Opération Corbier réussie ! Vous étiez nombreux à le réclamer sur le forum… Guitariste.com a rencontré pour vous le guitariste du défunt Club Dorothée des années 80. Laissez tomber Goldorak et les chansons pour mouflets. François Corbier est revenu à ses premières amours : le cabaret et l'humour qui décape. Ouvrez le rideau, c'est parti.

Guitariste : Certains t'ont sacrément réclamé sur notre forum…

François Corbier : Ca fait vraiment plaisir. On me demande souvent des nouvelles grâce à internet. Certains m'écrivent pour savoir absolument tout sur moi, c'est fou ! Parfois, il arrive que des gens veuillent faire une interview pour leur site perso. Mais quand on me pose à froid des questions nulles du genre "T'as des nouvelles de Dorothée ?", ça me gonfle. Alors pour ceux qui veulent absolument tout savoir sur ma vie, j'ai créé une section Yponomeute sur mon site. Yponomeute, c'est le nom d'un insecte (une chenille) qui étouffe les arbres avec sa toile à force de tourner autour !

Guitariste : Le public t'a découvert il y a vingt ans grâce à la TV et les émissions de Dorothée. Que s'est-il passé depuis ?

François Corbier : J'ai enregistré un album "Carnet mondain" et ensuite un album live enregistré en cabaret ("Toi, ma guitare et moi"). Son premier titre "La galère, Capitaine" est d'inspiration blues, en picking. Je te recommande d'écouter la version longue qui fait huit minutes. Dans cette chanson, je parle de Jacky, des Musclés qui accompagnaient Dorothée, de toute cette période. Ce n'est pas un règlement de compte. Je me moque juste de moi à travers ce qui s'est passé avec tous les autres, et de mes mésaventures avec le show-biz.

Guitariste : Faire des chansons pour les mômes ne t'intéressait plus ?

François Corbier : C'est arrivé complètement par accident ! Avant la télé, j'étais chansonnier, je jouais dans les cabarets avec un répertoire pour adulte. Mon numéro durait une trentaine de minutes, avec des chansons flash d'une dizaine de secondes, selon un principe inventé notamment par Claude Serra (le père d'Eric). Avec des textes humoristiques, très courts. J'avais une chanson "Plante un jardin" assez tendre, et qui a plu à quelqu'un. Et c'est la télé qui est venu me chercher en 1982. On m'a donné le choix entre rester en cabaret avec un petit cachet et gagner ma vie normalement. Peu de gens auraient hésité. Alors je suis parti faire le crétin à la télé (rires).

Guitariste : Tu composais toutes tes chansons ?

François Corbier : Oui. J'évitais les grossièretés, mais je glissais quelques fois des calembours que seuls les parents pouvaient détecter. Quant à savoir si mes chansons pour enfants étaient bonnes, j'en sais rien. Il fallait que j'en fasse une par semaine. C'était dur car je devais écrire le texte, trouver de nouvelles harmonies.

Guitariste : Pas de concert ?

François Corbier : Aucun ! J'étais comédien à coté de Dorothée, pas son musicien. Pourtant, les gens me voyaient tellement à la télévision qu'ils étaient sûrs de m'avoir vu sur scène. Des tas de gens me disent encore aujourd'hui qu'ils m'ont vu en concert à Bercy ou ailleurs avec Dorothée. Je ne leur dis pas non, je n'aime pas décevoir.

Guitariste : Pourquoi as-tu arrêté ?

François Corbier : L'image de Dorothée s'est doucement dégradée lorsque l'équipe est partie de France 2 pour rejoindre TF1 en 1987. On nous voyait trop, et les critiques ont commencé à fuser d'un peu partout. La presse a cassé du sucre sur le dos de Dorothée, alors que c'était la maison AB Productions qui était aux commandes. L'ambiance m'a déplu, je suis parti en 1997.

Guitariste : Tu as repris désormais le cabaret. Quel est ton matériel sur scène ?

François Corbier : Je m'accompagne seul sur des guitares folk, avec des cordes en acier. J'ai trois modèles : une Adamas, une Aria et la Silent Guitar de Yamaha. Je joue avec des accordages en open-tuning (standard, Mi et Sol). Pour avoir un son similaire quelle que soit la guitare, j'utilise une pédale AG Stomp de Yamaha.

Guitariste : Tu es content de la Silent Guitar ?

François Corbier : Très content. Tu peux travailler chez toi en écoutant la guitare au casque ou même devant la télé puisque ça ne fait pas de bruit. Les micros sont excellents. Branché dans une table de mixage, le son est droit. Je m'en sers sur scène. En plus, comme il n'y a pas de corps, tu peux même passer la main à travers pour te gratter.

Guitariste : Ton site et la lettre "Le petit Corbinou" publient tes états d'âme sur un ton drôle et sarcastique…Qu'est-ce qui t'agace par exemple ?

François Corbier : J'ai entendu récemment une reprise d'un standard de jazz. Une phrase qui revient tout le temps dit en anglais 'ça balance' ou quelque chose comme ça. C'est un truc de Dance, et les musiciens ont mis un son de gros caisse électronique…et là ça ne balance plus du tout ! Au lieu d'une batterie, j'entends des coups de marteau en train de clouer les pieds de la chanteuse. Aucun swing…et tu l'entends à la radio en permanence !

Guitariste : Tu as reçois beaucoup d'e-mails de la part du public ?

François Corbier : Oui. Avec pas mal de gars qui m'incitent à aller voir leur site. Une bonne partie d'entre eux écoutent du rock ou du hard et veulent me faire écouter leurs morceaux. Ils sont vraiment adorables dans leur messages, mais j'ose pas trop aller sur leurs sites…même si leur musique me troue le fion, j'ai pas envie de les critiquer ! J'allume l'ordinateur quatre ou cinq fois par jour. Je ne fais pas de musique dessus. Je ne vais même pas chercher des gonzesses à poil sur internet, ça ne m'intéresse pas.

Guitariste : Sur ton site, tu dis ne pas aimer être considéré comme un artiste ?

François Corbier : Non. Car pour 98% des gens, les artistes sont ceux qui passent à la télé sous les paillettes et les projecteurs. Je ne veux pas être assimilé aux gens qui font Star Academy. Tant mieux pour eux si ça marche, mais je ne leur ressemble pas.

Pour en savoir plus

Le site de François Corbier :
http://www.francoiscorbier.com

Vous y trouverez des infos et interviews sur Corbier, et des critiques sur son répertoire populaire inspiré de Renaud, Brassens, parmi d'autres.

 

François Corbier