Le premier groupe ... c'est flou . En clair: durant mes première et deuxième années de gratte, j'ai joué avec des potes d'abord aussi débutants que moi et ça faisait pas pipi loin (mais bon, c'était l'époque bénie de '77/'78, pas besoin de connaître le mode lydien pour monter sur scène ).
Ensuite j'ai eu le bol de tomber sur un guitariste-chanteur un peu plus avancé que moi et ça m'a beaucoup fait progressé - on jammait, on composait, je passais alternativement de la basse à la lead, on reprenait les classiques et on apprenait comment ça fonctionnait; on s'est vite trouvé un batteur et ça a été mon premier vrai groupe, même si les concerts se sont limités à des trucs pour les copains.
Le batteur a vité été viré et on a commencé à zoner autour de musicos qui étaient de vrais pro eux - de nouveau, expérience engrangée.
Tout en continuant à jouer ensemble, mon pote et moi on s'est aussi retrouvés à jouer de notre côté avec d'autres groupes plus ou moins fixes, et à monter sur scène dans des pubs ou clubs.
Là arrive le coup de bol: mon pote Serge avait joué une semaine auparavant dans un club US de Bruxelles et a été contacté par le patron qui se retrouvait avec une chanteuse US fraîchement débarquée, que son guitariste avait laissé tombé. Il lui propose le poste pour le gig, Serge lui demande s'il peut venir avec un pote (moi ), c'est OK. Le soir on se pointe avec nos grattes et amplis (on a 19-20 ans), Mike le patron nous présente la chanteuse (une gamine maigrichonne pas plus vieille que nous, ne payant pas vraiment de mine), son bassiste et son batteur. Elle ne parle pas un mot de français, on bredouille l'angliche, on se met d'accord sur une liste de morceaux qu'on connaît plus ou moins et c'est parti.
... au bout de trois accords, Serge et moi on se regardait en y croyant pas: la gamine maigrichonne s'était métamorphosée en clone vocal de Janis Joplin avec une énergie dévorante . Des chanteuses pareilles, faut que ce soit de l'importation, on était plongé en plein sud des states.
Bon, nous on a fait ce qu'on a pu - je suis heureux de ne pas avoir d'enregistrement, je crois que je pleurerais en réentendant nos grattes - mais on étaient stimulés pour sûr. Cette gamine qui avait fait le tour des states puis d'une partie de l'europe en stop s'appelait et s'appelle toujours Beverly Jo Scott, et elle est restée fixée à Bruxelles. C'est un de mes meilleurs moments musicaux et certainement celui qui a fait que j'ai continué la musique avec encore plus de passion que jusque là .
In rod we truss.
"Quelle opulence" - themidnighter
"It's sink or swim - shut up!"