Au hasard de mes nombreux vagabondages sur les sites de guitare pendant mes heures de travail , voilà qu'un beau jour je tombe là-dessus: Les amateurs de Fender auront reconnu un corps stratoide brut, avec une implantation micros de Télé.
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Il s'agit d'un corps 2 parties en frêne, recalé au contrôle qualité pour un problème de fraisage sur la table. Il y a en effet un débord d'1mm tout le tour qui semble facilement rattrapable
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J'ai bien une idée de ce que je pourrais faire de ce joli corps : Il se trouve que j'ai toujours aimé la Strat pour les sonorités du micro manche, et j'aime aussi beaucoup le coté tranchant du micro aigu de la Télé. Les 2 guitares sont très comparables en termes de lutherie, mais le hardware, l'ergonomie et les sonorités le sont beaucoup moins! Après 10 jours de réflexion et de recherche sur les techniques d'assemblage / teinte / vernissage / etc. (je n'y connais a peu près rien en lutherie), je décide de me lancer en respectant le cahier des charges suivant:
- Reprendre le corps dans le but d'obtenir un contour plus ergonomique,
- Sur la partie électronique: Je veux intégrer un micro de strat en manche. Comme je ne sais pas encore comment va se comporter l'instrument fini, je pars sur des micros "basiques" type alnico V d'occasion (Seymour SSL-2 strat en teck et Di Marzio DP 173 en bridge) avec des résistances cohérentes afin de ne pas avoir de déséquilibre du niveau de sortie. Je pense aussi poser un Killswitch Shadow sur le pot de volume, comme ça je n'aurai plus d'excuse pour foirer l'intro de "know your ennemy"
- Concernant la finition, je voulais reproduire un Crimson red glossy mais qui laisse apparaître le veinage du bois, comme cette Carvin avec son accastillage noir et matching headstock.
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- Il me faut aussi un manche; je me mets en quête d'un manche de strat avec touche ébène ou dans le cas échéant, palissandre foncé. En théorie ce corps est prévu pour recevoir un manche de télé avec son talon carré, mais je veux une tête de strat. Il me faudra donc une touche a 22 cases afin que le débord de cette dernière masque le gap entre le neck pocket et le corps.
C'est parti:
- première étape, poncer la table afin d'éliminer le défaut de fraisage.
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C'est pénible, ça n'avance pas, l'abrasif ne tient pas sur la tête de ma ponceuse qui est en fin de vie... Je suis très mal outillé. Je me suis donc rendu dans un atelier de co-working à savoir "Bricol Heure 34" du coté de Montpellier et c'est l'une des meilleurs décisions que j'ai pu prendre lors de la réalisation de ce projet : j'ai réglé le problème de l'outillage, ce qui est absolument fondamental pour bosser correctement.
- On continue, découpe stomacale a la ponceuse rotative :
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- chanfrein d'avant-bras a la ponceuse a bande:
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- Vu que la ponceuse rotative c'est génial, j'en profite pour reprendre la corne inférieur et l'ouvrir un poil (comme le fait PRS) pour faciliter l’accès aux aigus:
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- Le micro strat est un poil plus large qu'un micro télé, il faut donc reprendre la cavité du micro manche a la défonceuse. le micro rentre pile poil:
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- Coup de bol, je trouve un joli manche de luthier sur LBC et surtout avec une touche en ébène. Il faudra élargir un poil le neck pocket pour qu'il rentre, mais les trous des vis tombent bien en face:
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- Logiquement à ce stade il convient de fixer le manche au corps, et monter les cordes pour jauger de la cohérence de l'ensemble. Je n'ai ni les mécaniques ni le chevalet, donc je by-passe l'opération, ce que j'ai bien regretté par la suite. je me base sur des plans de Warmoth et estime qu'il faudra retirer 1.5mm d'épaisseur au talon du manche car il ressort de trop, ce qu'il ne fallait pas faire. J'y reviendrai.
- La tête du manche est vernie avec une couleur un peu vintage que j'aime pas du tout. Comme je veux faire un matching headstock, allez zou je ponce:
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- Ensuite, comme je suis plutôt chiant sur les aspects ergonomiques, je ne veux pas le talon carré que je trouve inconfortable, ni de la plaque métallique qui est peu élégante.. Je mettrai à la place des vis et leurs alvéoles. Là encore l'outillage fait tout la différence, avec une fraiseuse numérique on peut creuser la cavité des alvéoles à 0,5 de profondeur en toute décontraction. et j'en profite pour redécouper le neck pocket et déporter la 4eme vis, toujours à des fins ergonomiques.
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- C'est pas mal, mais il va falloir que je bouche ce vilain trou dans le manche. Un tourillon découpé dans un pic de brochette fera l'affaire
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présentation des éléments de hardware reçus, et on voit nettement le pickguard qui dépasse au-dessus de la corne inférieure. Un petit coup de Dremel, et... je foire la découpe Je rattraperai comme je pourrai...
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- s'en suit une looooooooongue étape de ponçage progressive jusqu'au 400. Pour l'anecdote, j’ai eu du mal en raison de petites rayures qui apparaissaient au fur et à mesure que j’affinais le grain, malgré une aspiration et un brossage rigoureux entre chaque changement de papier de verre. Jusqu’à ce que je me rende compte qu’il y’avait une écharde dans la cale à poncer... 1h de perdue, mais a ce stade je ne les compte déjà plus!
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Une fois le ponçage terminé, un passage de chiffon humide pour lever la fibre, et un dernier coup de 400. Le corps est doux comme une peau de bébé, et enfin prêt à être teinté.
étant complètement novice en la matière, je me suis rendu sur un site de lutherie amateur pour obtenir des renseignements, et j'ai eu autant d'avis que de spécialistes. J'y ai trouvé quelques informations intéressantes malgré tout, et j'ai surtout eu d'excellents conseils sur ce forum, notamment par les tauliers du topic "Vos PartCasters: Strat & Tele" que je remercie chaleureusement une fois de plus. Et pour le reste j'y suis allé à l'instinct, et voici comment j'ai procédé:
- le frêne est un bois à pores très ouvertes, il est donc recommandé d'appliquer un "bouche-pores", qui comme son nom 'indique va remplir le bois et ainsi lui eviter d'absorber tout le vernis, qui va alors se répandre de manière uniforme. Les pores étant plus nombreuses et ouvertes sur les veines, je décide de poser un bouche-pore teinté noir qui devrait faire ressortir le veinage sous le vernis. C'est parti:
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Le mélange est pâteux, difficile à appliquer à la spatule même en doublant la proposition d'eau recommandée. donc je tente une application à la brosse, ce qui est plus simple. Je recouvre complètement le corps, ce que je n'aurais pas dû faire: l'opération de ponçage est très complexe et looooongue, il aurait mieux valu procéder par petites surfaces. Cela m'aurait permis de mieux apprécier la pénétration du bouche-pores dans le bois, et cela m'aurait fait économiser du vernis.
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... Mais le résultat est sympa!
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- Ensuite, la pose de la teinte a l'eau, a la fibre textile :
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- après 2 passages la teinte devient de plus en plus profonde.
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- 3 couches seront suffisantes, J'en pose aussi sur la tête du manche en érable sans qu'il y ait de grande différence de couleur. j'avais prévu un peu d'encre de chine noire pour foncer la teinte rouge sur la tête (l'érable de la tête était plus clair que le frêne du corps) mais finalement, pas besoin.
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Et les choses sérieuses commencent: il faut à présent vernir. C'est une opération en 2 étapes : la première consiste à poser un primaire (ou "fondur") qui va compléter le boulot du bouche-pores afin de préparer la pose du vernis de finition. Et la seconde c'est la pose du vernis de finition brillant. Je prends le parti de vernir à la verticale, et donc d'appliquer plusieurs fines couches afin d'éviter les coulures. le tutoriel de la marque des produits utilisés (Nitorlack pour ne pas les citer) propose plutôt de vernir à l'horizontale, mais il faut une certaine expérience pour ne pas faire de coulures.
- On commence donc par le fondur :
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la première couche a été absorbée en quelques secondes à peine, du coup j'ai chargé sur la seconde couche, et j'ai eu des coulures de partout. J'ai attendu 2 heures avant de rattraper au 400 en transpirant à grosses gouttes mais on ne voit plus rien. Lesson learnt!
Du coup je fais des passes régulières et très légères, et j'ai mis un coup de 400 après la 5eme couche pour égaliser. Le résultat est pas mal, il faudra encore en mettre jusqu'à ce que la surface soit parfaitement uniforme, on voit qu'il y a encore des endroits où il en manque :
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Je viderai les 2 bombes de spray, avec un léger passage au 800 toutes les 5 couches.
Pendant les phases de séchage, j'en profite pour élargir la cavité mic de la plaque au Drémel sur le pickguard: je ne me suis pas planté cette fois, ça rentre au chausse-pied
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Et j'ai posé et réglé les pot sur la plaque électronique. Il faut encore câbler et souder, ça ira vite.
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- Le fondur est sec, je peux désormais poser le vernis de finition brillant! C'est parti (dans le grenier), toujours en vertical
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Apres les premières couches, un aspect peau d'orange apparait. Cela est dû au vernissage à la verticale, il va donc falloir poncer régulièrement entre les couches (idem que pour le fondur, un coup de 800 toutes les 5 couches)
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Apres 1,5 bombes vidées (il faut que j'en garde un peu pour la tête), je peux passer au ponçage final. La couche de vernis n'est pas bien épaisse, et j'ai une trouille bleue de passer au travers : je décide donc d'y aller au 2000 a l'eau, histoire de ne pas enlever trop de matière. Il me faudra des heures et des heures mais j'approche progressivement de l'objectif
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L'aspect peau d'orange disparait petit à petit, par contre à ce stade je réalise qu' il restera toujours quelques micro-crevasses au-dessus des nervures du bois, en raison du bouche-pores que je n'ai pas fait suffisamment rentrer, et au fondur qui n'a pas été appliqué en couches suffisamment épaisses. Je décide néanmoins d'en rester là.
- Vient ensuite le moment le plus galère, auquel je ne m'attendais pas : la pose du logo sur la tête
Lors du premier essai, le vinyle se voyait beaucoup : je pense que je l'avais pose sur une surface qui n'était pas suffisamment poncée. On enlève!
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Apres 3 essais infructueux (logo mal imprimé, ou qui se déchire lors de la pose) je finis par en poser un correctement, et le vinyle ne se voit pas du tout sous le vernis. En revanche, le détourage se voit vraiment beaucoup :
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Je ne sais pas trop ce qu'il se passe, du coup j'enlève! Et là, le drame : le vernis casse littéralement au niveau des trous pendant le ponçage, et des larges fissures apparaissent
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Le vernis était sans doutes trop peu sec, et de l'eau était rentrée dans les trous pendant les opérations de ponçage malgré les précautions prises. Il faudra attendre 3 semaines que le vernis sèche bien pour poncer et remettre du vernis avec un 5eme logo pour que l'ensemble soit acceptable. Le problème de détourage subsiste, j'apprendrai par la suite que le vinyle pose est bien trop épais.
Retour à l'atelier, j'ai la fausse bonne idée de finir le boulot a la polisseuse. J'ai passé un coup avec un disque mousse et du liquide de polissage 3000, et après une bonne 1/2 heure j'ai commencé à voir apparaître des micro-rayures de partout:
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Je pense que la vitesse de rotation tait trop élevée et le disque mousse s'est légèrement désagrégé. Cela a généré ces rayures. Comme j'avais aussi acheté des bonnets en micro-fibre, je les ai mis au-dessus du disque (et réduit la vitesse de rotation de la polisseuse). Et après une finition a mano au fluide de finition, je peux respirer... A ce stade je dois travailler les arêtes notamment et certains endroit (le bout des cornes, l'accès aux aigus...) sont encore à finir. Il est vrai que ça prend un temps infini!
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Une fois terminé, j'ai tout le loisir de me rendre compte que les férules que j'ai commande ne sont pas les bonnes une fois reçues , je fais appel à mon maitre luthier pour la pose et embraye sur le reste du hardware:
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Ensuite, on s'occupe du manche : je dois élargir légèrement les trous des mécas au papier de verre, pas trop fort pour éviter d'abimer le vernis:
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Et là, énième imprévu : l'axe des mécaniques est trop court et ne ressort pas suffisamment sur la tête. Heureusement, j'ai un jeu de vieilles méca US (mais chrome) que je monte en attendant, ce qui me permet de monter les cordes:
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Et à ce moment, je réalise que râper le talon du manche était une connerie elle ira faire un tour chez le Luthier (Roger's Lutherie à Montpellier, hautement recommandables) qui va poser une cale sous le manche, régler l'intonation et qui va également reprendre le pickguard que j'avais mal taillé.
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Et je peux enfin la brancher! Et bien, ça sonne franchement pas mal! le corps est agréable et résonnant, le manche est un régal sous les doigts. Je ne me suis pas planté sur les micros , ça crache sans être trop moderne.
On est encore en train de faire connaissance donc ça évoluera sans doutes dans le futur, mais globalement, c'est une très bonne surprise. Comme je m'y attendais le micro manche ne sonne pas 100% strat mais on n'est pas loin. En tous cas dans l'ergonomie, c'est vraiment top confort.
En conclusion, je suis content de l'expérience: j'ai dû faire toutes les erreurs possibles et j'ai doublé mon budget de base mais l'apprentissage est riche. Il ne faut pas voir ce genre de projet comme un moyen de se faire un bon instrument a pas trop cher (j'aurais pu m'offrir une Luke 2 d'occasion pour le même budget...) mais bien comme un passe-temps avec une finalité gratifiante. Pour qui a un peu de temps libre et a envie de faire quelque chose de ses 10 doigts, c'est juste du bonheur Je crois que je me souviendrai longtemps des premières notes qui en sont sorties. Et putain, c'est MA guitare!
Il s'agit d'un corps 2 parties en frêne, recalé au contrôle qualité pour un problème de fraisage sur la table. Il y a en effet un débord d'1mm tout le tour qui semble facilement rattrapable
J'ai bien une idée de ce que je pourrais faire de ce joli corps : Il se trouve que j'ai toujours aimé la Strat pour les sonorités du micro manche, et j'aime aussi beaucoup le coté tranchant du micro aigu de la Télé. Les 2 guitares sont très comparables en termes de lutherie, mais le hardware, l'ergonomie et les sonorités le sont beaucoup moins! Après 10 jours de réflexion et de recherche sur les techniques d'assemblage / teinte / vernissage / etc. (je n'y connais a peu près rien en lutherie), je décide de me lancer en respectant le cahier des charges suivant:
- Reprendre le corps dans le but d'obtenir un contour plus ergonomique,
- Sur la partie électronique: Je veux intégrer un micro de strat en manche. Comme je ne sais pas encore comment va se comporter l'instrument fini, je pars sur des micros "basiques" type alnico V d'occasion (Seymour SSL-2 strat en teck et Di Marzio DP 173 en bridge) avec des résistances cohérentes afin de ne pas avoir de déséquilibre du niveau de sortie. Je pense aussi poser un Killswitch Shadow sur le pot de volume, comme ça je n'aurai plus d'excuse pour foirer l'intro de "know your ennemy"
- Concernant la finition, je voulais reproduire un Crimson red glossy mais qui laisse apparaître le veinage du bois, comme cette Carvin avec son accastillage noir et matching headstock.
- Il me faut aussi un manche; je me mets en quête d'un manche de strat avec touche ébène ou dans le cas échéant, palissandre foncé. En théorie ce corps est prévu pour recevoir un manche de télé avec son talon carré, mais je veux une tête de strat. Il me faudra donc une touche a 22 cases afin que le débord de cette dernière masque le gap entre le neck pocket et le corps.
C'est parti:
- première étape, poncer la table afin d'éliminer le défaut de fraisage.
C'est pénible, ça n'avance pas, l'abrasif ne tient pas sur la tête de ma ponceuse qui est en fin de vie... Je suis très mal outillé. Je me suis donc rendu dans un atelier de co-working à savoir "Bricol Heure 34" du coté de Montpellier et c'est l'une des meilleurs décisions que j'ai pu prendre lors de la réalisation de ce projet : j'ai réglé le problème de l'outillage, ce qui est absolument fondamental pour bosser correctement.
- On continue, découpe stomacale a la ponceuse rotative :
- chanfrein d'avant-bras a la ponceuse a bande:
- Vu que la ponceuse rotative c'est génial, j'en profite pour reprendre la corne inférieur et l'ouvrir un poil (comme le fait PRS) pour faciliter l’accès aux aigus:
- Le micro strat est un poil plus large qu'un micro télé, il faut donc reprendre la cavité du micro manche a la défonceuse. le micro rentre pile poil:
- Coup de bol, je trouve un joli manche de luthier sur LBC et surtout avec une touche en ébène. Il faudra élargir un poil le neck pocket pour qu'il rentre, mais les trous des vis tombent bien en face:
- Logiquement à ce stade il convient de fixer le manche au corps, et monter les cordes pour jauger de la cohérence de l'ensemble. Je n'ai ni les mécaniques ni le chevalet, donc je by-passe l'opération, ce que j'ai bien regretté par la suite. je me base sur des plans de Warmoth et estime qu'il faudra retirer 1.5mm d'épaisseur au talon du manche car il ressort de trop, ce qu'il ne fallait pas faire. J'y reviendrai.
- La tête du manche est vernie avec une couleur un peu vintage que j'aime pas du tout. Comme je veux faire un matching headstock, allez zou je ponce:
- Ensuite, comme je suis plutôt chiant sur les aspects ergonomiques, je ne veux pas le talon carré que je trouve inconfortable, ni de la plaque métallique qui est peu élégante.. Je mettrai à la place des vis et leurs alvéoles. Là encore l'outillage fait tout la différence, avec une fraiseuse numérique on peut creuser la cavité des alvéoles à 0,5 de profondeur en toute décontraction. et j'en profite pour redécouper le neck pocket et déporter la 4eme vis, toujours à des fins ergonomiques.
- C'est pas mal, mais il va falloir que je bouche ce vilain trou dans le manche. Un tourillon découpé dans un pic de brochette fera l'affaire
présentation des éléments de hardware reçus, et on voit nettement le pickguard qui dépasse au-dessus de la corne inférieure. Un petit coup de Dremel, et... je foire la découpe Je rattraperai comme je pourrai...
- s'en suit une looooooooongue étape de ponçage progressive jusqu'au 400. Pour l'anecdote, j’ai eu du mal en raison de petites rayures qui apparaissaient au fur et à mesure que j’affinais le grain, malgré une aspiration et un brossage rigoureux entre chaque changement de papier de verre. Jusqu’à ce que je me rende compte qu’il y’avait une écharde dans la cale à poncer... 1h de perdue, mais a ce stade je ne les compte déjà plus!
Une fois le ponçage terminé, un passage de chiffon humide pour lever la fibre, et un dernier coup de 400. Le corps est doux comme une peau de bébé, et enfin prêt à être teinté.
étant complètement novice en la matière, je me suis rendu sur un site de lutherie amateur pour obtenir des renseignements, et j'ai eu autant d'avis que de spécialistes. J'y ai trouvé quelques informations intéressantes malgré tout, et j'ai surtout eu d'excellents conseils sur ce forum, notamment par les tauliers du topic "Vos PartCasters: Strat & Tele" que je remercie chaleureusement une fois de plus. Et pour le reste j'y suis allé à l'instinct, et voici comment j'ai procédé:
- le frêne est un bois à pores très ouvertes, il est donc recommandé d'appliquer un "bouche-pores", qui comme son nom 'indique va remplir le bois et ainsi lui eviter d'absorber tout le vernis, qui va alors se répandre de manière uniforme. Les pores étant plus nombreuses et ouvertes sur les veines, je décide de poser un bouche-pore teinté noir qui devrait faire ressortir le veinage sous le vernis. C'est parti:
Le mélange est pâteux, difficile à appliquer à la spatule même en doublant la proposition d'eau recommandée. donc je tente une application à la brosse, ce qui est plus simple. Je recouvre complètement le corps, ce que je n'aurais pas dû faire: l'opération de ponçage est très complexe et looooongue, il aurait mieux valu procéder par petites surfaces. Cela m'aurait permis de mieux apprécier la pénétration du bouche-pores dans le bois, et cela m'aurait fait économiser du vernis.
... Mais le résultat est sympa!
- Ensuite, la pose de la teinte a l'eau, a la fibre textile :
- après 2 passages la teinte devient de plus en plus profonde.
- 3 couches seront suffisantes, J'en pose aussi sur la tête du manche en érable sans qu'il y ait de grande différence de couleur. j'avais prévu un peu d'encre de chine noire pour foncer la teinte rouge sur la tête (l'érable de la tête était plus clair que le frêne du corps) mais finalement, pas besoin.
Et les choses sérieuses commencent: il faut à présent vernir. C'est une opération en 2 étapes : la première consiste à poser un primaire (ou "fondur") qui va compléter le boulot du bouche-pores afin de préparer la pose du vernis de finition. Et la seconde c'est la pose du vernis de finition brillant. Je prends le parti de vernir à la verticale, et donc d'appliquer plusieurs fines couches afin d'éviter les coulures. le tutoriel de la marque des produits utilisés (Nitorlack pour ne pas les citer) propose plutôt de vernir à l'horizontale, mais il faut une certaine expérience pour ne pas faire de coulures.
- On commence donc par le fondur :
la première couche a été absorbée en quelques secondes à peine, du coup j'ai chargé sur la seconde couche, et j'ai eu des coulures de partout. J'ai attendu 2 heures avant de rattraper au 400 en transpirant à grosses gouttes mais on ne voit plus rien. Lesson learnt!
Du coup je fais des passes régulières et très légères, et j'ai mis un coup de 400 après la 5eme couche pour égaliser. Le résultat est pas mal, il faudra encore en mettre jusqu'à ce que la surface soit parfaitement uniforme, on voit qu'il y a encore des endroits où il en manque :
Je viderai les 2 bombes de spray, avec un léger passage au 800 toutes les 5 couches.
Pendant les phases de séchage, j'en profite pour élargir la cavité mic de la plaque au Drémel sur le pickguard: je ne me suis pas planté cette fois, ça rentre au chausse-pied
Et j'ai posé et réglé les pot sur la plaque électronique. Il faut encore câbler et souder, ça ira vite.
- Le fondur est sec, je peux désormais poser le vernis de finition brillant! C'est parti (dans le grenier), toujours en vertical
Apres les premières couches, un aspect peau d'orange apparait. Cela est dû au vernissage à la verticale, il va donc falloir poncer régulièrement entre les couches (idem que pour le fondur, un coup de 800 toutes les 5 couches)
Apres 1,5 bombes vidées (il faut que j'en garde un peu pour la tête), je peux passer au ponçage final. La couche de vernis n'est pas bien épaisse, et j'ai une trouille bleue de passer au travers : je décide donc d'y aller au 2000 a l'eau, histoire de ne pas enlever trop de matière. Il me faudra des heures et des heures mais j'approche progressivement de l'objectif
L'aspect peau d'orange disparait petit à petit, par contre à ce stade je réalise qu' il restera toujours quelques micro-crevasses au-dessus des nervures du bois, en raison du bouche-pores que je n'ai pas fait suffisamment rentrer, et au fondur qui n'a pas été appliqué en couches suffisamment épaisses. Je décide néanmoins d'en rester là.
- Vient ensuite le moment le plus galère, auquel je ne m'attendais pas : la pose du logo sur la tête
Lors du premier essai, le vinyle se voyait beaucoup : je pense que je l'avais pose sur une surface qui n'était pas suffisamment poncée. On enlève!
Apres 3 essais infructueux (logo mal imprimé, ou qui se déchire lors de la pose) je finis par en poser un correctement, et le vinyle ne se voit pas du tout sous le vernis. En revanche, le détourage se voit vraiment beaucoup :
Je ne sais pas trop ce qu'il se passe, du coup j'enlève! Et là, le drame : le vernis casse littéralement au niveau des trous pendant le ponçage, et des larges fissures apparaissent
Le vernis était sans doutes trop peu sec, et de l'eau était rentrée dans les trous pendant les opérations de ponçage malgré les précautions prises. Il faudra attendre 3 semaines que le vernis sèche bien pour poncer et remettre du vernis avec un 5eme logo pour que l'ensemble soit acceptable. Le problème de détourage subsiste, j'apprendrai par la suite que le vinyle pose est bien trop épais.
Retour à l'atelier, j'ai la fausse bonne idée de finir le boulot a la polisseuse. J'ai passé un coup avec un disque mousse et du liquide de polissage 3000, et après une bonne 1/2 heure j'ai commencé à voir apparaître des micro-rayures de partout:
Je pense que la vitesse de rotation tait trop élevée et le disque mousse s'est légèrement désagrégé. Cela a généré ces rayures. Comme j'avais aussi acheté des bonnets en micro-fibre, je les ai mis au-dessus du disque (et réduit la vitesse de rotation de la polisseuse). Et après une finition a mano au fluide de finition, je peux respirer... A ce stade je dois travailler les arêtes notamment et certains endroit (le bout des cornes, l'accès aux aigus...) sont encore à finir. Il est vrai que ça prend un temps infini!
Une fois terminé, j'ai tout le loisir de me rendre compte que les férules que j'ai commande ne sont pas les bonnes une fois reçues , je fais appel à mon maitre luthier pour la pose et embraye sur le reste du hardware:
Ensuite, on s'occupe du manche : je dois élargir légèrement les trous des mécas au papier de verre, pas trop fort pour éviter d'abimer le vernis:
Et là, énième imprévu : l'axe des mécaniques est trop court et ne ressort pas suffisamment sur la tête. Heureusement, j'ai un jeu de vieilles méca US (mais chrome) que je monte en attendant, ce qui me permet de monter les cordes:
Et à ce moment, je réalise que râper le talon du manche était une connerie elle ira faire un tour chez le Luthier (Roger's Lutherie à Montpellier, hautement recommandables) qui va poser une cale sous le manche, régler l'intonation et qui va également reprendre le pickguard que j'avais mal taillé.
Et je peux enfin la brancher! Et bien, ça sonne franchement pas mal! le corps est agréable et résonnant, le manche est un régal sous les doigts. Je ne me suis pas planté sur les micros , ça crache sans être trop moderne.
On est encore en train de faire connaissance donc ça évoluera sans doutes dans le futur, mais globalement, c'est une très bonne surprise. Comme je m'y attendais le micro manche ne sonne pas 100% strat mais on n'est pas loin. En tous cas dans l'ergonomie, c'est vraiment top confort.
En conclusion, je suis content de l'expérience: j'ai dû faire toutes les erreurs possibles et j'ai doublé mon budget de base mais l'apprentissage est riche. Il ne faut pas voir ce genre de projet comme un moyen de se faire un bon instrument a pas trop cher (j'aurais pu m'offrir une Luke 2 d'occasion pour le même budget...) mais bien comme un passe-temps avec une finalité gratifiante. Pour qui a un peu de temps libre et a envie de faire quelque chose de ses 10 doigts, c'est juste du bonheur Je crois que je me souviendrai longtemps des premières notes qui en sont sorties. Et putain, c'est MA guitare!
Les guitaristes sont des cons.
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