Avec son dernier album studio en date, Revelation, sorti en 2008, Journey est parvenu à réaliser ce que très peu de groupes vétérans arrivent à accomplir : décrocher un nouveau disque de platine aux Etats-Unis. Mais, en fin de compte, ce million d'exemplaires vendus ferait presque pâle figure à côté des cinquante millions de disques écoulés sur le territoire américain seul ! Toujours relativement inconnu en France – ou au mieux synonyme de groupe has been des années 80 – Journey était de passage l'été dernier au Bataclan de Paris où nous avons pu nous entretenir avec le vénérable Neal Schon qui allait, quelques heures plus tard, éblouir les Franciliens présents par son jeu de guitare limpide et sans faille.

Cela faisait plus de trente ans que Journey n'avait pas joué en France (rires). Aviez-vous tout simplement oublié que ce pays existait (rires) ?
Neal Schon : Pour ma part je suis venu en 1997 je crois avec Paul Rodgers pour jouer un concert avec lui. Quelques années auparavant j'avais également fait quelques démos pour une marque d'amplis de guitare. J'étais alors allé dans toutes les capitales européennes dont Paris, évidemment. Je me rappelle que j'en avais profité pour aller jammer lors de mon jour de repos à Paris dans quelques petits clubs. Quant à Journey... En fait, nous ne savions pas que nous avions des fans en Europe ! Cela faisait longtemps que nous voulions venir mais c'était assez dur de trouver un tourneur qui veuille arranger le coup.

Vous avez un nouveau – jeune – chanteur : Arnel Pineda. Comment est-ce qu'il a intégré une machine aussi bien huilée que celle de Journey ?
Neal Schon : Grâce à sa voix ! Dès que je l'ai entendue, je me suis dit qu'il pourrait nous rejoindre et s'intégrer sans problème à notre style. J'ai toujours eu de bonnes intuitions pour « mélanger » des musiciens. Je sais d'avance, sans même les écouter ensemble, si tel bassiste ira bien avec tel batteur. Arnel avait une tessiture parfaite pour nos vieux morceaux mais il est également capable de faire bien plus que cela. Nous pouvons aller dans des territoires bien plus rock dorénavant. Nous ne sommes plus limités maintenant.

Tu avais l'impression d'être limité au sein de Journey ?

Neal Schon : Disons que nous pouvons explorer de nouvelles choses maintenant. Je ne sais pas encore trop quoi mais ça va venir (rires). Pour Revelation, toutes les chansons, mises à part deux, sont arrivées au dernier moment et je pense que ce sera toujours comme cela que nous allons fonctionner. Souvent quand nous préparons des chansons à l'avance, quand vient le moment de les enregistrer, nous les aimons un peu moins (rires). Nous devons alors les réarranger. Donc autant tout faire en studio.

Y a-t-il des titres de Journey – peut-être même certains de vos tubes – que tu n'aimes plus trop maintenant ?
Neal Schon : Le public me fait toujours aimer à nouveau nos hits car il les adore tellement. Nos fans connaissent chaque parole, chaque mélodie et chaque nuance : c'est merveilleux et ça me rappelle ainsi que nos chansons ne sont pas si mauvaises si elles arrivent de la sorte à se graver dans la mémoire de notre public. Je serai donc sacrément égoïste de ne plus jouer ces titres. Si je voulais être égoïste, j'irais dans un bar et je ferais un show solo focalisé sur ma guitare (rires).

Vos tubes ont été écrits dans des styles proches mais à chaque fois avec une personnalité bien ancrée. Au fil du temps, as-tu mis au point une recette magique pour écrire un tube ?

Neal Schon : Pas vraiment. En revanche, je sais juger du potentiel d'un titre en l'écoutant. Quand je compose une nouvelle chanson, initialement, je n'ai qu'un groove. Tout part de là : un tempo ou un rythme de batterie sur lequel se posent des accords de guitare. La plupart des trucs que j'écris possède de la mélodie dans ses accords. Même sans les paroles, on peut entendre tout de suite où va aller le morceau. Je suis bon pour les arrangements, tout comme Jonathan Cain. Lui et moi sommes des opposés similaires car lui lorgne plus vers les ballades et moi vers le rock. Mais j'écris des ballades aussi donc (rires)... Nous ne nous bridons pas et essayons toujours de tirer le meilleur de nous-mêmes.

Avec Arnel à vos côtés, avez-vous redécouvert certaines des chansons de votre répertoire ?
Neal Schon : Pas vraiment « redécouvert » car nous jouons notre répertoire depuis huit ans. Arnel nous a toutefois permis de nous amener à un autre niveau car il nous inspire. Il a été un vent de fraîcheur pour nous tous car il est très généreux dans l'effort ! Revelation a été un gros succès sur lequel nous capitalisons encore aux Etats-Unis en sortant de nouveaux singles.

Dans tout ce qui a été composé par Journey depuis les débuts, y a-t-il certaines parties de guitare que tu juges particulièrement exceptionnelles ?

Neal Schon : Quand il y a beaucoup de mélodie, ça me plaît particulièrement. Souvent j'aime improviser quelques notes et jouer de manière un peu plus blues sur des mélodies bien connues pour intéresser le public lors de nos concerts. « Who's Crying Now » est souvent joué dans une version longue qui se prête à ce jeu d'improvisations que j'affectionne tant. Toutefois, le morceau de choix dans ce titre reste le solo qui était déjà présent dans la version studio. J'adore ce passage, surtout lorsque le public interagit avec moi. Nous avons récemment joué à Donington et le public là-bas a été incroyable dans sa manière de nous soutenir. On aurait dit nos choristes ! Cela a surpris beaucoup de gens car je crois que Journey n'était pas attendu à pareille fête dans ce cadre. C'était simplement trop court : quarante minutes uniquement. Je ne rappelle pas avoir joué si peu avec Journey à part en 1973 !


Journey – Revelation
Frontiers
www.journeymusic.com 
Journey de retour en France après 30 ans !

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