Après Kiss et Slipknot, le metal connaît depuis 2010 un enthousiasme débordant pour un nouvel acteur masqué, Ghost. Il faut dire qu’à une époque où la notion de vie privée se galvaude, préserver son anonymat relève d’un luxe appréciable. Et les Suédois ont pour le moment réussi à maintenir le mystère autour de leurs identités. Si des noms circulent, personne ne sait véritablement qui se cache derrière le sobriquet Papa Emeritus et les cinq Nameless Ghouls. Avant d’en apprendre un peu plus d’ici quelques semaines avec une interview du guitariste, représenté par le symbole alchimique du feu, on dissèque leur troisième album intitulé Meliora.

L’évangélisation par la messe noire, voilà qui pourrait être le crédo de Ghost. Avec un live show spectaculaire et des costumes en perpétuel renouveau qui se combinent à une imagerie très black metal et des paroles sinistres, le groupe nordique a les caractéristiques d’un combo extrême. Toutefois, sa musique est légère, parfois même acidulée. Elle flirte plus près des limites de la pop que de celles du death. He Is, intriguant morceau qui joue le rôle de la césure sur Meliora, et ses mélodies acoustiques en sont l’exemple le plus flagrant. Seule l’atmosphère générale et les claviers ramènent cette chanson diablement accrocheuse au royaume du metal.

Cela ne fera pas oublier que Ghost sait aussi utiliser ses guitares pour riffer et utiliser une approche plus directe. Les ouvertures de Mummy Dust et d’Absolution ou les passages heavy de From the Pinnacle to the Pit n’ont pas grand chose à envier à Black Sabbath dans le genre gonzo satanique. Majesty rappelle Deep Purple par sa jolie intro à l’orgue. Mais, peu importe où Ghost va chercher ses influences, tôt ou tard il retombe dans un rock à sa sauce, léché, propre et mélodique. En Amérique, où le groupe est connu sous le nom de Ghost B.C., le public raffole de ses trouvailles uniques.

Papa Emeritus III au chant est sans doute le fer de lance de la formation suédoise. Il n’est pas désagréable à l’oreille mais sa tessiture est tout aussi limitée que monotone. En dehors des refrains, c’est donc par le biais des guitares et des claviers qu’on sent le dynamisme de Meliora. Spirit en première piste donne le ton. Les fantômes venus du froid, potes de Dave Grohl, se lâchent sur un morceau où quelques relents space rock se font entendre. Leur guitariste parle depuis longtemps de son admiration personnelle pour Pink Floyd. On retrouve pour la première fois cette envie progressive dans un de leurs albums.

Ces petites touches de nouveautés sont le principal intérêt qu’on trouve ici. En effet, Ghost commence à montrer sinon des signes de relâche tout du moins quelques tendances à tourner en rond. Si le groupe ne réinventait pas par sa musique, on peut facilement imaginer qu’il se renouvelle par sa représentation : et si le quatrième album était celui où les masques tombaient ? En attendant d’avoir la réponse à cette question, on pourra profiter de Meliora et de son hard rock à l’ancienne où soufflent de nombreuses bourrasques glaciales.

Line-up :
Papa Emeritus III (chant)
5 Nameless Ghouls (instruments)

Discographie :
Opus Eponymous (2010)
Infestissumam (2013)
Meliora (2015)

Tracklist de Meliora (en gras les morceaux essentiels) :
1.    Spirit      5:15
2.    From the Pinnacle to the Pit      4:02
3.    Cirice      6:02
4.    Spöksonat      0:56
5.    He Is      4:13
6.    Mummy Dust      4:07
7.    Majesty      5:24
8.    Devil's Church      1:06
9.    Absolution      4:50
10.    Deus in Absentia      5:37

Ghost - Meliora
Republic
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Ghost - Meliora