On ne sait pas si le retour de Nickelback en France fait plus d'heureux que de malheureux mais, en tout cas, en cette rentrée de septembre, huit mille fans sont bel et bien présents au Zénith de Paris pour acclamer les frères Kroeger. Et nous, nous étions bel et bien présents en backstage pour prendre la température avec Ryan Peake et Chad Kroeger, seulement quelques heures avant leur montée sur scène.

Cela faisait un bail que Nickelback n'était pas venu en France. Vous avez manqué à pas mal de fans (rires). Et vous, la France vous a-t-elle manqué ?
Chad Kroeger : Absolument ! C'est pour cela que nous sommes de retour.
Ryan Peake : Nous entendons beaucoup de choses sur la France... Des artistes locaux y brillent souvent. La France a des goûts musicaux très spécifiques, souvent très différents du reste du monde. Nous aurions pu revenir en France avant mais notre agent nous faisait toujours plutôt passer par l'Angleterre ou l'Allemagne. Nous voulions absolument lors de cette tournée revenir dans des endroits où nous n'avions pas été comme la Finlande, la France et la Belgique. Nous avons senti dans ces pays un réel engouement, une vraie joie de nous voir. C'est certainement dû à Internet.
C. K. : Ce bon vieux fou d'Internet (rires) !
R. P. : Il faut reconnaître que la Russie, la Finlande ou le Japon ne nous passent presque pas à la radio. Il faut donc que notre musique arrive aux fans d'une autre façon.

Parlons de Here And Now, votre dernier album en date. Il me semble par moments revenir à des sonorités plus sombres un peu à la The Long Road mais il contient aussi pas mal de morceaux lumineux. Au final, on obtient un disque très varié comme All The Right Reasons. Il a été conçu ainsi ?
C. K. : C'est ce qui est venu spontanément, franchement. Lorsque le moment vient de conceptualiser un album, nous nous rassemblons pour décider d'un thème pour le disque. L lorsque nous avons sous le coude six ou sept titres, nous regardons ce qui manque. Avons-nous besoin d'un autre morceaux rock ? D'un titre un peu plus mélodique ? Nous voulons absolument éviter de faire des disques qui penchent d'un côté. Nous tenons à rester un groupe diversifié car c'est ce qui nous fait exister. Nous voulons avoir des morceaux « blagues », des chansons pour faire la fête, des ballades, des trucs sérieux comme If Today Was Your Last Day, des choses légères et sexuelles... Peu de groupes peuvent se vanter de pouvoir écrire des trucs librement dans autant de domaines différents que nous.

C'est quelque chose qui est valable pour Nickelback ou est-ce que c'est également quelque chose que vous appréciez en tant que fans ? Par exemple, vous aimez les albums d'AC/DC ou des concept albums, bref des disques qui sont plus mono-dimensionnels peut-être ?
R. P. : Les concept albums, c'est assez particulier. C'est rare que tout le monde adhère à ce genre de démarche. Pour ma part, je suis très attaché à la diversité et j'aime autant les trucs mélodiques que nos morceaux heavy. En grandissant, j'ai écouté beaucoup de metal, de pop et de country. Ca ressort. Donc même dans les titres heavy, il me faut des lignes mélodiques ou rythmiques, un minimum catchy pour faciliter leur écoute.

Bien que vos albums aient pour la plupart une véritable identité et que, selon les époques, Nickelback ne sonne pas tout à fait pareil, il faut reconnaître que vous êtes très fidèles au format radio. Rares sont les morceaux de moins de trois minutes et je n'ai pas souvenir d'un de plus de quatre minutes trente. C'est impensable pour vous de sortir de ce cadre même pour un seul titre ?
R. P. : Nous en avions parlé une fois je crois. Il s'agissait de faire un morceau de sept minutes. Donc ce n'est pas complètement impensable.
C. K. : Le problème c'est qu'aujourd'hui les gens sont zappeurs et je ne suis pas convaincu que nous arriverions à capter l'attention du public avec une chanson si longue. J'ai peur qu'il l'écoute à la va-vite. Notre priorité est de faire de la musique que les gens écouteront de A à Z. Et moi-même je n'ennuie au bout d'un certain temps. Dès que je sens l'ennui poindre, je coupe la chanson. Nous sommes assez concis dans l'ensemble.
R. P. : Nous pourrions faire cela dans le cadre d'un autre groupe ou projet.
C. K. : Oui ! Un groupe masqué de mecs qui jouent des chansons oubliables (rires). On verra si ça attire du monde ou pas. J'écoute beaucoup de choses qui ne seraient sans doute pas acceptées dans notre cercle de fans même si je pense qu'ils sont assez ouverts d'esprit. Des trucs comme The Civil Wars, Bon Iver ou M83 qui sont français d'ailleurs.

Pour beaucoup, Nickelback se résume aux singles. Est-ce qu'il y a quelques chansons dans vos albums anciens qui auraient mérité plus de succès à votre avis ?

C. K. : Souvent ces morceaux n'ont pas eu de succès tout simplement parce que nous ne les avons pas sortis en tant que single. S.E.X. reçoit des demandes à chaque concert que nous faisons. Hier soir c'était encore le cas. All The Wrong Reasons aurait pu marcher. C'est un super morceau dans lequel nous avons mis beaucoup d'énergie, dans le riff et dans cette cacophonie qui amène le refrain. C'est amusant de voir ce qui marque les esprits et ce qui passe à côté. Je suis sûr qu'en single ça aurait cartonné. Heureusement que non finalement car c'est un morceau super dur à jouer (rires) !



Lors de vos concerts vous avez l'impression de jouer plus de morceaux que vous avez envie de jouer ou plus de morceaux que les gens ont envie d'entendre ?

C. K. : C'est difficile à dire... Tout le monde ne peut jamais être content. Toutefois, lorsque nous interprétons une chanson moins connue, l'effet n'est pas maximal... Cent personnes vont se dire « Oh mon Dieu, je n'arrive pas à croire qu'ils jouent ce titre!!! » alors que tout le reste de la salle va se dire « Allons chercher une bière ! » (rires). Donc, impossible d'échapper aux morceaux populaires.
R. P. : Mais nous essayons toujours de faire un clin d'œil aux fans avec par exemple un medley de trois chansons de Curb...
C. K. : … et ça a fait un flop complet (rires) ! Parfois, nous aimerions mieux connaître les goûts locaux. Par exemple, hier nous étions interviewés pour une radio belge et le type nous a dit qu'il a matraqué les ondes avec This Afternoon. C'est le genre de choses que nous aurions aimé savoir avant pour pouvoir jouer le titre en question... Mais nous avons vingt-sept singles donc c'est dur de tous les mettre dans un seul set !
R. P. : Et puis, personnellement, je n'arrive pas à rester concentré sur la musique plus de deux heures quand je suis dans le public. Ensuite, ça ne fait que se répéter...
C. K. : Surtout quand il y a des groupes d'ouverture comme ce soir ! Après, je m'ennuie. Je suis littéralement fatigué par tous les décibels que les oreilles doivent subir. Ce n'est pas neutre !


Nickelback – Here And Now
Roadrunner
www.nickelback.com
Nickelback de retour en France