Test du Boss Waza Tube Amp Expander

Publié le 27/09/2019 par Alexandre Criado
Pendant que d'autres fabricants se demandent quel transistor mettre dans un overdrive pour pouvoir le vendre plus de 200 boules en justifiant d'un budget d'ingénierie, les japonais de chez Boss continuent au sein de leur ligne de produits haut de gamme "WAZA" (que tu peux pas t'empêcher de prononcer avec un ton débile si tu as connu les années 90) à trouver le moyen d'innover dans le domaine pourtant bien rodé de la guitare où la concurrence en terme d'excellence technique est rude !

WAZZAT ? 

On peut facilement imaginer ce qui s'est passé dans l'atelier des ingénieurs qui ont pondu le matériel qui nous occupe aujourd'hui…

"Bon faut qu'on invente un nouveau truc là.

-Ouais, euh bon… Les guitaristes qui ont un gros ampli, ils mettent quoi derrière, genre pour enregistrer, ou faire du live, tout ça ?

-Hmmm chaipas, reverb, delay, EQ, boost, une loadbox, un simulateur de HP, une interface audio ?

-Eh ben voilà ! On va faire une boîte, on va mettre TOUT CA DEDANS !"

(Traduit du japonais par Dansonka Toutétaki.)

Bon je romance sans doute un peu l'histoire, c'est mon côté théâtral. Mais l'idée derrière le Waza Tube Amp Expander (TAE) semble vraiment être celle-ci : avoir un appareil qui fait tout ce que tu peux avoir besoin pour accompagner ton ampli à lampes. Regardons ça de plus près.

La boite noire

Une fois l'emballage ouvert et les maigres accessoires (câble secteur et mode d'emploi, plus une paire de pattes pour racker la chose dans un fly 19 pouces) sortis, le premier constat est que nous avons là une bien belle bête ! le TAE est un lourd bloc métallique de presque 7 kilos qui inspire confiance, dans un design sobre et élégant qui ne dénotera pas sur votre tête d'ampli favorite. Un tour d'horizon de la bête nous montre une connectique très fournie, et une quantité de contrôles un peu plus sobres, nous y reviendrons.

J'ai plaisir à trouver sur le capot supérieur le diagramme de la bête sérigraphié, ce qui était une mode dans les années 80 sur les racks, et qui est fort judicieux pour comprendre le routing interne de la machine ! 

Et puisque que nous parlons de routing, suivons ensemble le chemin du signal pas à pas afin de comprendre un peu mieux le fonctionnement du bouzin.  Donc, première opération : on sort de la sortie HP de son ampli et on rentre dans la loadbox, qui permet donc d'user de son ampli sans baffle sans risquer de cramer les lampes. À l'arrière, on trouve d'ailleurs les réglages de puissance et d'impédance destinés à adapter le système aux caractéristiques de ton ampli. La loadbox est réactive comme la plupart des modèles de la concurrence, et comporte des réglages de présence et de résonance à quatre positions, qui vous permettront d'adapter la réponse dans les graves et les aigus.

Les Rig(s) aux lots

On rentre ensuite dans ce qui fait la vraie originalité de cette utility box version Boss : un ensemble d'effets et d'utilitaires mémorisables au sein de 10 presets, les fameux "rigs" donc.

On trouve d'abord une boucle d'effets débrayable. On appréciera le nombre de switches (série/parallèle, niveau de boucle, ground lift) qui fera que chacun pourra y adapter son matériel, de la petite pédale au gros rack encaissant les niveaux ligne.

Le signal passe ensuite via un VCA (pour faire simple, un volume contrôlé à distance, via une pédale d'expression par exemple) pour ensuite attaquer un multi-effets comprenant compresseur, delay, reverb, un ensemble volume boost/EQ paramétrique, et un simulateur de HP.

Je m'interromps dans le chemin du signal (au grand dam du sondier !) pour noter un point important : Le Tube Expander est VRAIMENT conçu pour être piloté par ordinateur. Sans l'éditeur logiciel, il vous sera en effet impossible d'accéder aux différents paramètres avancés du TAE, notamment tous les paramètres des effets, les paramétrages MIDI (complets d'ailleurs, FC, CC, mapping…), les EQ globales… bref, quasiment tout ! C'est un choix qui pourra déplaire aux traditionalistes, mais je pense que nonobstant une volonté de modernisme, les ingénieurs de chez boss ont contourné l'écueil technique de l'interface utilisateur hardware, et sans doute gagné ainsi sur la fiabilité et le prix de la machine. 

Bref, nous reviendrons sur l'interface, en attendant terminons-en avec le chemin du signal, qui sorti de la partie "rig" attaque des EQ globales, des VCA post-effet, puis les sorties. On notera qu'à la sortie de l'effet de reverb, le signal est séparé en deux entre une partie qui va vers l'étage de puissance du TAE afin d'attaquer un baffle, et l'autre qui va vers les sorties ligne/casque/USB. C'est très astucieux, car cela permet de paramétrer de manière totalement indépendante chaque partie, si vous avez besoin par exemple de plus de médiums sur la partie qui va vers votre enceinte pour bien vous entendre sur scène, mais que vous voulez qu'un son un peu plus homogène parte vers la table de mixage, c'est parfaitement possible. Très bien vu !

Révolution numérique

Alors, mettons-nous tout de suite à dos les puristes : le TAE, hormis bien sûr la loadbox, la boucle d'effet et l'étage de puissance, est intégralement NUMERIQUE (oh mon dieu vade retroooooooo). Par contre ils ne se moquent pas de nous, c'est du 96 kHz en 32 bits à virgule flottante, on est donc dans le sérieux. Le port USB permet d'ailleurs non seulement d'utiliser l'éditeur, mais fait aussi du TAE une vraie interface audio USB haute définition, ce qui nous ferait presque regretter qu'il ne dispose pas d'autres entrées que celle destinée à l'ampli de puissance.

Faire du son sans déranger les Waza

Bon, branchons donc tout ça. J'envoie la sortie HP de mon bon vieux Peavey Ultra dans la machine, la sortie HP vers le baffle, les sorties ligne vers mon interface audio, et après avoir installé les drivers qui vont bien, l'USB.

Ah en passant, parce qu'on ne peut pas penser à tout…. Messieurs de chez Waza Craft, une prise casque à l'arrière d'un appareil, à plus forte raison un appareil potentiellement rackable, c'est très c… euh bon c'est pas super ergonomique, quoi. Pensez-y pour une éventuelle nouvelle version, le casque c'est LE truc qu'on branche et débranche tout le temps, et il y a largement assez de place en façade au-dessus du gros bouton "phones" !

Bon bref, après avoir vérifié que j'étais bien en 50w/8 ohms, j'augmente le master de mon ampli jusqu'à ce que la LED "input sig/peak" brille allègrement en vert quand je joue, puis j'ajuste le Speaker Out à volume d'écoute et je règle résonance et présence à mon goût. 

Déjà, c'est très convaincant, et j'ai vraiment l'impression de toujours "ressentir" mon étage de puissance à lampes alors que le power amp linéaire du TAE me permet de descendre à très bas volume. Je ne ressens pas du tout de "grain" numérique ni de compression ou de lissage du signal.

Je lance ensuite sur mon PC le Tube Expander Editor, et là je me dis qu'on a tout de même fait des progrès sur les éditeurs. Lancement rapide, détection rapide, et surtout une interface claire qui n'aurait pour ainsi dire pas besoin de mode d'emploi ! Je note d'ailleurs que le TAE répond au doigt et à l'œil aux modifications, on est quasiment sur de l'instantané. Du coup même si je continue à regretter la contrainte qui fait qu'un guitariste de scène doit toujours avoir une tablette ou un laptop sur lui pour peaufiner ses sons, j'apprécie le confort de travail. Au passage les différents effets sont complets, efficaces, et exhaustifs sur les paramètres. On dispose de deux compresseurs différents, 5 délais, six reverbs, les EQ débrayables sont au choix des 10 bandes graphiques ou des 4 bandes semi-paramétriques et les EQ globales sont des 3 bandes paramétriques.

Concernant les effets de comp/reverb/delay, sans surprise, on est dans du Boss, c'est propre, agréable à l'oreille, pas vraiment foufou mais cela conviendra parfaitement au gars sobre (un guitariste sobre ? c'est un mythe, non ?) qui veut juste "habiller" un peu ses sons. Les autres utiliseront la boucle d'effets pour y brancher leurs machines favorites ! 

Enfin la partie simulation de HP est relativement sobre mais encore une fois efficace. Les IR chargées dans l'appareil sont de très bonne qualité, et comme il est de coutume de nos jours, on peut charger nos propres réponses impulsionnelles (c'est du charabia pour toi ? consulte mon article !)

Conclusion

Après pas mal de temps à m'être amusé avec la machine, mon plus grand regret est au final de ne pas être équipé du ou des amplis haut de gamme qui feront plein usage de son potentiel. En effet, sa qualité, son format comme son prix élevé (1299€) la destinent à des amateurs fortunés, des studios pros ou des musiciens qui tournent beaucoup ! Pour tous ceux-là, malgré un ou deux détails d'ergonomie, le Tube Amp Expander est un excellent outil, de haute qualité, complet et très bien pensé, et j'insiste pour tous ceux qui seraient arrêté par l'image "grand public" de la marque ou par le fait qu'il y ait des vilains petits processeurs numériques là-dedans, à reconsidérer leurs préjugés pour ne pas passer à côté de ce qui pourrait tellement simplifier leur vie de gratteux !

 

Extrait Audio : Peavey Ultra 112, Lag Rockline – Micros Tom Anderson. Prise en line out du Waza TAE avec simulation de HP intégrée

Les Plus

 - Qualité haut de gamme (son comme fabrication)
 - Fonctionnalités et connectiques très complètes
 - Interface logicielle

Les Moins

 - PC/Mac obligatoire pour l'édition
 - Prise casque à l'arrière
 - Vraiment pas accessible à toutes les bourses

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