Parmi l'avalanche de nouveautés dévoilées au NAMM, deux pédales ont attiré notre attention, puisqu'il s'agit d'une re-création de la wah originelle par son inventeur, la marque britannique Vox. Ou plutôt de deux rééditions différentes qui ont chacune sa personnalité sonore. Nous vous proposons donc de nous pencher sur ces nouvelles Vox, la VRM-1 et la V-846 Vintage.

On connaît bien CryBaby, une marque qui appartient au groupe d'accessoires Dunlop depuis les années 80 (un groupe qui a aussi racheté les droits des noms Echoplex et Fuzz Face). Mais il ne faut pas oublier que la marque qui a inventé la wah et lancé le premier modèle était Vox. Ou plus exactement la Thomas Organ Company qui importait Vox aux Etats-Unis, et son employé Brad Plunkett qui a eu l'idée géniale d'isoler le circuit de boost des médiums d'un ampli Vox dans une pédale de volume d'orgue Vox Continental, et c'est ainsi qu'est né l'engin en 1966. Vox l'a d'abord vendu comme un accessoire pour les trompettistes (puisque les effets guitare n'étaient alors pas un marché si porteur que ça), et ils ont donc proposé à Clyde McCoy, célèbre pour son utilisation de la sourdine, de donner son nom à la pédale. C'est ainsi que la première wah a été baptisée, et c'est pour cette raison que plusieurs répliques ont repris ce nom, de la Clyde de Fulltone à la marque RMC (pour Real McCoy) en passant par la CryBaby Clyde McCoy. On retrouve d'ailleurs ce nom sur la nouvelle Vox VRM-1 qui se présente comme une réplique la plus fidèle possible du modèle d'origine, VRM-1 voulant dire "Vox Real McCoy" tout simplement. Bien sûr, la wah a ensuite été adoptée par Frank Zappa, Hendrix et Clapton, puis les guitaristes ont tous voulu profiter de cette possibilité d'expression supplémentaire, au point d'en faire un cliché presque kitsch dans les années 70.

Vox populi

Contrairement à Dunlop, on ne peut pas accuser Vox d'avoir particulièrement exploité son lien historique avec la wah wah. Là où il existe une centaine de modèles de CryBaby différents (entre les différents modèles modifiés et les innombrables modèles signature), Vox est essentiellement resté fidèle à son design d'origine avec la V-847, la version moderne de la wah Vox qui garde le look génial et intemporel (avec le chrome autour de la pédale, le gros logo et le bloc noir en dessous) pour un prix tout à fait raisonnable (en dessous de 100 euros). Et ce modèle a un son tout à fait proche de ce que l'on attend de la wah Vox vintage, ce côté légèrement sale et malpoli, même si elle n'est pas parfaite ni en solidité (potentiomètre oblige), ni en conception (pas de true bypass). Il y a bien eu des variations légères, comme la V-845 sans chrome, la V-847C crème et une version avec un joli Union Jack, mais dans l'ensemble Vox n'a pas beaucoup joué avec son concept de wah.

Voici donc les deux petites nouvelles, dont l'une que l'on a l'impression de connaître déjà, puisqu'il y avait déjà une V-846HW dans la gamme Vox, une wah "hand wired" (câblée à la main) et True Bypass mais avec le même look qu'une wah Vox classique. Sauf qu'elle était moins chère que cette nouvelle V-846 Vintage. Alors qu'est-ce qui justifie la différence ? La Vintage a fait l'objet de nouvelles recherches de la part de l'équipe Vox pour parvenir à une réplique plus fidèle de la wah d'origine, et tous les éléments ont été spécialement étudiés pour atteindre ce but : l'inducteur Halo, le potentiomètre, le transistor, les résistances "film de carbone",  et le condensateur. On retrouve aussi ce souci de détail dans le développement de la VRM-1. Et ça s'entend ?

pedals vox WAH Vintage

La Vox de son maître ?

Les deux pédales sont des Vox, aucun doute là-dessus. Si on a déjà fréquenté une V-847, on ne sera pas dépaysé. La course est la même, plutôt centrée sur le haut-médium, elle ne va pas dans le grave comme le CryBaby Hendrix, et elle ne balaie pas une plage de fréquence très large, et c'est tant mieux, ça n'est pas sa raison d'être. Elle fait bien le son vocal que l'on attend d'une wah vintage, et elle ajoute son grain sale parfait pour rendre le jeu solo plus fluide et expressif (ou propulser un gros riff, c'est vous qui voyez). J'ai trouvé le caractère de la VRM-1 plus intéressant car plus rare : elle est vraiment criarde et perce très bien dans le mix, elle peut faire un filtre tout à fait convaincant. En blues psychédélique, c'est le son vintage garanti. La V-846 Vintage est plus polie, un peu plus neutre. Bien sûr, ça n'est pas une Morley non plus, on retrouve le grain Vox, le potentiomètre et le transistor à l'ancienne, mais le résultat est plus classique et évoque une 847 version haut de gamme.

Haut de gamme dans les composants, mais aussi malheureusement dans le prix : le tarif annoncé est de 300 euros la pédale, ce qui pour de la manufacture vietnamienne (qui reste très peu coûteuse donc) est quand même très violent. De la même manière, on regrette l'autocollant sous la base au lieu d'une plaque imprimée comme c'est le cas sur les Dunlop. Enfin, dans les deux cas, on a le même gros défaut d'une réédition qui se veut fidèle, à savoir l'absence de prise 9V : obligé de dévisser les quatre supports sous la pédale pour accéder à la pile (non fournie évidemment). C'est d'autant plus rageant que la fidélité vintage n'est pas une fin en soi, et Vox l'a respectée sur certaines choses mais pas sur d'autres (le True Bypass n'existait pas à l'époque).

Dans cette gamme de prix, la concurrence est brutale, et l'on trouve à la fois des CryBaby très typées et des pédales boutique d'occasion. Mais si vous aimez le grain et le look de la wah Vox et que vous en cherchez la meilleure version possible, alors la 846 Vintage sera un bon choix pour le tout-terrain et la VRM-1 comblera les fanatiques de vrai grain à l'ancienne.

Vox Limited Edition VRM-1

Les plus

- Le très beau grain sans concession de la VRM-1
- La course très agréable
- Simple et efficace, pas de sophistication superflue

Les moins

- Le prix pour de la production asiatique
- Pas de prise pour alimentation 9V

Prix public conseillé : 299 euros chacune.

Test des pédales wah Vox VRM-1 et V-846 Vintage