Maton MS500 et MS2000

Publié le 10/12/2012 par Erig Le Badec
Maton Musical Instrument Company, fondée en 1946 par l'australien Bill May à Melbourne, est toujours une affaire de famille. Nous vous proposons aujourd'hui un test de deux modèles phare de la marque, la MS-500 et la MS-2000 Deluxe.
Avec des utilisateurs aussi prestigieux que Josh Homme, George Harrison, John Butler et Elvis Presley (dans le nanar Jailhouse Rock, c'est une Maton !), presque soixante ans d'existence et à ce jour plus de 300 modèles créés, il est bien dur d'assimiler Maton à un énième fabriquant de copies de standards. Les guitares électriques de la marque, bien que basées sur des archétypes de lutherie qui ne sont pas nouveaux (demi-caisses et solid body équipées d'une paire de humbuckers, manche collé ou vissé) présentent certaines singularités au niveau du design, et ont avant tout leur propre son, une sorte de compromis entre Gibson et Duesenberg , voire Gretsch , avec des basses généreuses et élégantes. Voyons ça de près !

Lutherie

Pour la MS-500, évolution d'un design original datant de 1958, nous avons un corps massif en « Silver Silkwood » (variété d'érable australien), un manche vissé en érable du Queensland (australie, toujours, mais selon le site de Maton, cette essence est une excellente alternative à l'acajou...) de diapason 25.5 avec une tête de type 2x3 équipée de mécaniques Grover, une touche en palissandre, et un chevalet de type tune-o-matic. Le volumineux pick guard affirme l'appartenance de la MS-500 à la famille des guitares au look résolument rock'n'roll. Le petit plus vient du design du sélecteur de micro, en forme de levier de machine à sous old style, absolument charmant, dont les positions ne sont pas « Rhythm/Middle/Treble » mais « Cool/Midway/Hi-Fi » ! Équipée d'une paire de humbuckers splittables Maton à aimants céramiques, contrôlés par un volume, une tonalité et un mini switch pour le split, elle a tout d'une guitare hyper polyvalente, mais racée.



Quant la MS-2000 DLX, nous voilà davantage sur un design les-paulien, à ceci près que le manche est en érable, et le diapason est toujours de 25,5. Le corps est en érable du Queensland (aux propriétés proches de l'acajou), la table en blackwood de Tasmanie, une variété d'acacia. S'ajoutent un accastillage chrome, chevalet et cordier Tone Pros, réputés pour leur justesse, et une paire de Humbuckers Maton à aimant alnico 5, contrôlés par deux volumes, deux tonalités et un sélecteur à trois positions. Nous avons donc une guitare d'esprit plus sage et classieux que la MS 500.


Sur le terrain

La MS-500 est une petite teigneuse. L'esprit très médium, nerveux mais aéré frappe d'emblée. Grand confort de jeu, le manche au diapason « strat » est un atout sur ce type de guitare. Le sustain est généreux sans être incroyable. Le sélecteur est un vrai bonheur et donne envie de jouer avec. Autre bonne surprise, la différence de niveau entre les câblages humbuckers et simples bobinages est vraiment minime. Ici sur un Fender Deluxe Reverb 65', en son clair, on profite d'un panel très large de sons, d'un timbre sombre, sobre et bluesy avec le micro manche jusqu'à un quasi « twang » avec le micro chevalet splitté, tout en gardant la couleur sonore de base de la guitare, tubulaire et nerveuse. L'attaque n'est jamais trop prononcée et désagréable. Elle disparaît vite pour laisser place à une belle résonance. En saturé, le son est plein, défini, mordant, l'attaque se révèle. La MS 500 tient de la Les Paul Junior, et rappelle également certaines Duesenberg.

La MS 2000 parle d'une voix plus grave. Elle a plus de corps, plus de sustain également. Son niveau de sortie est nettement plus élevé et elle s'en tirera moins bien que la MS-500 dans le registre des rythmiques bien tranchantes et dynamiques, mais se révélera être une excellente guitare jazz/blues et heavy rock, à l'instar d'une bonne Les Paul Custom, sans en être un clone : elle garde le côté « tubulaire » du son Maton. Le son, en clair comme en saturé est crémeux à souhait, avec un petit peak dans les aigus qui permettra à fort gain de faire ressortir des effets de jeu énervé comme les palm-mutes et de belles harmoniques sifflantes. Les phrasés blues lents et articulés à la BB King seront magnifiés. Son niveau de sortie est assez conséquent, ce qui est un plus sur certains amplis comme beaucoup de circuits type Fender, mais il sera difficile sur d'autres amplis d'obtenir un vrai son clair.

Verdict

La MS-500 est originale, attirante et fun. Elle est belle, bien construite, ultra polyvalente (quoique non destinée aux joueurs de black métal), et elle n'a pas vraiment de défauts. C'est le coup de coeur de ce test. La MS-2000 est beaucoup plus classique, presque sans surprise, mais de conception très sérieuse et conviendra à ceux qui cherchent une très bonne Les Paul chaleureuse sans avoir le budget adéquat.



Enregistré chez Woodbrass sur un ampli Fender Deluxe Reverb 65'.

Prix public de la MS-500
: 1080€
Prix public de la MS-2000 : 2150€.

Les plus
La polyvalence, le look, le côté nerveux de la 500
Le côté classique et classieux de la 2000
Le confort de jeu (500 et 2000)

Les moins

Pas grand chose ! Le volume de sortie de la 2000, peut-être un poil trop important.

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