Citation:
Lâché par ses amis, le socialiste Arnaud Montebourg dit son amertume
LE MONDE | 22.11.05 | 15h55 • Mis à jour le 22.11.05 | 15h55
Lendemains de congrès. L'assistante d'Arnaud Montebourg à l'Assemblée nationale imprime des pages entières de messages de soutien envoyés par des partisans et des anonymes sur le site Internet du député PS de Saône-et-Loire. Des "tiens bon" en pagaille. Des "tu as eu raison" à foison. L'élu est pourtant seul, isolé dans un Parti socialiste réconcilié, minoritaire dans son courant qui a implosé. Et lâché par ses propres amis.
A 3 h 30 du matin, dimanche 20 novembre, le congrès du Mans du PS, las des querelles internes, a signé l'armistice. Pas Arnaud Montebourg. "François Hollande a donné la parole à Vincent Peillon, Henri Emmanuelli, Laurent Fabius. Il m'avait oublié. Je n'ai pas pu ne pas lever la main. C'était un moment très dur", dit-il.
"TENTATION DANGEREUSE"
Devant tous les éléphants du parti, le cofondateur du courant Nouveau Parti socialiste (NPS) explique alors qu'il ne peut pas approuver une "synthèse" dont il nie la crédibilité mais que, par"loyauté" envers son courant, il ne l'empêchera pas. Quand ses propres amis invoquent l'intérêt supérieur du parti, pour 2007, lui continue à ne pas vouloir transiger. "Je suis en accord avec moi-même, dit-il. On ne peut pas passer le rabot et la varlope sur ce que l'on pense."
Le créateur de la Convention pour la VIe République, dont il a fait son cheval de bataille, n'a pas pu imposer ne serait-ce que le symbole du chiffre dans le discours du parti sur les institutions. "Pour moi, c'est cinq ans de boulot partis en fumée...", dit-il avec amertume. Cinq années pendant lesquelles, l'enfant terrible du PS, héritier de Pierre Joxe en Saône-et-Loire, s'est fait connaître par sa croisade contre la corruption financière et politique et son entêtement à cibler Jacques Chirac qu'il nomme toujours le "quasi délinquant" et qu'il voulait amener, en 2001, devant la Haute Cour de justice...
Mais comment le leader le plus charismatique de son courant a-t-il pu s'y retrouver minoritaire ? "Je sens une tentation dangereuse d'enfermement dans ce qui serait la pureté, la vertu du courant par rapport au parti qui serait marqué, lui, du sceau de la légèreté et du renoncement", dénonce Benoît Hamon. Ce dernier, élu député européen en 2004, s'est lui-même abstenu au moment où la délégation NPS a dû se prononcer, en interne, sur la synthèse proposée par François Hollande. Mais il a justifié son vote par une crainte de la "crispation minoritaire".
Depuis l'été, les tensions ont grandi au sein de NPS, et la rivalité avec Vincent Peillon, l'autre cofondateur du courant, ont fini par éclater au grand jour. Chacun s'est alors mis à compter ses troupes. Proche d'Arnaud Montebourg, David Assouline, sénateur de Paris, s'est rallié à Vincent Peillon, tandis que le député de Saône-et-Loire se voyait reprocher de plus en plus sa "radicalité".
Selon ses contradicteurs, il subirait l'influence de Thierry Mandon, maire de Ris-Orangis (Essonne), ancien fabiusien, dépeint comme un Savonarole du courant. Lui et Christian Paul, député de la Nièvre, ancien secrétaire d'Etat à l'outre-mer de Lionel Jospin, forment la garde rapprochée d'Arnaud Montebourg. Il conserve l'appui inconditionnel de très nombreux militants, jeunes, mais l'entrée d'Henri Emmanuelli dans le courant a achevé de faire basculer le rapport de force en sa défaveur.
Au Mans, les réunions de courant sont devenues houleuses. Et lundi, Arnaud Montebourg, Vincent Peillon et Benoît Hamon ne s'étaient pas reparlé. Ils doivent se retrouver mardi, comme chaque semaine, pour faire le point. Tous trois entreront au conseil national, samedi 26 novembre, sur le même quota NPS. Mais deux d'entre eux — et pas Arnaud Montebourg — peuvent aspirer à faire partie de la nouvelle direction de François Hollande, qui sera réélu, le 24 novembre, premier secrétaire.
Isabelle Mandraud
Quel enfoiré ce Peillon, c'est bien conforme à ce que j'ai lu sur lui.