même très agréable.

On remarque, dans la corne inférieure du corps, un trou. Dans celui-ci est inséré un dé à coudre collé au fond par un aimant. Ron Thal utilise cet ustensile « improbable » avec le petit doigt de la main droite, comme une sorte de bottleneck. Pour plus de précisions, je vous conseille d'aller faire un tour du côté de la Masterclass parue dans le Guitare Live n° 48 de janvier 2009. Ron Thal y explique plus précisément comment il utilise ce gadget.
Pour ma part, je ne suis pas vraiment fan de cet accessoire. Il faut probablement développer un jeu à base de tapping pour se servir pleinement du dé à coudre. En bref, une petite spécificité marrante, mais adressée uniquement aux fans de ce genre de « bumblefooterie ».

Autre spécificité de la Bfoot : son vibrato floyd posé sur la table. Le vibrato est installé dans une défonce qui ne lui permet pas d'être tiré. Vous pouvez descendre le vibrato jusqu'où vous voulez, la table faisant office de buté vous empêchera d'aller vers l'arrière. En clair, c'est un vibrato floyd non flottant. Il faut avouer que c'est un peu déconcertant au départ mais au final, grâce à cette spécificité, ainsi qu'à l'excellence du vibrato pivotant sur cage à aiguilles (et non sur roulement à billes), et même en utilisant le floyd comme un bûcheron, on arrive à garder un accordage impeccable !

Les finitions des trois modèles auxquels nous avons eu accès sont très intéressantes :
Modèle standard Cherry burst :
Un burst Cherry flamboyant équipe l'un des deux modèles standard de la Bfoot (l'autre étant une finition naturelle moins sympa, il faut l'avouer). Ce burst à la fois très beau et discret est parfait. Vigier a même poussé le vice jusqu'à faire également ce burst sur le dos de la guitare.

Modèle 2009 noir mat

On tombe déjà dans quelque chose de plus inhabituel, sauf pour Vigier, car c'est une finition que l'on retrouve sur des modèles Expert. Pour l'anecdote, la Bfoot 2009 ne devait paraître qu'en Black Sparkle. C'est en passant à côté d'une Expert que Ron Thal a tenu à ajouter cette finition à la gamme des Signatures Bfoot. Le grain de la guitare est assez spécifique et spécial à jouer. Personnellement, je trouve qu'il donne une sorte de profondeur à l'instrument (voir les photos de « famille »). Le hic est que cette finition supporte plutôt mal les rayures en tout genre. Guitaristes pas soigneux s'abstenir.



Modèle 2009 Sparkle Black
Avec cette finition, on approche vraiment de l'univers de Bumblefoot : délirant mais classe ! Ajoutez à ça la tête assortie et la guitare semble vraiment complète. C'est d'ailleurs ce que je reproche aux modèle standards. La simplicité de l'équipement et de la finition des modèles standards peuvent donner l'impression d'une guitare un peu nue. Le « head matching stock », comprenez « tête assortie », habille de façon admirable la guitare. C'est à mon goût ce qu'il manquait au look de la Bfoot.



Eléctronique

Encore de la simplicité qui cache de l'or ! Apparemment configurée en H-S (micro Single coil et micro Humbucker), la Bfoot est en fait une guitare avec deux humbuckers car le micro manche est un DiMarzio Chopper. Avec la Tone Zone placée au chevalet, on a dans deux des cinq positions (manche et chevalet) un son bien plein et haut en gain. C'est ensuite sur les positions intermédiaires que cela devient très intéressant.

Position 1 : Chevalet micro Chopper
Pas grand chose à dire si ce n'est que les sons clairs comme les saturés sont parfaitement définis.

Position 2 : Chopper + Tone zone en inversion de phase
Selon moi, la position intermédiaire la plus intéressante. Elle colore le son clair et lui donne une sorte d'effet wah-wah. Sur un crunch, c'est tout aussi excellent. L'inversion de phase donne un relief au son très expressif. En revanche, cette position supporte mal les saturations hautes en gain.

Position 3 : Chopper + Tone Zone
Un son plein et une utilisation très polyvalente.

Position 4 :Tone Zone en bobinage simple
Position intéressante en crunch et en rythmique par exemple.

Position 5 : Tone Zone
Gros son garanti.

Petite différence entre le modèle standard et 2009 : l'apparition du Kill Switch. Pour ceux qui l'ignoreraient, le Kill Switch est un interrupteur qui permet de couper le son de la guitare. Comme si on vous mettait le volume à zéro instantanément (écoutez les solos de Tom Morello de Rage Against The Machine par exemple). Le switch est un petit bouton (vraiment petit) qui, lorsqu'il est appuyé, coupe le son. Il rétablit le son une fois relâché. L'idée est bonne et l'utilisation très marrante. Seul petit bémol, le switch est vraiment très petit. Attention, il faut bien viser ! Ce Kill Switch est placé à mi-chemin entre le potentiomètre de volume et le vibrato. C'est facile d'accès et utilisable pendant le jeu (pas besoin de tout lâcher) et il y a peu de risque de l'accrocher pendant un solo endiablé.


Conclusion
On reproche souvent aux Vigier Excalibur d'être trop parfaites. Pas de « frisouille », pas trop massives, manche pas trop gros, pas trop fin non plus, pas de manque de basses, pas trop d'aiguës... La Bfoot amène des « défauts » dans ce monde de perfection. Un vibrato floyd non flottant, des micro hors-phase, trop d'aiguës parfois, un son très massif certaines fois. Ces petites choses offrent à cette guitare un véritable caractère et un véritable relief de son sans pour autant trahir la perfection de fabrication de la marque.

Les plus
+ Les finitions des modèles 2009
+ Le Kill Switch des modèles 2009
+ L'électronique
+ La lutherie

Les moins
- Elle n’est pas à moi...

Prix : 2547 euros pour le modèle standard, 2547 euros pour le modèle série limitée 2009.

Utilisé pour l'enregistrement du test :
Bogner Alchemist 212
Zoom H2
Cubase SX2


Spécificités techniques :
- Manche érable en D, vissé et renforcé par du carbone (90/10)
- Finition : vernis mat, tête assortie pour le modèle 2009
- Type de sillet : sillet bloquant + frette zéro renforcée
- Touche : palissandre
- 24 cases repères : ronds
- Corps : aulne en deux parties
- Marque des mécaniques : Vigier
- Type de chevalet : Floyd Rose pivotant sur des roulements, posé sur la table.
- Attaches courroie sécurisé par un insert pénétrant profondément dans le bois.
- Micros : 1 DiMarzio Chopper et un DiMarzio Tone Zone
- Sélecteur 5 positions :
1 Chopper
2 Chopper + Tone Zone en opposition de phase
3 Chopper + Tone Zone
4 Tone Zone en simple bobinage
5 Tone Zone
- Killswitch pour le modèle 2009
- Contrôles : volume et tonalité
- Poids : 3 kg
- Livrées avec étui
- Accessoires : dés à coudre.
- Lieu de fabrication : France


Site de la marque :
www.vigier.fr
Vigier Bumblefoot Standard et 2009 édition limitée