Avec son album Ambre, Sylvain Luc repousse les limites de l'improvisation. Tout ou presque dans sa musique naît dans l'instant, et pourtant il est difficile de prendre l'artiste à défaut. Un guitariste infaillible ? Guitare Live lève le voile.

Guitare Live : Quelles raisons t’ont poussé à enregistrer Ambre ?

Sylvain Luc : J’ai enregistré mon tout premier album il y a 11 ans maintenant. C’était en 1993, un album solo complètement improvisé. C’est le producteur de l’époque qui m’avait suggéré cette idée. Moi, je voulais plutôt faire quelque chose d’assez conventionnel, comme un trio, avec contrebasse, batterie ou percussions. En m’ayant entendu improviser un soir, il m’avait dit « Si tu veux faire un disque solo complètement improvisé, je suis là, avec le studio que tu veux, quand tu veux ». Le jour où je me suis senti « prêt » à improviser, à me jeter dans le vide, on a pris une après-midi, et le disque s’est fait. A l’époque, ce disque était un peu comme un miroir, un dédoublement de personnalité : j’écoutais une autre personne jouer. C’est un drôle de sentiment, très bizarre : j’écoutais ce que j’improvisais, avec ce côte instantané le plus frais possible. J’ai mis du temps pour assumer le fait de jouer en solo. Après, il a fallu le jouer sur scène. Ca voulait dire : je me suis à présent embarqué dans un défi. Il fallait jouer la vraie carte, improviser à chaque fois quelque chose de nouveau sur scène et donc ne pas faire la réplique du disque.
Et puis, il y avait une demande de la part du public, d’afficionados qui me suivent depuis quelques années, et qui souhaitaient que je réactualise l’expérience, avec le son actuel de guitare. D’autant qu’avec l’évolution de dix ans, on fait en principe des progrès, notamment dans le fait de raconter, et non pas de démontrer. Ce disque, Ambre, s’est fait à cette occasion-là, et un peu de la même manière, pendant trois jours. Je suis arrivé en studio sans aucun a priori sur rien, sans surtout savoir ce que j’allais jouer. Je n’avais aucune idée des morceaux que j’allais faire. D’ailleurs, la plupart de mes albums, je les fais comme ça, sans aucune idée préconçue. Comme il y a des overdubs, il y a quand même une discipline à avoir, peut-être pas d’écriture, mais en tous cas une discipline très forte pour pouvoir organiser tout ça ! Tout cela s’est fait dans la spontanéité, dans l’urgence. Sur le moment. Sans clic.

 

Guitare Live : Sans clic ?

Sylvain Luc : Non , il n’y a aucun clic d’aucune sorte. Il y a le fait de jouer avec soi-même. Il n’y a rien de prémédité, y compris dans les arrangements. C’est difficile à expliquer...

Guitare Live : C’est assez incroyable !

Sylvain Luc : Je sais, plein de gens ne me croient pas.

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Sylvain Luc