Startup, nouvelle économie, uberisation, le grande arnaque

Blow Up
On nous présente ça comme des modèles d'avenir, de dynamisme, de prospérité qui portent l'innovation et qui vont améliorer la vie des gens etc...

Mais quand on y regarde de plus près, on est plutôt dans la valorisation à cout terme, la croissance à tout prix (même avec de l'argent et du travail qui n'existent pas vraiment), la concurrence impitoyable et destructrice, et un retour au XIXe siècle, ou la machine à vapeur serait remplacée par les réseaux informatiques.
Pour les startups, avec une boite sur 10 qui réussit (enfin qui est valorisé et bien revendue avant 5 ans) c'est un système a peut près aussi efficace en dépense d'énergie et d'argent qu'un ampli à lampe qui déconne et qui produit plus de chaleur que de son.

Un premier exemple qui va parler aux musiciens, Soundcloud. Sous la façade de départ cool, de gratuité et de service aux musiciens. Il y a une grosse machine à cash, qui n'a pas créé grand chose, puisque que sa matière première ce sont les œuvres misent en ligne par les musiciens (c'est pareil pour Uber, ce qui produit réellement de l'argent, c'est le travail des chauffeurs), mais qui est valorisée à plusieurs millions de $ malgré de grosses pertes, des licenciements, qui a pactisé avec les majors en se faisant passer pour une plateforme indépendante, et qui va certainement fermer cette année à cause de l'avidité de ses créateurs et actionnaires.

http://gonzai.com/qui-a-tue-le(...)loud/
"Macron est de gauche" BluesBarbu le 20/02/2021
Redstein
Oui, c'est le dernier faux-nez de la religion de la croissance dans un monde piégé par sa natalité galopante...
'Human beings. You always manage to find the boring alternative, don't you?'


http://fermons-les-abattoirs.org

- Quand Redstein montre l'abattoir, l'imbécile regarde Redstein - (©Masha)
fab38
  • #4
  • Publié par
    fab38
    le 26 Jul 17, 13:36
Blow Up a écrit :
On nous présente ça comme des modèles d'avenir, de dynamisme, de prospérité qui portent l'innovation et qui vont améliorer la vie des gens etc...


Franchement, quand tu as un peu vécu, tu ne peux plus croire ce genre de trucs. Je crois profondément qu'il n'y a rien qui vaut le coup d'ête présenté comme un modèle d'avenir, de dynamisme, etc...
Je pense qu'il n'y a pas de mal à tenter des trucs, à essayer de nouveaux modes de fonctionnement, à voir où ça peut mener. Mais ce qu'il y a derrière (respect des personnes employées, avenir des bénéfices réalisés, etc...) dépend encore et toujours de la même chose : de l'intégrité morale des personnes qui sont derrière ça, et finalement ce n'est pas bien différent de ce qui se passe partout ailleurs. Un connard arrogant reste un connard arrogant, où qu'il soit.
Blow Up
Le problème, c'est pas les personnes, qu'elles soient intégres ou pas ne va pas changer grand chose au final et sur le long terme, c'est le système qui est nocif à sa base.
"Macron est de gauche" BluesBarbu le 20/02/2021
GuitaristeX
Le système pour Fab c'est l'outil, et ce qu'il y a entre la finalité du produit et l'outil, c'est l'homme.
Ca se défend.

un peu comme " le principal problème en informatique, c'est ce qui se trouve entre la chaise et le clavier ".
Blow Up
Encore une fois le problème ce n'est pas l'idée ou comment elle est exploitée, c'est le mode de financement, qui peut y avoir accès, a qui ça rapporte et comment, et l'influence que ça peut avoir sur le reste de l'économie.
"Macron est de gauche" BluesBarbu le 20/02/2021
fab38
  • #9
  • Publié par
    fab38
    le 26 Jul 17, 15:10
Ce que je veux dire, c'est que n'importe qui peut avoir une bonne idée un jour, et souhaiter ne pas la laisser uniquement à l'état d'idée : je démarche des financeurs pour défendre mon idée (des banques, en général, ou alors un crowdfounding ou autre truc que je ne maîtrise pas), je monte le projet, je dois néessairement gagner des ronds parce que c'est le nerf de la guerre sous peine de ne pas le faire capoter, etc...
Là où ça peut devenir merdique, c'est que dans un monde ultra codifié et législatif comme le notre, tu vas forcément entrer en conflit avec quelqu'un ou quelque chose, et ce d'autant plus que ton idée s'est développée de façon rapide et artisanale (nos supers amis les chauffeurs de taxi n'ont pas été les derniers à réagir).
Là où ça peut devenir carrément merdique, c'est quand celui qui fait ça le fait avec la volonté de détourner les codes habituels du genre dans le seul but de se faire un max de flouze. C'est en ce sens que l'humain est majeur dans cette histoire.

Parce que fondamentalement, faire un pied de nez aux taxis pour répondre à un vrai besoin, c'est plutôt bien vu à la base. Sauf quand c'est fait de façon industrielle et donc paupérisante in fine.

C'est en tous les cas ma façon très basique de voir les choses.
Blow Up
Des idées, tout le monde en a, Blablacar ça existait bien avant sur le mode collaboratif.

Seulement, les gens qui peuvent exploiter leur idée et trouver les financements sont une petite minorité (comme ceux qui pouvaient concevoir ou lever des fonds pour acheter des machines à vapeur au XIXe), c'est bien moins ouvert que le marketing vous nous le faire croire.
Et puis sa pose la question de valeur réelle du modèle, qui produit réellement la richesse et qui investi vraiment ? le boss et les actionnaires millionnaires de blablacar qui avaient les moyens d'exploiter une vieille idée, ou les gens qui ont acheté les voitures et qui les conduisent et les passager qui payent.

En plus ça va totalement a contre courant de l'esprit collaboratif communautaire et open source de l'internet des débuts, le but ce n'est pas de faire du lien, mais du profit. Et ces gros profits qui ne reposent sur pas grand chose, on va les payer très cher un jour (d'ailleurs il y a déjà des gens qui le payent très cher, pendant qu'une minorité parasite se gave)
"Macron est de gauche" BluesBarbu le 20/02/2021
BluesBarbu
Tu es sur un modèle avec actionnaire, grosse levé de fonds ...

Moi non plus Je ne pense pas que l'individu lambda puisse aujourd'hui s'en sortir dans l'économie numérique.

Pour gagner sa vie en 2017 il faut revenir à du job direct et utile dans le bâtiment, les services à la personne, ... et de préférence en province.
Invité
J'ai 2 amis qui sont dans des startup dans l'informatique, j'ai beaucoup de mal avec ce monde, moi qui suis de formation technique et terrain.

J'ai toujours l'impression de parler de choses très abstraites, j'ai du mal à comprendre comment leur boîte gagne de l'argent

La boîte d'un des 2 en est déjà à son 2e coup de chaud, avec vague de licenciement à chaque fois, je crois qu'ils ne sont plus que 5 ou 6...

Bref c'est tout un monde, il y a beaucoup d'argent apparemment, basé sur quoi je ne sais pas.
JulosImac
Dans le numéro 369 de juin d'Alternatives Économiques, j'ai trouvé un article assez éclairant sur une expérience d'une "petite main" dans les start-ups.
Il faut que je lise ce livre, "Bienvenue dans le nouveau monde. Comment j'ai survécu à la coolitude des start-ups", paru chez Premier Parallèle. Son auteur, Mathilde Ramadier a travaillé dans plusieurs de ces boîtes à Berlin.

Citation:
A.E. "Comment qualifieriez-vous le management et l'organisation du travail dans les start-ups ?
M.R. Assez immature et chaotique. Il y a une prétention à faire mieux qu'ailleurs, mais sans expérience. Beaucoup de managers sont très jeunes, n'ont pas d'expérience et très peu d'empathie, ce qui donne lieu parfois à des situations de flicage et d'infantilisation. À force de vouloir rejeter le vieux monde du corporate, s'installe une espèce d'absence de culture sur le management. L'organisation prétendûment horizontale est un leurre, un discours de façade. Les prises de décisions sont concentrées entre quelques personnes. Je n'ai jamais eu l'occasion de jouir des libertés ni de l'autonomie qui m'avaient été présentées lors de l'entretien d'embauche. La hiérarchie est principalement verticale, le CEO est très souvent dans une tour de verre symbolique et/ou manifeste. C'est l'ancien monde de l'entreprise avec des habits neufs.

A.E. Quel est l'impact de ce management sur les conditions de travail ?
M.R. En façade, l'ambiance de travail est très cool : le frigo est rempli, on pense à votre anniversaire… Mais en réalité, le climat est pollué par la compétition. Le fonctionnement des start-ups repose souvent sur des récompenses pour celui ou celle qui effectue les meilleurs résultats. Ce sont des goodies ou autres avantages court-termistes, mais jamais des augmentations de salaire pérennes. J'ai par exemple gagné un bon d'achat de 100 €, alors que j'étais payée 960 € brut pour un quatre-cinquième… Si ce type d'incitations peut en stimuler quelques-uns, à long terme, l'envie de travailler ensemble s'émousse. Plus généralement les conditions de travail en start-ups sont précaires. Le recours aux freelance y est très important, comme avec le statut d'auto-entrepreneur en France, par exemple.

A.E Votre témoignage dénote avec l'image globalement positive des start-ups dans la société, comment l'expliquez-vous ?
M.R. Les discours sur les start-ups sont tenus par les entrepreneurs eux-mêmes, et sont du coup positifs. Cette idéologie qu'ils répandent est pourtant en partie fantasmagorique. Le surnom Licorne donné aux start-ups à succès en témoigne. C'est un animal qui n'a jamais existé mais qui est chargé d'une symbolique positive."
"Musicien"
Intelligence naïve
Au son des instruments
À musique,

À musique de lèvre nue,
Au bout de la terre connue
Et à l'autre bout

La tête perdue,
Les fines mains d'ici
(Paul Éluard)

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fabh
  • fabh
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  • #14
  • Publié par
    fabh
    le 27 Jul 17, 07:23
Blow Up a écrit :
Des idées, tout le monde en a, Blablacar ça existait bien avant sur le mode collaboratif.


Blablacar c'est pas plutôt axé sur les moyens/longs trajets?
Biosmog: "T'es franchement pathétique."
fab38
  • #15
  • Publié par
    fab38
    le 27 Jul 17, 08:17
JulosImac a écrit :
Dans le numéro 369 de juin d'Alternatives Économiques, j'ai trouvé un article assez éclairant sur une expérience d'une "petite main" dans les start-ups.
Il faut que je lise ce livre, "Bienvenue dans le nouveau monde. Comment j'ai survécu à la coolitude des start-ups", paru chez Premier Parallèle. Son auteur, Mathilde Ramadier a travaillé dans plusieurs de ces boîtes à Berlin.


Rien d'étonnant dans les propos de la dame. Mais j'ai aussi l'impression qu'elle se plante un peu dans le discours (en tous ces sur les extraits que tu cites) : si tu veux une situation pérenne, avec des conditions de travail "classiques" (y compris une hiérarchie organisée et formée), postuler dans une start-up est un peu le truc à ne pas faire. Alors juger là-dessus, c'est un peu schizophrène.
De toute façon, j'ai 'impression que le mot "start-up" n'est presque plus utilisé dans le monde professionnel : je constate autour de moi une sorte de rejet de ce terme, car il est en effet très connoté "nouvelles technos + petites équipes + coolitude + résultats plus qu'aléatoires".

Peut-être que Blow Up peut être rassuré pour le coup.

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