Tout le monde (ici) ou presque a déjà eu sous le pied une pédale ou pédalier Boss : DS-1, MT-2, une DD quelque chose ou encore l'accordeur TU, les multi-effets GT... Depuis 1976, le fabricant japonais s'est imposé dans le monde entier avec plus d'une centaine de pédales à son catalogue et nombre d'autres pédaliers et outils. Cependant, nous n'ouvrons aujourd'hui pas la célèbre boite rectangulaire, mais celle, plus grande, du Boss Waza-Air, un casque sans fil avec simulateur d'ampli et modules d'effets intégrés.

Ouverture 

Dans l'emballage, nous trouvons un manuel de démarrage multilingue, le casque, un émetteur ainsi qu'un câble USB-A/mini USB-A (pas de sac de transport comme certains le proposent). Avant toute utilisation, nous étudions l'ensemble et la fabrication. D'un coté le transmetteur, en plastique moulé autour d'un jack mâle 6,35mm, est prêt à être inséré dans une guitare ainsi qu'une prise micro-USB dédiée à la recharge de l'appareil. L'émetteur s'active automatiquement dès qu'on le branche et il faut donc l'enlever de la guitare pour l'éteindre et le poser quelque part en attendant - dommage qu'il n'y ait pas de bouton OFF. Cependant, il est possible de régler une minuterie (via l'application dont nous parlerons plus tard) à la fin de laquelle le produit passe en stand-by. Le casque, de son coté, est très correctement fini, même si on s'attendait un peu à plus luxueux pour le prix. Le tout à l'air solide, avec un arceau en métal. On se demande si les coussinets sont changeables car on ne voit pas de mécanisme permettant de les détacher et... en fait le coussin est fixé sur une base plastique qui s'aimante à la structure du casque - une excellente idée ! Sur l'écouteur gauche nous trouvons un interrupteur deux positions ON et Charge, ainsi qu'une prise micro-USB. Coté droit, on trouve 2 boutons pressoirs en plastique, un interrupteur encadré par les signes Bluetooth + et -, une petite roue métallique pour gérer le volume, ainsi qu'un prise femelle au format jack (qui servira uniquement à appairer casque et émetteur)

Le casque 

Mettons nous en situation en le plaçant... sur nos oreilles. Il s'agit d'un casque "fermé", qui enveloppe intégralement les oreilles. Ce type de casque isole plus que les semi fermés ou ouverts, mais s'avère pour certaines personnes plus fatiguant à la longue. Lors de la mise sous tension apparait un léger bruit de fond qui lors de l'utilisation en casque audio pur, se révèlera un peu gênant avec des enregistrements calmes et intimistes.

Avant tout véritable essai, nous jouons l'utilisateur modèle et branchons le casque sur le secteur pour procéder à une charge complète. Bien qu'un câble USB soit fourni, il faudra fouiller dans ses tiroirs afin de trouver un adaptateur USB/secteur car celui ci n'est pas inclus dans la boite, ce qui, même si cet accessoire est probablement présent chez tous les détenteurs de téléphone portable (compatible avec le casque...), est extrêmement décevant vu le prix de l'appareil. Une charge complète prendra 3 heures pour une autonomie de 5 heures. A noter que la première fois, il faudra attendre ces 3 heures pour recharger à son tour l'émetteur (il n'y a qu'un câble dans la boite), pendant un nouveau cycle de 3h mais cette fois pour 12 heures d'autonomie. En fin de vie, la batterie pourra être remplacée sur le casque - ce qui ne semble pas possible sur l'émetteur qui est cependant vendu individuellement. Boss garantit l'ensemble pendant 2 ans. 

La nuit passée, nous voici donc avec un casque et un émetteur tous deux chargés. On branche tout simplement l'émetteur dans la guitare et là, magie, l'instrument apparait dans nos oreilles. On commence à s'accorder en pressant un peu plus de 3 secondes les 2 boutons cotés droit. La méthode est au premier abord assez déconcertante : la justesse (ou non) de la note sera indiquée par 3 signaux sonores : note trop haute ou trop basse et double bip pour OK. Il faut quelques minutes pour s'habituer. Même s'il est totalement possible de jouer et utiliser le casque de manière autonome (il embarque 6 presets), il faut l'application (gratuite) sur son smartphone ou tablette pour paramétrer les simulations. Nous cherchons et téléchargeons ainsi la Boss Tone Studio ("BTS for WAZA-Air"), disponible sur IOS et Android.

 

L'application

Le Tone Studio est divisé en 5 sections : un éditeur de sons, une librairie de presets de l'utilisateur, un Tone Central (magasin gratuit de presets crées par Roland), un accordeur et une partie System pour les réglages généraux de l'appli et du casque. On trouvera notamment dans cette dernière partie le statut de batterie du casque, ou encore un EQ global qui peut se placer en entrée ou en sortie de chaine, et qui offre deux configurations pouvant être sauvegardées pour alterner par exemple entre deux guitares avec des niveaux de sortie différents. La partie "System" comprend également un menu CABINET, où vous pourrez choisir une enceinte parmi les (seulement...) 3 modèles proposés : Vintage, Modern et Deep.  Attention, ce réglage s'applique à l'intégralité de la chaine du son et donc l'intégralité des presets (dommage !).

VISUEL BATTERIE et GLOBAL EQ

La section TUNER fonctionne comme nous en avons l'habitude (avec une aiguille et des flèches) et son utilisation via l'application désactive le système sonore dont nous avons précédemment discuté. Le Tone Central encourage l'expérimentation - comme avec les gros pédaliers de la marque : on y trouve des "sonorités de guitares", mais aussi beaucoup de choses moins concrètes avec beaucoup d'écho, synthétiques, qui ouvrent à la création. Même si ce produit a été pensé pour l'entrainement, il est dommage de ne pas avoir une porte de sortie, hors du casque.

Attardons-nous maintenant sur l'éditeur, cerveau du Waza-Air. Celui-ci est scindé en sous-sections, dont les réglages sont propres à chaque preset.

1. GYRO AMBIANCE

VISUEL GYRO AMBIANCE

On trouve ici un réglage de position, qui simulera l'environnement dans lequel se trouve l'ampli afin d'avoir un rendu plus réel. Vous avez le choix entre ne pas activer ce paramètre et les modes Surround, Static ou Stage qui diffèrent dans le placement dans l'espace. Avec le mode Surround, votre signal de guitare adopte une position fixe : vous choisissez un endroit dans le spectre stéréo (devant vous, plutôt sur la gauche, etc...), et il y reste, peu importe vos mouvements de tête. Avec le mode Static, c'est un peu comme si vous étiez dans une pièce avec votre ampli et que vos mouvements influent sur la manière dont le son arrive à vos oreilles : si vous tournez votre tête sur la gauche, le son va alors s'estomper légèrement de l'oreille gauche car elle captera moins l'ampli et se concentrer sur l'oreille droite. Voyez cela comme un casque VR mais juste pour les oreilles. La troisième option, Stage, fonctionne de la même manière mais avec un ampli positionné cette fois dans votre dos, à la manière de ce qu'on pourrait retrouver sur une scène. A ces 3 réglages est associé une "Ambiance" (réverbération) avec un environnement Stage ou Studio. Même en position Studio avec un Level à 0, l'espace est vraiment présent. Il ne faut pas penser qu'il s'agit d'une réelle simulation de l'acoustique d'une cabine de prise.

Tandis que la technologie Gyro apporte un bénéfice non négligeable au rendu et donne la profondeur nécessaire à la simulation pour la rendre plus réelle, il faut avouer que les modes Stage et Static nous ont un peu laissé perplexes. Nous questionnons le réel intérêt d'avoir un signal évoluant constamment (dans son volume et sa position) au gré des mouvements de tête, que l'on bouge la tête en rythme où qu'on la tourne pour regarder le chat passer.... Au delà de ce manque d'intérêt purement personnel, nous avons noté que, bien que ne bougeant pas la tête, "la source" s'éloignait parfois très lentement d'un coté ou de l'autre pour enfin s'immobiliser et rester la, peu importe nos mouvements. Il est noté dans le mode d'emploi que cela peut arriver lorsque l'on bouge la tête de manière "non horizontale", et qu'il faut ainsi remettre le réglage par défaut...

2. AMP/EQ

VISUEL AMPLIFIER

Nous avons ici le choix parmi 5 positions : Brown, Lead, Cunch, Clean et FLAT/BASS/ACOUSTIQUE. Le choix est restreint, mais le Waza-Air est calqué sur l'ampli Katana. Les contrôles disponibles sont traditionnels et constants d'une simulation à l'autre: Gain/Volume et le trio Bass / Mid / Treble. Le Volume est un simple volume de presets, sans lien sur le gain/grain global. On apprécie d'avoir une page par section et d'avoir tout sous les yeux, sans la nécessité de scroller - ce qui explique sans doute que la Présence soit déportée dans la section EFFECTS. L'interface est bien pensée : lorsque l'on tourne les potard virtuels, l'écran du téléphone s'assombri et affiche en gros la valeur qui évolue. Il également possible de taper précisément la valeur que l'on souhaite. Il est vrai, nous n'avons pas ici la finesse, la dynamique ou le caractère d'un véritable ampli, mais le rendu est vraiment correct et suffisant pour travailler, et on apprécie de jouer longtemps sans soucis. La dernière position FLAT/BASS / ACOUSTIQUE, nous laisse assez dubitatifs, car bien que cette simulation soit très utile et appréciable pour la basse (le gain aurait mérité d'aller un peu plus loin), l'utilisation avec une guitare acoustique nous semble douteuse : pourquoi jouer de la guitare acoustique avec un casque - guitare dont le volume naturel biaisera sans aucun doute le rendu du casque.

 

3. EFFECTS / PRESENCE

2 VISUEL EFFECTS

Jusqu'à présent, l'application et le casque étaient des modèles de simplicité dans leur utilisation. Les choses vont se corser avec la section EFFECTS, où il faudra d'ailleurs passer beaucoup de temps, car extrêmement complète et plus complexe.

Le premier écran permet d'activer 3 modules dans la chaine du son. Le premier module se partage entre booster et modulations (chorus, flanger, phaser...), le second sera dédié au delay et modulations, et le dernier maillon de la chaine sera la reverb. Attention cependant à bien comprendre ici l'organisation : pour chaque module se trouve un bouton 3 positions associé à un potentiomètre. Chacune des positions est assignable à un effet. Pour les deux premiers modules, le potentiomètre fonctionne en "moitié de rotation" et annule l'activation de l'autre moitié. Concrètement, sur le premier module, de 0 à 12 vous allez gérer la dose de Booster et à partir de 12h, le booster sera déconnecté et vous gérerez désormais la dose de modulation, ce qui est assez déconcertant aux premiers abords. Le paramètre géré par le potentiomètre varie selon les effets - et n'est pas assignable par l'utilisateur. A noter que la course de ce potentiomètre évolue de 0 à 50 - alors qu'elle va jusqu'à 100 dans l'écran de réglages fins de l'effet. Cette première page de la section EFFECTS se veut être une sorte de raccourci à 9 effets (3x3). On se pose la question sur la pertinence de pouvoir changer d'effets à la volée sur le téléphone.

Pour sélectionner un effet, il faut tout d'abord aller sur l'EDIT de la page EFFECTS, qui affiche 7 sous-sections (2 sections par potentiomètre + une septième pour sélectionner le mode de fonctionnement du couple delay/reverb). Il faut identifier la section que vous souhaitez, puis assigner un effet à un des trois boutons de couleur. Il faut ensuite revenir à l'écran EFFECTS, sur le potentiomètre souhaité et sélectionner la couleur correspondant à l'effet choisi. Parallèlement, il faut aussi aller paramétrer les réglages de l'effet. C'est un peu laborieux et peu intuitif.

L'offre d'effets est ultra complète - Boss en annonce 50 ! Sans tout énumérer, précisons que pour la partie Booster, vous aurez accès une vingtaine de  simulations, allant du booster bien entendu jusqu'à des pédales de distorsion très connues (RAT, Guvnor, Metal Zone, Muff, Turbo OD...). Pour chaque effet, vous avez un certain nombre de réglages, s'étendant parfois sur deux pages. Même constat pour les delay, ou les modulations : EQ, wah, compresseur, phaser, chorus... mais aussi octaver, synthé, harmoniseur, pitch shifter, et simulateur de guitare acoustique.

La section Delay / FX se partage entre 6 types de delay et la même offre pléthorique d'effets rencontrés sur la première section (un bon point, pour une question de choix personnel de routing). Pour la dernière section, Reverb, le nom est trompeur dans la mesure où l'on peut choisir parmi 3 modes : Reverb, REV + DL ou Delay.  Nous avons sous la main des réverbérations traditionnelles (Room / Hall / Plate / Spring) ainsi qu'une belle réverbération modulée). Cette section est suivie par un EQ global ainsi qu'un Noise Supressor.

Lorsque vous serez satisfait de votre réglage, vous l'enregistrerez sur le casque et pourrez ensuite créer des "live set" via la librairie de l'application. Vous pourrez ainsi construire plusieurs banques de sons, et les activer - uniquement à partir de l'appli - indépendamment des 6 mémoires sur le casque. Vous pourrez également les partager avec d'autres utilisateurs et, si vous en possédez un, les envoyer sur l'ampli Boss Katana.

Conclusion

L'idée de se poser sur le canapé (ou n'importe où) avec rien d'autre que sa guitare et un casque, en s'affranchissant de toute câblerie et "n'embêtant" personne est excellente et en ce sens, le Waza-Air est un vrai plaisir à utiliser. Cette exceptionnelle richesse d'effets, associée au réalisme de la "mise en espace" des quelques amplis est vraiment plaisante. D'une certaine manière, ce produit est presque trop complet, et trop riche pour sa finalité : il s'adresse aux guitaristes ayant déjà un ampli mais qui ne peuvent l'utiliser pour diverse raisons (voyages, environnement nécessitant un bas niveau sonore...) et qui souhaitent une solution alternative pour s'entrainer ou jouer par dessus un backing track (vous pouvez envoyer cela via votre Smartphone dans le casque et jouer par dessus). Vous ne pourrez cependant pas aller "plus loin" et enregistrer/exporter vos idées par exemple, ce qui est un réel point sur lequel réfléchir avant d'investir la somme de 389 € TTC. 

Les plus

 - Le principe de s'affranchir de câbles.
 - L'offre extrêmement complète d'effets et de routing.
 - La fonction pour distancer l'ampli de l'auditeur.

Les moins

 - Pas d'adaptateur secteur.
 - La partie effets peu intuitive.
 - Le prix.

Test du casque Boss Waza-Air