Test du Quad Cortex de Neural DSP

Publié le 13/05/2021 par Alexandre Criado
Quand le créateur de Darkglass Electronics décide en 2017 de fonder Neural DSP, une société dédiée à son envie de développer des outils numériques pour la guitare, il ne fait pas les choses à moitié et ne sort que des plug-ins originaux, assortis de noms modernes et au prestige grandissant (Abasi, Plini, Wong, Gojira, Mike Fortin... ) aussi quand Neural a annoncé la sortie de son premier processeur multi-effets et modélisateur hardware, votre serviteur était dans les starting-blocks et a tanné sa rédaction pour en avoir un à tester ! Aujourd'hui, la bête est entre mes mains avides et je vous fais profiter de cette découverte.

L'est minus le Cortex (ou pas)

L'emballage soigné du Quad Cortex fait très envie, et Neural a joint au produit un transfo universel, un câble USB, un médiator et... des masques avec leur logo ! C'est du détail, mais ces petites attentions sympas font quand même plaisir, surtout quand on claque plus de 1500 balles dans une machine. Machine compacte qui par ailleurs est de très belle facture avec un revêtement raffiné, un routing sobre grâce aux footswitches qui font aussi office d'encodeurs comme sur le TC Electronic G-System. Tout respire la qualité, même si j'avoue que les dit footswitches me paraissent quand même un petit peu fragiles, et que vu qu'il s'agit apparemment d'une pièce spécifique au Quad Cortex, les remplacements à long terme seront peut-être délicats. Peut-être...

En fait, comme pas mal de processeurs récents, le Cortex me laisse interrogatif, non sur sa qualité, mais sur son endurance face aux affres de la scène. La première impression étant celle d'un bel objet pour impressionner dans le studio plutôt qu'un tank à poser sur un front de scène dans la chaleur, l'humidité et les vapeurs de bière. Mais bon, ça, impossible de juger sur pièce, seul le temps nous répondra, lorsqu'enfin les concerts seront à nouveau à notre portée. Snif. 

Bref, j'allume la machine qui après un certain "ploc" désagréable dans les sorties (Neural nous dit que c'est normal ?!) met un certain temps à s'initialiser, beaucoup de temps même, pas loin d'une minute. Je constaterai plus tard qu'il existe un "standby" très utile pour couper la machine sans avoir à repasser ensuite par ce long moment de boot. Enfin, le très bel écran tactile s'illumine. L'interface rappelle grandement celle du Line6 Helix, sobre et cryptique mais à priori facile d'approche. Pour une première prise en main, je chope et branche une gratte, active le premier preset qui vient, monte le volume, et là...

Woah... !!!!

C'est pas courant, même sur des processeurs haut-de-gamme : j'ai touché à rien, rien édité, même pas parcouru plusieurs presets, et déjà, ça SONNE SA MÈRE ! C'est gros, c'est flatteur, ça a de la dimension, du grain, ça réagit très bien à la dynamique du médiator, et je me mets à jouer en oubliant presque que j'ai un test à faire ! Je me balade un peu dans les presets, il y a de tout du simple et sobre ampli en standalone jusqu'aux ambiances limite synthé ultramodernes... Donc déjà avant même d'approfondir et même si je le savais déjà au vu de la qualité de leurs plugins : bravo Neural DSP, votre bouzin envoie du pâté aux truffes du Périgord !

 

 

Neural pas comme ça

Bon, je commence à mettre le nez dans tout ça, comme à mon habitude sans toucher dans un premier temps au mode d'emploi pas inclus et pas évident à trouver sur le site non plus. L'interface tactile est plutôt confortable et réactive, il suffit d'appuyer sur un des blocs pour pouvoir l'éditer à l'aide des encodeurs, un appui long permet de faire un glisser/déposer dans le signal... on est sur quelque chose d'assez instinctif pour quiconque s'est déjà servi d'un smartphone ou d'un ordi, ce qui devrait être la plupart d'entre vous si vous lisez cet article. Quoi, ton papy adore mes articles mais déteste les écrans donc tu les lui imprimes ? Oui, ben c'est une exception, désolé. 

Ce premier trifouillage me permet de me rendre compte de ce que nous confirme le mode d'emploi : les possibilités de routing sont assez impressionnantes. Split, mix, dérivation, assignation des entrées/sorties à une partie du signal seulement... La souplesse de la matrice du Quad Cortex est assez spectaculaire et n'a pas grand-chose à envier à ses concurrents.

A noter d'ailleurs une possibilité intéressante offerte par les deux entrées combo du Quad Cortex : on peut utiliser une entrée et un routage pour sa guitare, et la deuxième pour un second instrument : deuxième guitare, acoustique, basse ou même micro chant. Si vous êtes guitariste chanteur, changez d'instrument au milieu d'une chanson, ou voulez faire des économies dans le groupe, c'est donc faisable.

 

 

Réseau neuronal

Je vais vous dire une bonne chose : on pourrait s'arrêter là, et ce serait déjà très bien, le QC sonne très très bien, connectique complète, édition intuitive, bonne ergonomie... que demande le peuple ? Mais je vais quand même tenter la fonction de capture dont j'ai entendu vanter les mérites. Pour ceusses qui en sont encore à la modélisation de papa, le concept de capture pousse à son extrême la convolution pour pouvoir récupérer les caractéristiques d'un matériel et en faire une empreinte, le précurseur en le domaine étant le Kemper Profiler.

Donc je décide de faire une empreinte de mon set d'amplification Brunetti... le câblage est un peu compliqué, mais le coté appréciable est que l'utilisateur est guidé tout au long du processus par un tutoriel. En bout de procédure, on lance, le QC envoie divers bruits dans le matériel à profiler et analyse l'audio sortant... et pouf, c'est réglé. Et encore une fois, ça marche très bien. Je reconnais aisément le grain et les sensations de jeu de mon matériel original ! Je ne sais pas si on peut dire que c'est 100% conforme, mais je ne suis pas un jusqu'au-boutiste, le plaisir est là, c'est l'essentiel.

Comme cela se fait de plus en plus pour le matériel numérique, Neural DSP met à disposition des utilisateurs le "cortex cloud", un réseau accessible via le net qui permet d'échanger des IRs, profils de matériels, presets, et de mettre à jour le QC avec les derniers firmwares. A noter que la marque prévoit des mises à jour majeures dans les temps prochains, comme l'usage simultané de plusieurs sorties sur un même module, ou pour les utilisateurs des plug-ins, la possibilité d'importer ceux-ci dans le QC. Ce qui n'est pas rien car les dits plug-ins sonnent eux aussi sévèrement bien, allez essayer Archetype Gojira ou Fortin Cali, c'est assez monstrueux !

Le seul bémol que je mets sur l'usage du cloud, c'est que à l'instar du Universal Audio OX, le Quad Cortex ne peut pas se servir de sa liaison USB qui ne sert strictement que d'interface audio. Vous serez obligés de connecter la machine via un réseau Wifi pour faire vos échanges. Dans la pratique ça n'est pas la mer à boire, mais bon.

 

 

 

Conclusion

A près de 1600 €, le Quad Cortex est un investissement non négligeable, même si c'est un budget conforme à ce qui se fait ailleurs dans la même gamme. Mais quand on met en face de ce prix tout ce qu'il sait faire, et avec quelle qualité il le fait, c'est complètement justifié ! Le premier processeur Hardware des développeurs de Neural est une vraie réussite qui n'a pas à rougir face aux ténors du marché. A voir ce que le temps nous dira tant sur la machine que sur la marque elle-même, mais pour l'instant, vous m'excuserez, j'y remets un pti coup avant de devoir le rendre !

Les Plus

 - Le SON sa mère.
 - Ergonomie intuitive.
 - Outil de capture performant.
 - Polyvalence qui va au-delà de la guitare.

Les Moins

 - Wifi quasi indispensable.
 - Inconforts au démarrage (ploc audio, temps d'initialisation).
 - Pas pour toutes les bourses.
 - Solidité à surveiller dans le temps ? 

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