Rickey Medlocke avait fait un passage éclair au sein de Lynyrd Skynyrd à la fin des années 70 avant de connaître le succès grâce à Blackfoot. En 1997, Medlocke revient au sein de Skynyrd pour Twenty et depuis il constitue l’une des principales forces créatives de nos rednecks préférés. Sur God & Guns, son talent éclabousse des compositions souvent inspirées qui font oublier les précédents opus et nous renvoient directement au temps de la sortie de Street Survivors, dernier grand cru du gang aujourd’hui mené par Johnny Van Zant …

Il y a douze chansons sur God & Guns et on dirait qu’une attention particulière a été portée sur le fait de les faire aller dans des directions bien distinctes, que ce soit avec les paroles ou avec la musique…
Rickey Medlocke : Nous avons mis beaucoup d’efforts dans les compositions pour réaliser un disque de qualité. Je suis donc d’accord avec toi : il y a quelque chose pour tout le monde sur ce disque. Comme dans nos vieux albums. Il y a du heavy rock, du rock, de la country, de la pop, du blues, etc. Nous pouvions compter sur un très bon producteur, Bob Marlette, qui avait fait ses preuves avec des gens comme Ozzy Osbourne, Shinedown et Black Sabbath. Bob nous a confié qu’un des ses buts dans la vie était de produire un de nos albums. Nous avons rencontré Bob par l’intermédiaire de John 5 qui a aussi bossé sur le disque. John a écrit avec nous. Beaucoup de gens trouvaient que Lynyrd Skynyrd et John 5 formaient une drôle d’équipe… Au final, John s’est révélé avoir pas mal de points communs avec nous ! Il a été élevé en regardant Hee Haw dans le Nebraska (rires) ! Il est donc différent de nous sans l’être. De plus, quand il a commencé à nous jouer de la gratte il nous a ébloui par sa classe ! Son solo sur « Skynyrd Nation » est tout simplement hallucinant ! Il joue quelques plans par-ci par-là sur le disque mais il nous a principalement aidés par sa science de la composition.

« Floyd », la chanson sur laquelle vous invitez Rob Zombie, est un titre très particulier avec une ambiance de « storyteller » très forte. Comment en êtes-vous arrivés à un morceau pareil qui est par ailleurs très réussi ?
Rickey Medlocke : C’est en fait le tout premier titre écrit avec John 5. Tout est parti d’un riff que John avait en tête puis Gary et moi avons graduellement rajouté des nuances pour affiner le style. Les paroles, que l’on sentait très narratives comme tu dis, sont venues très facilement. Bob nous a expliqué, après avoir fait une démo de cette chanson, que Rob Zombie voulait chanter sur ce titre car il pensait le mettre sur la bande-son de son nouveau film Halloween. Au final, la voilà sur l’album avec Rob et Johnny qui la chantent en duo !

Dans un tout autre registre, « Skynyrd Nation », un peu pompeuse et facile peut-être, semble avoir été écrite pour la scène !
Rickey Medlocke : Ce titre donne l’occasion à Johnny et moi-même de chanter ensemble. Nous nous y échangeons les lignes de chant. Juste après la mort de Billy Powell, un fan nous a dit qu’il espérait que la nation Skynyrd pourrait tout de même continuer à exister. Ça sonnait bien comme concept ! Nous en avons parlé et nous avons commencé à écrire un titre fondé sur cette idée. Nous nous sommes basés sur des mélodies proposées par Bob et John et voilà ! Je pense que nous allons jouer ce titre en ouverture de nos concerts. Nous l’avons déjà essayée et ça marche du tonnerre !

Enfin, le dernier titre de l’album montre encore une facette de votre style en rendant très joliment hommage à Billy Powell avec « Gifted Hands »…

Rickey Medlocke : C’est le dernier morceau composé pour God & Guns. Il a été écrit comme par magie. Garty, Johnny et moi venions de prendre un café et nous étions dans la voiture. Nous avons commencé à écrire une chanson sur laquelle Johnny pourrait magnifiquement s’exprimer. Le terme « Gifted Hands » pu s’appliquer à pas mal de monde mais nous avions évidemment Billy en tête au moment de l’écriture. C’est un morceau qui est appelé à devenir un hit. On verra si c’est le cas !

Lynyrd Skynyrd, avec Gary Rossington et Mark Matejka qui vous a rejoint en 2006, possède la particularité d’avoir trois guitaristes dans son line-up. Comment ça se passe entre vous, notamment sur scène ?
Rickey Medlocke : Ce n’est pas si dur… (il réfléchit) Je joue un rock un peu plus dur, un peu plus blues rock que les deux autres. Mark est le joueur de Stratocaster typique. Quant à Gary… que dire ? Il a son propre son et puis c’est tout ! Du coup, comme Skynyrd s’essaie à plusieurs styles suivant les chansons : le guitariste le plus approprié joue les leads à tour de rôle. Nous ne passons pas notre temps à nous battre pour jouer car en fin de compte nos rôles sont très bien répartis. Sur le dernier album, je me suis chargé de la majorité des pistes de guitare rythmique. Nous nous répartissons les leads. Gary joue énormément de trucs de slide, Mark les sons de Strat et moi au milieu je prends souvent les gros riffs.


Un groupe comme Lynyrd Skynyrd est aussi connu pour sa musique que pour ses paroles. La musique vient-elle généralement en premier ou est-ce l’inverse ?
Rickey Medlocke : Le truc avec nous est qu’un membre du groupe se pointe un jour avec un riff. Gary rajoute quelques éléments dont il a le secret puis le chant arrive. Tout à coup, on se retrouve avec le début des paroles ! J’ai l’impression que le premier riff a souvent l’effet d’une boule de neige qui à force de rouler se transforme en avalanche.

Une chanson du nouvel album s’appelle « Unwrite That Song ». Y aurait-il un morceau que tu aimerais « désécrire » ?
Rickey Medlocke : Nous avons écrit ce titre avec un ami à nous, Jeffrey Steele. Lynyrd Skynyrd a toujours été affilié à la musique country d’une façon ou d’une autre. Nous avons tous été influencés par cela et nous avons même côtoyé des artistes country de qualité dans nos différents groupes. Nous étions donc chez Jeffrey un jour en train d’écrire des trucs. Nous avons fait une pause et tout d’un coup Jeffrey a dit « bon, allons-y ! Il faut se mettre à écrire ». Ce à quoi Gary répondit en se marrant « Et pourquoi est-ce que nous ne nous mettrions pas à désécrire ? » (rires) Nous nous sommes tous dit que ce serait une super idée. Ça vient donc de là et l’idée qu’une chanson peut parfois être associée à un événement douloureux – une rupture par exemple – et qu’on puisse avoir envie de l’effacer. C’est assez intelligent quand on y pense. La chanson au final rend très bien même si au fond c’est un morceau country. Mais j’ai toujours dit que si « Sweet Home Alabama » sortait aujourd’hui ça serait considéré comme un morceau country ! Donc…


Lynyrd Skynyrd – God & Guns
Roadrunner
www.lynyrdskynyrd.com
Lynyrd Skynyrd, le retour de Medlocke