Vous allez voir avec moi qu'ils ont quelque chose d'attachant ces Foolproof Chameleons. C'est ce quelque chose d'attachant qui m'a donné envie de leur filer un petit coup de pouce avec cette interview, même si les propos sont mal assurés par moments (pas facile de présenter son groupe, hein !). A notre époque où tout va très vite, on fait, on défait sans réfléchir, eux, aussi jeunes soient-ils, prennent leur temps. Le temps de monter un vrai projet, un vrai groupe, le temps de composer. Et plutôt que de sortir absolument un clip, parce qu'il le FAUT pour être présent sur Youtube, ils prennent leur temps afin de proposer quelque chose d'abouti et non un « truc ni fait ni à faire » comme on en voit trop souvent, histoire de… Ils veulent également prendre le temps d'une résidence pour affiner leur jeu de scène. Primordial, ils ont raison ! En attendant, on peut écouter Time to Shine, 5 titres aux influences aussi variées que chacune des personnalités des membres de Foolproof Chameleons, alliant funk, pop et rock avec de belles harmonies punchy et bien menées. La voix particulière de Thomas intrigue, elle porte en elle de l'électricité à l'image de leur cover, jusqu'à nous imprégner de son univers. Allez, comme eux, on prend le temps d'écouter leur EP en attendant leur clip, et on les encourage !

Fondé en 2010, The Foolproof Chameleons prend son temps pour faire les choses bien ! Racontez-nous votre histoire, quelle est la genèse du groupe ?  
Thomas (chanteur, guitariste lead) : C’est une histoire adolescente. Nous nous sommes donné l’occasion de jouer pour un bal de fin de lycée. Samuel et moi nous connaissions depuis la maternelle mais véritablement amis depuis la primaire. Nous jouions quand nous étions au lycée, généralement le mercredi après les cours. Nous avons rencontré Billy en terminale et Hugo pour le fameux bal de promo. Les « superbock » qu’on s’appelait !    
Samuel (guitariste) : On prend notre temps, c’est sûr. Je pense qu’on a eu deux phases depuis 2010, une première où on n’avançait pas aussi vite qu’on le voulait parce qu’on avait souvent des changements de line up. Après l’arrivé définitive de Billy (Bassiste), on s’est vraiment regroupés sur des objectifs communs et là, le groupe est rentré dans la deuxième phase.    
Ce qui compte le plus dans ce groupe, c’est qu’on est avant tout des amis de longue date, on joue pour se faire plaisir, mais aussi pour faire plaisir à l’autre.
Billy (bassiste) : C’est vrai qu’on avance doucement, mais sûrement. Pour le moment, aucun de nos projets ne m’a déçu et le fait qu’on ait pris notre temps y est certainement pour quelque chose. J’ai intégré le groupe après les débuts de Sam, Thomas et Hugo. Par la suite au poste de bassiste, il y a eu pas mal de changements, mais une fois que l’on s’est posés ensemble, on a pu travailler efficacement en se faisant vraiment plaisir, et on n’est pas près de s’arrêter !  
Hugo (batteur) : Au départ, on jouait un peu les uns avec les autres, sans vraiment penser à créer quelque chose de durable. Puis un jour, avec Thomas et Samuel, on s'est dit que ça serait sympa de travailler sur un projet commun, imaginer une musique qui nous ressemble. De là est né le groupe. Ensuite, comme le dit Samuel, le groupe a eu plusieurs phases. Pour la première, on se retrouvait pour jouer de la musique entre amis, sans vraie prétention, pour s'amuser. Les projets et les études de chacun ne nous permettaient pas de faire beaucoup de live et d'avancer concrètement. Et depuis l'arrivée définitive de Billy à la basse (il nous avait déjà dépannés pendant quelques temps), le groupe a trouvé son second souffle, a gagné en ambition et a essayé de se donner les moyens de réussir. On a légèrement changé notre façon de travailler, sur notre image notamment (on en est qu'au début, bien sûr) ! 

Le mieux, c’est de l’écouter, on est tous d’accord, mais avec quels mots définiriez-vous votre musique ? Quelles sont vos influences à chacun ?
Billy : C’est un peu comme un « cadavre exquis musical ». On a tous des influences majeures différentes. Perso, j’écoute principalement de l’électro en tous genres (de GRiZ à Birdy Nam Nam en passant par Bonobo par exemple). Depuis plusieurs années, Hugo est beaucoup plus calé en métal progressif (Dream Theater) et jazz-funk (Snarky Puppy, Lettuce). Thomas et Sam partagent une bonne connaissance de la chanson française. Mais ce qui nous réunit tous sont les groupes de classic rock. On arrive toujours, je pense, à faire ressortir nos identités propres dans nos morceaux qui, du coup, n’appartiennent jamais réellement aux styles de prédilection de chacun.    
Sam : Comme pas mal de groupes de notre génération, je pense qu’avec l’explosion de l’accès à la musique, on a des influences très diversifiées, que ce soit en termes de style ou d’époque.      
Après, ça marche pas mal par duos pour les influences. Par exemple Hugo et Billy ont des influences métal (Dream Theater, System Of A Down), tandis que Thomas et Samuel ont des influences de chanson française et pop (Alain Souchon, Louise Attaque). Billy et Samuel ont l’habitude de parler d’électro pendant l’installation du matos en répet (Disclosure, Griz), tandis que Thomas et Hugo peuvent parler de Jazz (Snarky Puppy).   Mais s’il y a vraiment des choses sur lesquelles on se rejoint tous les quatre, c’est le Rock des seventies (Led Zep, Deep Purple, Pink Floyd, Stones) et le Jazz Fusion (The Head Hunters).    
Hugo : Les influences diverses de chacun sont la force du groupe, je pense. On a tous un style de jeu un peu différent, des goûts variés. Il a fallu apprendre à travailler comme ça, mais au final on se rejoint sur pas mal de choses. Ça crée une dynamique. Par exemple, moi qui suis plutôt adepte de la musique instrumentale, j'écris pas mal de paroles. Ça peut paraître paradoxal, mais l'osmose du groupe fait qu'on se découvre un peu, qu'on explore des aspects de notre instrument ou de notre musique que l'on ne suspectait pas.    
Thomas : La musique qui me représente le plus dans l’EP c’est « Mind shaker ». J’ai une mauvaise mémoire des paroles chantées. La musique est plus forte que le texte pour moi ; j’aimerais résoudre cela… enfin bon, j’aime bien jouer sur des variations, changer le rythme, utiliser beaucoup de reverb et de delay

Qui fait quoi ? Comment s’organise votre travail de compo et de répet ?       
Billy : Samuel dirige en général les répétitions, il a une bonne mémoire pour ce qui est des compos en cours, et est probablement le plus au fait de ce qu’on doit travailler pour améliorer nos morceaux. Pour la compo, on s’y met tous ensemble, soit en partant d’une jam ou d’une mélodie proposée par l’un des membres, soit en partant d’une suite, d’un arrangement, d’une structure que l’un de nous aura proposé. On suggère des variations les uns aux autres et on se retrouve avec des morceaux dont chacun est satisfait car on y prend tous une part assez importante.      
Sam : Là encore, ça évolue pas mal avec le temps. Depuis peu, on compose vraiment à quatre. C’est lent, mais on en ressort tous assez satisfaits avec la conscience d’avoir contribué à part égale à la genèse des compositions. On tâtonne, on discute, on rejoue, et après quelques temps, ça donne un morceau abouti. Après, la scène est toujours le moment idéal pour tester les compositions et les retravailler pour se sentir complètement satisfaits du rendu.  
Hugo : On a des personnalités assez différentes. Il y en a qui sont plus sérieux, plus travailleurs, et d'autres qui ont tendance à être plus dissipés, chacun saura se reconnaitre... Mais au final, on arrive toujours à trouver un équilibre entre travail et détente. Et puis notre façon de travailler a pas mal évolué. Pour exemple, on a un morceau que l'on joue depuis le tout début du groupe. Il a été laissé de côté pendant pas mal de temps. Un jour, on s'est remis dessus, on l’a redécouvert et on l'a un peu réinventé. Thomas : Je n’aime pas l’autorité dans la musique, mais pour celle qu’on fait, il en faut. Je dirais que Samuel et Hugo ont de l’autorité. J’admire Billy pour s’accorder avec eux. Moi, je dois encore apprendre à jouer en groupe. Je prends de plus en plus plaisir à jouer avec eux. J’aime composer, mais la mise en commun est un travail en soi. Les répétitions nous permettent à moi et à Sam de proposer nos compositions. Billy s’y est déjà essayé et nous avons encore à produire dans ce sens-là, notamment avec l’intégration de sons plus modernes qu’une machine pourrait produire.

Où et dans quelles conditions a été enregistré l’EP; avec qui ?    
L’EP a été enregistré à Guérard dans le Squat Studio par Yohann François dans la campagne Seine et Marnaise. C’est un ingé-son super connu des groupes de chez nous (Soulfakers, Crossroads, Les Boucaniers, Apple Blue). Il fait vraiment un travail d’une grande qualité et comprend très vite ce que veulent les musiciens. On l'a enregistré en 2015, juste avant l'été.

Côté guitares, amplis, effets, quel matériel a été utilisé ?   
Thomas : Pour ma part j’utilise un Vox à lampes, bien chaleureux, qui nécessiterait une petite révision car il a perdu sa reverb. En pédales, j’utilise simplement une delay et de la disto, et récemment une C9 Organ Machine de chez Electro-Harmonix, qui est tout simplement merveilleuse !  
Billy : Pour la basse, j’utilise un combo ampli + tête d'ampli Mark Bass  avec une Ibanez 5 cordes SR 605. Pour les effets, j’ai une Cry Baby Dunlop, une Bassballs et une Freeze de chez Electro Harmonix, et enfin une basa enveloppe filtre de chez MXR. Mais quelques changements dans les effets ne devraient pas tarder.  
Sam : J'utilise deux guitares : une Telecaster et une Epiphone 1/4 de caisse. Les effets sont apportés par une pédale Wah Wah (Dunlop 535Q), une overdrive (OCD Fulltone MKII), un compresseur (MXR Dynacomp) et pour le delay, la classique DD7 de Boss. Le tout va dans un ampli à lampes Fender Deluxe.

Quels sont les actus et projets ? La première chose est la préparation d’un clip, non ?   
Oui on pense depuis un moment déjà que c’est l’étape suivante la plus logique. On a parlé de quelques idées, mais aucun concept concret pour le moment. On prépare également de nouvelles compositions en vue du prochain EP et pour proposer un set assez frais et neuf au public.

Jusque-là, avez-vous été conseillés, dirigés d’un point de vue artistique ?     
On n’a pas eu cette chance, malgré une tentative auprès du réseau Pince Oreilles qui n’a pas abouti. Et puis jusqu'à maintenant, on ne pouvait pas se permettre de dépenser pour profiter d'un coaching, mais on est en train de prévoir le budget pour. Les organisateurs ou autres groupes avec qui on joue nous ont pas mal guidés avec des critiques assez constructives, et je pense qu’on s’améliore petit à petit avec cela. Après, c'est sûr, on n’avance pas au rythme que l'on voudrait, mais on a une motivation en béton et on y arrivera !

Comment abordez-vous les nombreuses démarches qui incombent aux groupes indépendants aujourd’hui ? Là aussi, êtes-vous aidés et soutenus ?     
Sam : C’est évidemment complexe, on a commencé le groupe quand on se lançait dans les études. Aujourd’hui, certains les ont terminées, d’autres y sont encore, mais chacun trouve toujours le temps de consacrer son temps et son énergie à cette passion qui nous unit. Beaucoup de nos amis ont arrêté de jouer de la musique. On est conscients de la chance que l’on a de pouvoir continuer, mais ce sont aussi des sacrifices. Là non plus, on n’a pas été soutenus ni aidés, mais en ce moment, on est à la recherche d’une résidence.    
Hugo : On apprend au fur et à mesure. Il y a une vraie solidarité entre les groupes de la région de Coulommiers. On a tous des petits conseils à donner aux autres et à recevoir. Je pense que c'est propre à notre âge, on apprend à faire toutes les démarches. Au départ, ça impressionne, mais il faut bien y passer et ça ne représente qu'une petite facette d'un groupe de musique. C'est vrai que l'on gagnerait à être soutenus, ça permettrait de se concentrer sur d'autres choses plus importantes pour nous.

De qui, de quoi auriez-vous besoin en priorité pour le bon développement du groupe ?    
Une résidence pour améliorer notre jeu scénique serait, je pense, le plus important pour développer note jeu. On sait que c'est un peu le point faible du groupe. On a notre personnalité, donc on ne veut pas nous réinventer, mais juste être plus à l'aise sur scène, partager un peu plus avec le public. On doit aussi travailler sur le développement de notre communication, notre identité visuelle, notre univers. C'est en bonne voie, mais ce serait bien d'avoir des avis extérieurs pour nous aider à avancer. Et puis la communication passe pas mal par le clip que l'on prépare, c'est pour ça que l'on veut prendre notre temps pour faire quelque chose de bien.

Pas de question, la voie est libre pour dire ce que vous voulez !   
Sam : Éteignez la télé, allez voir des artistes au maximum.  
Hugo : On ne mesure pas assez l'importance de la culture. Lisez, écoutez de la musique, sortez voir un concert, un film ou une expo. Il faudrait que chacun se donne les moyens de vivre ses rêves, de créer, de toujours être passionné. C'est peut être ça (entre autres), la clé du bonheur.  
Thomas : J’aime mes amis ! Je les aime beaucoup !!!!   

Dates de concerts (après le 15 novembre) :
Pour l'instant, aucun concert de prévu. On préfère hiberner pour renouveler notre set-list et préparer notre prochain EP.

Liens Internet :  
www.facebook.com/thefoolproofchameleons   
https://soundcloud.com/thefoolproofchameleons   
https://thefoolproofchameleons.bandcamp.com/releases 
www.youtube.com/user/foolproofchameleoons

Cette rubrique est aussi la vôtre, alors n'hésitez pas à envoyer vos productions pour être interviewé par Maritta Calvez à maritta[a]guitariste.com (remplacez le [a] par @).

[Scène Ouverte] The Foolproof Chameleons - Time to Shine