Guitaristes de Jazz

Rappel du dernier message de la page précédente :
skynet a écrit :


Tout à fait.

Mais gérer une harmonie à 4 notes (propre au son du jazz) engendre des "complications" qui font appel à approfondissements.


j'entends bien , mais je parle de cet etat d'esprit imbuvable de ce milieu , pour te donner un exemple : jeff beck s'etait fait incendier par les jazzmen pour sa version , pourtant superbe, de good bye pork pie hat.
charles mingus lui avait envoyé un courrier pour lui dire qu'il avait adoré sa version , et beck dit (en gros) que des qu'on l'emmerde avec ce titre sur le fait qu'il est pas jazzman (= blaspheme, pas dans l'esprit, pas du vrai jazz , etc) ,il ressors la lettre .
ça resume bien ce que je veux dire : y'a des codes , un etat d'esprit tellement ancré et elitiste que meme jeff beck qui vient s'aventurer n'a pas sa place.
on dirait l'ena et le milieu politicien
skynet
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C'est superbe, au passage:



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Bonjour les trolls
bullfrog
Luna_jena, bien d'accord avec toi sur l'ensemble de ce que tu dis. L'affaire Mingus-beck ne m'étonne absolument pas, Mingus est un immense musicien, Beck aussi il n 'y a pas de raison qu'ils ne s'entendent pas. Il faut faire la distinction entre les crétins qui parlent de jazz et ceux qui en jouent.

mais c'est vrai que dans l'absolu c'est un milieu pêdant et prétentieux dans lequel je n'ai pas ma place, y a qu'à voir le faible taux de sourire ou de rire sur scène quand c'est du jazz qu'on joue et moi les musicos qui ont l'air de s'emmerder ou qui font le blasé sur scène, ils peuvent crever.

cela dit, cela dit.... je suis depuis 10 ans dans un trio jazz guitare bass batterie, on commence à avoir un bon petit niveau de très faible à bas moyen, mais on s'amsue, la chose première qu'on essaye de mettre en avant c'est le rythme, le groove (c'est d'ailleurs ça qui m'a amener au jazz de t bone walker à grant green) et on fait aussi nostalgia de Mingus c'est le genre de morceau qu'on adore tous les trois car il balance tout seul... ben oui écrit par un bassiste proxénête et bagareur....

Même si je m'intéresse parfois à la jeune génération, j'en reviens toujours aux fondamentaux green burrell montgomery martino pass hall et cie...

Voilà en gros je déteste le milieu du jazz mais j'adore en écouter et en jouer...
Thank heavens the Ampeg doesn't sound like a Deluxe Reverb!
bullfrog a écrit :


Voilà en gros je déteste le milieu du jazz mais j'adore en écouter et en jouer...


voila on est 2.
Adam Bopel
Luna_jena a écrit :
de ma vision : le vrai soucis c'est qu'a la base c'est une musique populaire , organique , intuitive, la suite du blues ,du new orleans (= une base festive quoi) ,qui s'est peu à peu transformée en truc intellectualisé et plus "scolaire" avec des codes precis à respecter.
j'adore le jazz, (vraiment) mais j'ai vite arreté d'en faire (enfin d'essayer ) faute à l'etat d'esprit extremement pedant et superieur qui regne sur ce style de musique par ceux qui la font (desolé mais c'est mon experience) , qui decoule de ce coté "scolaire" et "intellectualisé" , commme si du fait d'une harmonie plus elaborée , c'etait le truc "au dessus" du reste, alors que la base , c'est du fun, du plaisir le jazz ...
Ouais ... Vaste débat ...

Les codes ? Il y en a dans toutes les formes musicales, et plus généralement dans l'art. On peut en discuter, les remettre en question (ce qui, d'ailleurs, se fait) pour les dépasser, mais ils me semblent nécessaires (avis personnel).
Musique "intellectualisée" ? N'est-ce pas le cas de la plupart des formes musicales ?
Des tas de musiciens de Rock ont aussi ce travers (j'en connais), peut-être pour qu'on les prenne au sérieux ?
L'esprit pédant ? Ayant la chance (?) d'avoir des amis dans tout plein de genres musicaux différents (de la musique classique jusqu'aux "musiques ethniques"), amateurs et professionnels, je peux t'affirmer que cet esprit n'est pas l'apanage des musiciens de jazz.
Les musiciens avec lesquels j'ai eu le plus de mal avec ce type de posture (mais peut-être était-ce de ma faute ? A force de ne pas me prendre aux sérieux ...) étaient les musiciens classiques (pour les raisons que l'on peut imaginer : ce que cette musique connote, etc ...) et surtout certains guitaristes de jazz manouche : attention à jouer, à phraser dans l'esprit, sinon sacrilège!

Pour résumer, des crétins pédants, on en trouve partout, quel que soit le sujet (le jazz ne fait pas exception), mais je ne suis pas sûr qu'il faille en faire une généralité.
Je crois plutôt que cela nous parle de notre rapport à la musique, de ce que l'on y cherche, de ce que tel ou tel de style nous renvoie.
Adam Bopel a écrit :


Pour résumer, des crétins pédants, on en trouve partout, quel que soit le sujet (le jazz ne fait pas exception), mais je ne suis pas sûr qu'il faille en faire une généralité.


je te parle de mon experience perso.
meme les profs orientés jazz que j'ai eus etaient des mecs imbus de leur personne et de leur jeu et aucunement dans l'"humain" et la relation à l'autre, à l'enseignement.aucun ne m'a donné envie de continuer, de part leur comportement.
et bizarrement l'anecdote de jeff beck ne m'etonne pas du tout..bref y'a pas de fumée sans feu non plus.apres y'a des pourcentages de cretins pedants partout, mais j'ai l'impression qu'ils aiment bien les accords 4 sons en majorité
Adam Bopel a écrit :
et surtout certains guitaristes de jazz manouche : attention à jouer, à phraser dans l'esprit, sinon sacrilège!



à ce propos je trouve remarquable ce que fait sylvain luc sur ce classique à 2:20 , osant sortir des codes imposés, pour le plus grand plaisir du public ( et quel placement rythmique à partir de 3:10 !):
Adam Bopel
Luna_jena a écrit :
...
Comment te remercier pour cette vidéo, Luna ?

Moi qui ne suis pas vraiment fan (euphémisme) de jazz manouche, style que je trouve compassé, "rigide", prévisible, et dont les chorus sonnet tous pareils (pas taper ! avis perso), tu m'a donné envie de regarder la vidéo en entier ...

Ce qu'y fait Sylvain Luc est remarquable: mais bon, c'est un musicien que j'admire depuis longtemps car il a cette capacité de toujours me surprendre, quel que soit le contexte.

jorgebainesonne a écrit :
... C'est ce qui s'appelle cracher dans la soupe ça, non?
J'ai assisté à de nombreux concerts durant lesquels les musiciens n'avaient aucun mal à "arracher" quelques sourires et même à faire remuer des popotins! Pourtant ils ne jouaient pas de l'electro funk jazz ou des manoucheries de bas étage... Déplorer l’état d'esprit du milieux jazz ça me fait penser à la fable Le renard et les raisins....

C'est un peu radical, mais je suis assez d'accord avec ça.
bullfrog
Le renard et les raisins.... certainement,

Gascon sans aucun doute

tu as tout compris
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Allez chers amis j'y vais moi aussi de mon couplet

Quand on déplore la suffisance , l'intellectualisme , le manque d'humanité , l'esprit de sérieux , le sentiment d'appartenir à une caste , l'élitisme - et j'en passe- des musiciens de jazz et de la faune qui les entoure .... j'entends une sorte d'attente déçue ...
Comme si cette musique - et ceux qui la pratiquent - qui se présente d'abord comme un genre musical où règne la spontanéité liée à l'improvisation se devait - d'être populaire donc accessible , chaleureuse , simple , libertaire , truculente , pas guindée , festive .... tout le contraire de la musique classique quoi !!!

ouhais !!! sauf que, et cela est un poncif maintes fois rabaché ... il n'y a pas un jazz mais des jazz ....

de Sun Ra , à Sarah Vaughan , de Fats Waller à Albert Ayler , de Jimmie Lunceford à Gef Gilson , de Loulou Gasté à Olivier Benoit ....d'Eddie Palmiéri à André Hodeir etc etc ... inutile de chercher une communauté d'attitudes et de climats .

Comment s'étonner que nous ayons pu , en certaines occasions, avoir eu en face de nous des instrumentistes accaparés par leur art , soucieux de donner le meilleur d'eux mêmes ... voire de répondre aux exigence d'un leader exigeant qui leur montrera la porte si leur prestation est "insuffisante"

Et si au fond le jazz était avant tout une musique de tension et presque jamais un genre ou le repos et l'abandon dominent ... y avez vous réfléchi ?

Le Jazz fut et , est toujours selon les époques et les pays , successivement ou parfois simultanément ( chez le même artiste voire dans le même album ) festif , militant , cérébral , vocal , instrumental , récréatif , en petite formation ou en big band , sobre ou tonitruant , répétitif ou avant gardiste , fier ou bon enfant etc etc ...

Miles , Ellington , Coltrane pour ne citer qu'eux, furent des défenseurs sourcilleux de la culture afro américaine ce qui a pu les amener à adopter une posture rigide voire intolérante ... peut on le leur reprocher ?
Mingus déja cité , n'était pas un tendre à qui l'on pouvait sauter au cou ... mais je ne suis pas sûr que cela ait été en rapport avec sa musique

Que d'autres se la jouent ... se prennent pour des génies inspirés ... et manquent de modestie ... c'est vrai aussi .... et comme vous je le déplore et cela me rebute

Mais après tout s'ils font de la bonne musique ... c'est ce qu'on leur demande non ?

Tout ça pour dire que s'éloigner du jazz parce qu'il nous semble que les jazzmen ont une attitude hautaine et distante et semblent pour certains avoir un manche à balai dans le c... ( Ce qui est vrai !!! ) relève selon moi d'une généralisation hâtive et d'un cliché trop facile et donc très réducteur ...

Et qui est le perdant dans l'histoire ? je vous le demande ???
jorgebainesonne a écrit :
Jonathan Kreisberg, Gilad Hekselman, Lage Lund, Mike Moreno, Jesse Van Ruller etc... etc... Tous excellents guitaristes. Un peu formatés "Berklee College of Music " à mon avis... Les jazzmen d’aujourd’hui sont devenus sont des musiciens "classiques" qui abordent souvent la musique de manière conceptuelle et visuelle (la partition). L'oreille est devenue presque secondaire, ce qui donne des compositions alambiquées, complexes, où la "danse" est trop souvent absente!


oui oui d'accord avec ça

Berklee c'est presque devenu le Bolchoï du jazz contemporain

Mais pour autant ça ne me fait pas détester ceux qui en sortent ... quand ils ont quelque chose à dire de singulier et qu'ils savent trouver un mode d'expression personnel de par leurs compositions , leur son , leurs formations successives .
Et là pour les plus ambitieux il ne s'agit plus simplement de "jouer" de la guitare mais de construire une oeuvre ....
rapideyemove
jazzplayer a écrit :
Allez chers amis j'y vais moi aussi de mon couplet

Quand on déplore la suffisance , l'intellectualisme , le manque d'humanité , l'esprit de sérieux , le sentiment d'appartenir à une caste , l'élitisme - et j'en passe- des musiciens de jazz et de la faune qui les entoure .... j'entends une sorte d'attente déçue ...
Comme si cette musique - et ceux qui la pratiquent - qui se présente d'abord comme un genre musical où règne la spontanéité liée à l'improvisation se devait - d'être populaire donc accessible , chaleureuse , simple , libertaire , truculente , pas guindée , festive .... tout le contraire de la musique classique quoi !!!

ouhais !!! sauf que, et cela est un poncif maintes fois rabaché ... il n'y a pas un jazz mais des jazz ....

de Sun Ra , à Sarah Vaughan , de Fats Waller à Albert Ayler , de Jimmie Lunceford à Gef Gilson , de Loulou Gasté à Olivier Benoit ....d'Eddie Palmiéri à André Hodeir etc etc ... inutile de chercher une communauté d'attitudes et de climats .

Comment s'étonner que nous ayons pu , en certaines occasions, avoir eu en face de nous des instrumentistes accaparés par leur art , soucieux de donner le meilleur d'eux mêmes ... voire de répondre aux exigence d'un leader exigeant qui leur montrera la porte si leur prestation est "insuffisante"

Et si au fond le jazz était avant tout une musique de tension et presque jamais un genre ou le repos et l'abandon dominent ... y avez vous réfléchi ?

Le Jazz fut et , est toujours selon les époques et les pays , successivement ou parfois simultanément ( chez le même artiste voire dans le même album ) festif , militant , cérébral , vocal , instrumental , récréatif , en petite formation ou en big band , sobre ou tonitruant , répétitif ou avant gardiste , fier ou bon enfant etc etc ...

Miles , Ellington , Coltrane pour ne citer qu'eux, furent des défenseurs sourcilleux de la culture afro américaine ce qui a pu les amener à adopter une posture rigide voire intolérante ... peut on le leur reprocher ?
Mingus déja cité , n'était pas un tendre à qui l'on pouvait sauter au cou ... mais je ne suis pas sûr que cela ait été en rapport avec sa musique

Que d'autres se la jouent ... se prennent pour des génies inspirés ... et manquent de modestie ... c'est vrai aussi .... et comme vous je le déplore et cela me rebute

Mais après tout s'ils font de la bonne musique ... c'est ce qu'on leur demande non ?

Tout ça pour dire que s'éloigner du jazz parce qu'il nous semble que les jazzmen ont une attitude hautaine et distante et semblent pour certains avoir un manche à balai dans le c... ( Ce qui est vrai !!! ) relève selon moi d'une généralisation hâtive et d'un cliché trop facile et donc très réducteur ...

Et qui est le perdant dans l'histoire ? je vous le demande ???


+ 1000.

À part que la musique classique n'est peut-être pas un univers aussi contraint et guindé que cela.
Je pense clairement ici à ceux qui la jouent, la font vivre, et en vivent, mal.

L'utilisation et la représentation sociales de la musique dite «classique», en revanche...
Mais, sur un autre plan, on pourrait nourrir le même genre de doute pour l'univers du Jazz.

Passons.
C'est assez secondaire, en fin de compte.

Pour me limiter à dessein au monde des pianistes de jazz, certains d'entre eux ont montré, au plus profond de leur jeu et, au delà, de leur souffle musical, que leurs héritages se comprenaient aussi à l'écoute de cette musique prétendument «classique».
Brad Mehldau et le piano "romantique", celui de Schubert tout spécialement (au moins selon moi, ce qui fait déjà foule...), Lenny Tristano et Bach, ou Bill Evans et Debussy (écoutez voir Turn Out The Stars : The Final Village Vanguard Recordings, ces quatre concerts enchaînés seul au début Juin 1980, trois mois avant de mourir).
Ou, de l'autre côté, Vladimir Horowitz écourtant un de ses concerts, tout en prévenant son public qu'Art Tatum était en ville, avant de se précipiter au concert du grand Voyant.
Samson François qui déclarait d'Art Tatum : « Il était vraiment génial dans sa manière de composer en improvisant ».
Lequel Art jouait d'oreille, à sa manière, et en concert la Valse en Do# mineur (Op. 64, No. 2) de Chopin.

...So and so...

Pour ne rien gâter en plus, et échapper à toutes mes considérations , ta sortie était bien envoyée, bien écrite, bon phrasé, de la cadence.

Ça aide à lire, et donne,
donne à penser.

Nice 'n'easy .
«Wir leben unter finsteren Himmeln, und –es gibt wenig Menschen. Darum gibt es wohl auch so wenig Gedichte. Die Hoffnungen, die ich noch habe, sind nicht groß. Ich versuche, mir das mir Verbliebene zu erhalten. »
Paul Celan, 18 mai 1960, Lettre à Hans Bender.
Leozinho
C'est pas réservé au jazz... Certains musiciens se la jouent "happy few" initiés, parce que c'est mieux pour pécho...
Les grands que j'ai pu croiser étaient à l'opposé de ça. J'ai diné avec Petrucciani, bu des demi avec Art Farmer au Petit Op, bu l'apéro chez Garros avec Michel Devillers, et bien d'aurtes, c'est l'opposé de l'image décrite.
C'est amplifié par le sentiment d'appartenir à une "secte", donc mystérieuse, donc séduisante !
Ceux là, c'est souvent inversement proportionnel à leur talent. Un côté aigri, jaloux avec le sentiment qu'ils ne sont pas reconnus à leur juste valeur.
Les vrais musiciens de jazz ou autres, ne sont pas sectaires : un des meilleurs contrebassite français de jazz que je connaisse joue AUSSI avec Little Bob !
Et en classique, c'est pire : ces pingouins même pas capable de jouer Satin Doll sans partition !
bullfrog
jazzplayer a écrit :
Et si au fond le jazz était avant tout une musique de tension et presque jamais un genre ou le repos et l'abandon dominent ... y avez vous réfléchi ?


très juste
merci
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bullfrog
Leozinho a écrit :
Ceux là, c'est souvent inversement proportionnel à leur talent. Un côté aigri, jaloux avec le sentiment qu'ils ne sont pas reconnus à leur juste valeur.
Les vrais musiciens de jazz ou autres, ne sont pas sectaires :


Bien d'accord

je ne voudrais pas que l'on se méprenne sur mes propos de tout à l'heure, c'était juste l'affirmation d'un sentiment que je ressent parfois (peut être bêtement ici en belgique)
j'ai juste parfois l'impression que le public est là pour se la faire "je vais au festival de jazz parce que moi je n'écoute pas de la musique de merde" ça ça me met mal à l'aise

un jour je demande après le concert d'un très grand guitariste belge "c'est quoi votre ampli ?" il me répond "c'est marqué dessus" et là au lieu de généraliser j'aurais dû me souvenir de pat martino quand il était encore actif sur le forum d'all about jazz et qu'il répondait gentiment dans les 24 heures à TOUTES les questions que les gens lui posaient, jusqu'à mettre des partoches de ses solos ou des images de ses règlages d'ampli....

bref
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En ce moment sur bla bla et guitare...