Certes, United Abominations avait permis à Megadeth de revenir sur le devant de la scène. Mais l’album n’en demeurait pas moins assez pauvre et les guitares extrêmement décevantes pour ceux qui étaient restés scotchés sur le jeu fulgurant de Marty Friedman. L’annonce de l’arrivée de Chris Broderick en provenance directe de Jag Panzer avait de quoi redonner du baume au cœur des fervents suiveurs de Dave Mustaine. Et quelques mois plus tard, en septembre 2009, Endgame confirme une partie des attentes. Incisif et virtuose, l’album montre à coup sûr le talent de Broderick malgré des compositions pas systématiquement bien senties. Nous avons profité que Megadeth soit encore en phase d’intégration de son nouveau gratteux pour faire connaissance.

Il semblerait que tu aies intégré Megadeth grâce au batteur du groupe, pourtant le frère de l’ancien guitariste…
Chris Broderick : Oui ! Lorsque Glen Drover avait décidé de partir, les deux frangins avaient décidé de me recommander pour le poste ! Dave Mustaine m’a ensuite contacté pour voir si j’étais intéressé. Evidemment je l’étais. J’ai rencontré Dave et il m’a expliqué comment ça se passerait. Nous avons joué un peu ensemble et nous nous sommes rapidement mis à bosser pour voir si nos personnalités étaient compatibles. Tout a été très vite… Il le fallait car il y avait une vingtaine de titres à enregistrer et Dave ne voulait pas chômer.

As-tu passé une audition ?
Chris Broderick : En quelque sorte… J’étais seul ! J’ai joué « Holy Wars » et des chansons de mon propre répertoire.

Du point de vue de la guitare, qu’est-ce qui est différent au sein de Megadeth par rapport à Jag Panzer ?
Chris Broderick : Le niveau monte d’un cran. On nous attend plus au tournant avec Megadeth. Je touche un public plus large maintenant et du coup je suis obligé d’élever mon niveau. Cela ne vaut d’ailleurs pas que pour la guitare dans le groupe. La façon de se présenter et de faire des interviews doit également devenir plus professionnelle.

Jag Panzer était effectivement moins connu que Megadeth. Néanmoins les gens qui avaient des disques de Jag Panzer étaient généralement de gros fans du groupe. Trouvais-tu que cette formation était sous-estimée par rapport à la qualité de la musique qu’elle proposait ?
Chris Broderick : Oui. Jag Panzer possède d’excellents musiciens et mérite davantage de compliments que ceux qu’on lui fait habituellement. Notre problème était le manque de tournées. Comment se faire connaître ne serait-ce que de nos propres voisins si on ne joue jamais de concerts ? Si nous avions fait connaître le nom du groupe je pense que nous serions arrivés à de bonnes choses car tout l’ensemble du line-up est sympathique et professionnel.

Avec Jag Panzer tu t’es fait connaître par tes longs soli mélodiques. Sur Endgame, ce n’est pas vraiment la même chose (rires)…
Chris Broderick : C’est sûr. Ils sont effectivement plus courts mais ils reviennent plus rapidement. Je les vois comme de petits interludes en réalité. Je sentais de plus qu’il me fallait diversifier mon jeu en rejoignant le groupe. Je voulais mettre l’accent sur les sonorités trash, punk et les gammes pentatoniques. Je sonnais très lisse auparavant. Je voulais être un peu plus sale…

Qui a eu l’idée de faire une intro (« Dialectic Chaos ») au nouvel album sous la forme d’une sorte de jam thrash instrumental ?
Chris Broderick : Dave. Il avait cette idée en tête ainsi que tous les éléments pivots de cette intro. Nous avons construit les soli ensemble à partir de ce rythme incroyable qu’il avait composé.

Tu as co-écrit un titre, “The Hardest Part Of Letting Go”. Penses-tu pouvoir davantage t’exprimer dans la composition à l’avenir ?

Chris Broderick : J’espère. Tout dépend de ma capacité à capturer le son de Megadeth et des idées de Dave. Pour mon premier album avec le groupe je suis déjà très honoré d’avoir pu contribuer à la « moitié » d’une chanson. C’est assez difficile de s’immiscer dans une machine aussi bien huilée que ce groupe quand on vient d’un background totalement différent.


Pensais-tu à A Tout Le Monde lorsque tu as écrit cette power ballad ?

Chris Broderick : (rires) Non, en fait ! C’est nettement plus simple. Dave avait écrit le début du titre à la guitare acoustique. Il pensait initialement utiliser ça seul comme interlude entre deux titres. Andy Sneap, le producteur, voulait qu’il rajoute quelque chose pour en faire une vraie chanson. J’ai essayé de jouer des trucs à la suite de cette intro pour accentuer le côté mélodique et Dave a accroché. Du coup il a pu finir le titre en composant la dernière partie. Avec nos va-et-vient nous avons réussi à faire d’un interlude une véritable chanson !

Pour les concerts, as-tu éprouvé des difficultés à adapter ton jeu aux anciens titres du groupe ?

Chris Broderick : C’est toujours dur de reproduire le phrasé d’un autre guitariste. C’est le plus dur quand je dois décortiquer un solo. N’importe qui peut jouer les bonnes notes mais reproduire le feeling, les nuances, les bends, etc, ce n’est pas simple. La difficulté est accentuée par le fait que Megadeth a connu de nombreux guitaristes dans son histoire. A chaque fois je dois rentrer dans leur esprit pour bien les comprendre… Techniquement je n’ai pas eu de mal. Mais le phrasé m’a posé des problèmes. Glen Drover était sûrement le gars dont la vision se rapprochait le plus de la mienne.


Megadeth – Endgame
Roadrunner
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Megadeth : Chris Broderick, la relève de Marty Friedman