Pus ça va, plus je me dis que je suis déconnecté vis-à-vis de la façon de voir des gens qui m'entourent : en ce moment, ça ne parle que des attentats de Bruxelles, y'a un mec du bureau d'à côté qui reçoit des alertes sur son téléphone à chaque fois qu'une nouvelle tombe en lien avec le sujet et qui en fait part à tout le monde comme si sa vie en dépendait, on peut pas allumer la radio sans entendre un truc à propos d'un type ou d'un autre en lien avec Salah Machin, bref c'est du permanent. Je ne vous raconte même pas à table au boulot, chacun y va de son analyse brillante sur l'"état du monde et de la France", sans préciser que les seuls pays visités sont l'Espagne et les USA, et encore ça c'est pour les plus aventureux...
Bref, j'en peux plus. J'en viens à trouver ridicule de voir déambuler des CRS et l'Armée dans l'aéroport, parce qu'au fond j'ai le sentiment que ça ne sert à rien, mais alors à rien du tout, si ce n'est rassurer une population prompte à avoir peur et dont je ne fais factuellement pas partie : j'ai beau tourner le truc dans tous les sens, je n'arrive pas à avoir peur parce que 10, 20 ou 50 connards se baladent dans la nature avec des envies d'attentats. Je n'arrive pas à avoir peur de savoir qu'il y en aura d'autres, nécessairement, qu'il y aura encore des dizaines de morts, armée ou pas armée, CRS ou pas CRS, état d'urgence ou pas état d'urgence.
Par contre, je suis en colère contre l'état d'esprit actuel qui consiste à finir par trouver normal d'être envahis de pseudo-informations sur les sombres connards qui ont perpétré ou risquent de perpétrer leurs actes stupides et lâches, se croyant petits révolutionnaires à deux balles d'une cause qu'ils ne comprennent même pas. J'en ai marre d'entendre tout le temps leur nom, qu'on nous fasse croire qu'ils sont bien plus importants qu'ils n'ont jamais rêvé de l'être... la bonne blague. On arrête un de ces guignols, tout les gouvernants se tapent dans le dos, les journaleux tentent de décrire la personnalité du malfrat sans aucune analyse sérieuse, les hommes politiques montrent les muscles... et deux jours après la réalité revient au visage comme un boomerang. Et c'est reparti pour le barnum des infos balancées dans une course folle vers rien du tout.
J'en peux plus, ça me rend cynique et en colère : je ne veux choquer personne, mais pour ma part il est hors de question que j'accepte de voir mon quotidien être envahi et mes libertés individuelles réduites parce que 100, 200, même 500 personnes sont mortes ou vont mourir dans un pays qui compte 70 millions d'habitants.
Et c'est reparti, mon voisin de bureau nous communique à voix haute une info dont je me fous totalement... comme si c'était important de savoir qu'un mec a été arrêté en banlieue parisienne, soupçonné de préparer un "attentat"... Fais chier, foutez-nous la paix!!!