Le logo « Parental Advisory – Explicit Content » orne souvent les disques de Slipknot. Désormais il devra également accompagner les interviews de ses membres et en particulier celles de Paul Gray, le bassiste des neuf terribles de l’Iowa ! Visiblement légèrement éméché à l’entame de l’entrevue, il se remémore dans de longs monologues avec des souvenirs tout à fait personnels l’époque de la sortie du premier album de Slipknot… Et pour cause, ce dernier est actuellement réédité dans une version remplie d’intéressants bonus : l’occasion pour tous de se repencher sur la naissance d’un phénomène.

Beaucoup de groupes sortent des rééditions de leurs disques avec uniquement du remplissage et des bonus qui ne servent à rien. La vôtre évite cet écueil…
Paul Gray : Nous étions là à nous demander s’il fallait faire quelque chose pour les dix ans du groupe ou pas. Et puis je me suis rappelé que Slayer avait fait son Decade In Aggression mais ce n’était qu’un album live ! Nous nous sommes dit que ressortir le premier album pouvait être une bonne solution mais ce n’était pas suffisant : il fallait mettre des trucs en plus. L’idée était de présenter des versions de chansons qui n’avaient pas abouti. Il y a donc au moins quatre versions, toutes différentes, de « Spit It Out » là-dessus (rires) ! Nous ne savions pas laquelle nous préférerions en fait… Il y a plein de trucs bizarres. Ensuite vous y trouverez des démos de chansons qui expliquent la genèse de certains titres du disque. Nous avons plein d’autres démos que nous aimerions sortir un jour où l’autre. Avant de signer chez Roadrunner, nous avions fait un disque – Mate Feed Kill Repeat – mais il y a aussi un autre album appelé Crowz où il y a environ dix-sept chansons. Certains riffs de guitare ont été utilisés dans d’autres chansons de Slipknot. Par exemple le riff d’introduction sur « Before I Forget » figurait sur un titre de Crowz, « Carve ». C’est bizarre car tout ça est vieux de quinze ans (rires). Je ne pense pas qu’on sortira Crowz avant au moins cinq ans, par contre. Et puis, bien entendu, il y a le DVD de Shawn qui montre à peu près ce à quoi ça ressemblait de faire partie du groupe à ce moment-là !

Celui-ci montre certains actes qui étaient à peu près aussi chaotiques que votre musique !
Paul Gray : Oui, c’est vrai (rires) ! Tu as pu voir le DVD ?

Tout à fait. Je m’en remets doucement…

Paul Gray : (rires) Alors tu as donc dû voir un mec se faire tirer dessus pour 50 dollars ? Franchement ça ne vaut pas 50 dollars ! Moi j’aurais au moins demandé 200 (rires) ! En plus c’était en Allemagne et avec les taux de change il n’a dû avoir que 30 dollars au final (rires). Heureusement qu’il n’était pas en Angleterre sinon il aurait du se contenter de 20 dollars ! Il y a pas mal de trucs que nous n’avons pas mis dans le documentaire car c’était trop extrême pour être diffusé ! Mais je vais quand même vous raconter quelques trucs. La salle que vous voyez en Allemagne est celle de Hambourg. La raison pour laquelle nous sommes tous dehors alors que c’est l’après midi est que nos loges étaient fermées de l’intérieur ! Mais on attendait des gémissements comme si des nanas étaient en train de baiser. Nous sommes allés attendre en bas quand tout à coup une nana gigantesque ressemblant à Brigitte Nielsen et fringuée comme dans les années 80 vient nous voir ! Elle fume un cigare et porte une robe et elle est suivie d’un putain de dogue allemand d’au moins soixante kilos avec du scotch sur les pattes. Elle baisait le chien dans notre loge ! Notre tour manager a du aller les engueuler comme pas possible. Comment est-ce que nous pouvions aller nous relaxer avant le concert alors qu’un putain de film zoophile avait été tourné dans notre loge ? C’est Fido qui baise une meuf (rires) ! Peut-être que c’était le John Holmes du porno canin ?! Du coup, nous avons dû enlever ce passage du DVD. Je ne pense pas que les gens aimeront vraiment se pencher sur ce truc… Moi-même je n’aime pas trop y penser.

Un autre truc est ce qui est arrivé un jour à notre pote Satone qui voulait aussi gagner un peu de fric. On a commencé à verser de la bière, du champagne, plein d’alcool, sauce piquante, de la moutarde et du ketchup et, pour corser le tout, de la pisse et un peu de sperme dans un gros bol à mélange. Pour 100 dollars, Satone devait le boire et ne pas le vomir avant dix minutes. Il a fini par tout vomir et ravaler une seconde fois pour 500 dollars ! En tout cas si Satone me lit, tu es le mec le plus dingue que je connaisse ! Jamais je ne boirai mon propre vomi mélangé à du sperme, de la vodka et de la sauce piquante pour 500 dollars. Tout cela ne nous a pas empêché de jouer un putain de bon concert. Tout notre passage en Allemagne était vraiment bizarre. Le reste du DVD est assez traditionnel – bien que tout ce que je vous ai décrit n’y figure pas – et nous voulions surtout montrer nos fans dans différents endroits du monde.

Parlons musique un peu (rires). En réécoutant l’album, je me suis demandé si le groupe bosserait de nouveau avec le producteur de l’époque Ross Robinson. Ça te botterait, à titre personnel ?
Paul Gray : Bien sûr ! A cause de Ross nous avons été affiliés à la scène néo metal. Je suis d’accord que nous avions quelques éléments de néo metal dans notre musique mais ça n’était pas tout. Je pense que nous sommes arrivés à un moment de transition. Nous étions le groupe innovant qui possédait tout de même quelques éléments communs à la scène néo. Toutefois, Ross en tant que producteur était absolument génial. Il nous poussait totalement à bout, physiquement et mentalement, pour obtenir la meilleure prestation possible de chacun de nous. Je me rappelle qu’il lançait des objets sur Joey pendant qu’il était en train de jouer. Il esquivait des plantes (rires) ! Au bout du compte, l’album sonnait putain de bien et ne ressemblait à rien d’autre de ce qu’il se faisait.


Un mot également sur le petit dernier, All Hope Is Gone, qui a vu le jour il y a un peu plus d’un an. J’ai l’impression que tous les membres du groupe ne l’aiment pas de la même façon. Certains ne semblent même pas trop l’apprécier. Quel est ton avis sur son contenu avec le recul actuel ?

Paul Gray : J’aime toujours ce disque. Je l’ai toujours dit. Musicalement, il est réussi. Certains passages sur All Hope Is Gone montrent à quel point l’industrie musicale va de travers. Certains morceaux ou riffs existaient déjà quand je cherchais un label au début des années 90 avec un autre groupe et personne n’en voulait. Maintenant… Attends, je viens de faire tomber ma cigarette dans mon lit et je ne la trouve plus… (il pose le téléphone, s’agite et revient dix secondes plus tard) Je ne voulais pas brûler le lit (rires) ! Je disais que le riff d’intro sur le disque date de 1990. A l’époque personne n’aimait et maintenant tous les mecs dans les maisons de disques me disent que ça tue et qu’il n’y a pas mieux. Va comprendre ! Ça date de vingt ans, bordel ! Enfin mieux vaut tard que jamais… En fait sur chacun de nos disques il y a des riffs datant de nos groupes pré-Slipknot. C’est une sorte de signature que nous avons là. Et nous adorons entendre les réactions sur ces passages-là en particulier. C’est toujours très instructif. En tout cas, je suis toujours fan de All Hope Is Gone. Je sais que certains gars n’ont pas été contents de la manière dont il a été créé. Je comprends leur point de vue mais je ne le partage pas complètement… Je le mets côte à côte avec Iowa car ils sont vraiment ultra heavy.


Slipknot – Slipknot (réédition pour le dixième anniversaire)
Roadrunner
www.slipknot1.com 
Slipknot « Parental Advisory – Explicit Content »