C’est un Biff Byford franchement exténué par une journée de promo intensive qui nous accueille dans un hôtel près de la gare de Lyon. Du coup, la qualité de ses réponses s’en ressent et il est difficile de sortir de quelques sentiers battus. Heureusement, vers la fin de l’entretien, l’Anglais se détend et nous livre quelques informations utiles sur le nouveau disque de Saxon et sur l’avenir. Morceaux choisis.

Si je te parle de ça, c’est forcément par rapport à la nouvelle version, intitulée « Bottleneck Version », de « Coming Home » qui était sortie sur Killing Ground. Comment cette version a-t-elle vu le jour ?
Biff Byford : Paul Quinn, Nigel Glockler et moi sommes nés dans les années 50 et nous avons de fortes racines dans la scène blues de l’époque. Nous avons tous, je pense, commencé à jouer dans des groupes de blues. Nous avons fait nos gammes dans des bars enfumés. Sur ce disque, et avec cette version de « Coming Home », nous avons décidé d’expliciter un peu plus cette influence. Beaucoup de groupes anglais de notre époque possèdent ces racines blues. Même Iron Maiden, parfois, bien que ce soit difficile à percevoir. Chez nous, Wheels Of Steel était déjà très marqué par le son blues. D’ailleurs tous nos premiers disques l’étaient et puis nous avions quelque peu mis de côté tout cela au fil des ans… Aujourd’hui c’est revenu avec « Slow Lane Blues » par exemple.

Pourquoi avez-vous choisi « Coming Home » parmi l’ensemble de vos titres ?
Biff Byford : Nous allons faire un album acoustique et « Coming Home » est le premier titre que nous avons essayé. Notre prochain disque sortira en 2010 et il sera dans la lignée de cette version bottleneck. Nous avons essayé pas mal de morceaux déjà mais nous ne savons pas encore précisément ce qu’il contiendra. Tout ce que je sais est que la production sera hyper simple et cela nous changera pas mal (rires).

Est-ce que c’est toi qui te charge des arrangements acoustiques ?
Biff Byford : Oui et non. Doug Scarratt et Paul m’aident beaucoup car c’est davantage leur rayon. Ils sont très forts pour transposer les idées que je peux avoir et les matérialiser. Je suis un mauvais guitariste. Je ne me débrouille qu’à la basse, en fait.

Certaines chansons d’Into The Labyrinth auraient été écrites en France…
Biff Byford : (me coupant) Oui, j’habite dans un petit château en Normandie, près du Mont Saint-Michel. J’ai une petite pièce dédiée à la musique là-bas, pas vraiment un studio mais ça me permet de faire quelques pistes de chant déjà. L’avantage est que je peux y aller n’importe quand, jour et nuit, pour me retrouver et écrire des trucs. Je prends juste ma bouteille de vin et ça roule (rires).

C’est la première fois que tu vas là-bas pour écrire ?
Biff Byford : Tout à fait. J’ai dépensé pas mal d’argent en matos pour rendre cela possible. Mais tu sais ça ne change pas grandement le rendu des chansons. J’essaie simplement de me rendre dans des endroits calmes pour éviter les sources de distraction. Aller à New York ou Los Angeles n’a rien à voir avec la campagne. Là je travaille tout seul donc j’étais hyper concentré et ça m’a aidé au final. Du coup, les paroles sont très tournées sur moi et/ou sur mes centres d’intérêt. Il y a beaucoup de chansons à la première personne…

Les deux précédents albums de Saxon avaient un concept fort et un univers visuel plutôt développé. Est-ce à nouveau le cas pour Into The Labyrinth ?
Biff Byford : Oui, car nous aimons énormément la tournure gothico-médiévale qu’a pris notre style depuis quelques années. De ce fait, nous aimons lorsque tout converge : le nom du disque, l’illustration de la pochette et bien évidemment la musique avec des morceaux comme « Battalions Of Steel » ou « Valley Of The Kings ». Néanmoins Into The Labyrinth est plus une compilation de chansons qu’un album conceptuel. L’ordre des titres n’a aucune importance, même dans les genres abordés.

Que penses-tu de la génération YouTube ?
Biff Byford : C’est un phénomène excitant. J’ai vu des gens faire des vidéos amateurs complètement dingues avec « Live To Rock » comme musique de fond. C’est amusant. Et puis ça permet de découvrir de nouveaux groupes. Dans mon cas, c’est souvent les groupes qui sont dans le top 10 des charts (rires). J’aime les nouveaux albums de Metallica et d’AC/DC, par exemple. En gros, je suis un fan de musique avec un petit penchant pour le metal et le hard rock plus généralement (rires). Au fond, nous sommes tous pareils : des metalheads avec des racines blues, rock, punk et psychédéliques…

A propos de racines, Saxon avait enregistré une excellente reprise de King Crimson il y a quelques années…

Biff Byford : Tout à fait ! C’était bizarre car beaucoup de jeunes pensaient qu’il s’agissait d’un de nos titres. Je suis assez content de notre version car nous lui avons donné un côté moderne réussi. Nous la jouons parfois en concert aussi et elle passe très bien. J’étais très fan de rock progressif quand j’étais jeune et je voulais éviter de faire une reprise de « 21st Century Schizoid Man » comme tant de groupes de metal…

Pour finir, petite question matos : les guitaristes du groupe ont signé un deal avec Gibson, c’est cela ?

Biff Byford : Paul joue en effet avec des Explorer et une SG double neck, la même que Jimmy Page utilisait. Doug en revanche est sous contrat avec Dean qui vient de faire un super modèle aux couleurs de notre chanson « Live To Rock ». Côté amplis nous sommes récemment repassés chez Marshall et tout semble très bien aller.

Est-ce que tu es impliqué dans ce côté « business » de Saxon ?
Biff Byford : Non, c’est exclusivement notre manager.

L’as-tu géré à un moment donné et est-ce que c’est un truc qui t’intéresse ?
Biff Byford : Au début, oui. Il y avait énormément de boulot. Dès que le groupe a commencé à devenir connu, je ne pouvais plus le faire et j’ai dû me résoudre à faire faire le travail par d’autres. Nous avons constamment de nouvelles personnes qui nous aident. Même récemment nous avons embauché un nouveau booker.


Saxon – Into The Labyrinth
SPV
www.saxon747.com 
Saxon : le Hard-Rock des bluesmen

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