Marty Friedman a fait des choses étonnantes dans sa carrière. Mais une des plus surprenantes est son retour au premier plan avec Inferno. Alors que le guitariste était enfermé sous le label musique instrumental, il a réussi à réveiller l'intérêt du public grâce à des compositions tenant la dragée haute aux morceaux vocaux. Trois ans plus tard, il revient avec Wall Of Sound et ses quelques invités (Jinxx (Black Veil Brides), Shiv Mehra (Deafheaven) et Jorgen Munkeby (Shining)) pour un disque en tous points supérieur.

Rares sont les artistes à pouvoir mener une carrière de "guitar hero" sans trop sombrer dans la parodie. Un album instrumental où la guitare doit briller demeure parmi les exercices musicaux les plus périlleux. Pourtant, bien que quelques disques très moyens figurent parmi les entrées de la discographie de Marty Friedman, l'Américain s'est forgé une réputation de technicien hors pair et de songwriter convaincant. Logique donc qu'il tienne la distance sur ses LPs.

Wall Of Sound démarre très fort avec Self Pollution. Dynamique, fun, endiablé, ce titre doit autant à Megadeath qu'à Joe Satriani ou System Of A Down. Souvent taxée d'être ennuyeuse, la musique des guitar heroes peut se révéler palpitante quand elle est jouée avec la passion de Friedman et son entrain. Par la suite, il continue à nous enchanter. Le violon de Sorrow And Madness, plutôt que de miser sur la carte symphonique, accentue le côté romantique d'un instrumental dont la mélodie principale séduirait le Trans-Siberian Orchestra. Malgré la présence du quatre-cordes maîtrisé par Jinxx des Black Veil Brides, Friedman est loin de faire de la figuration.

C'est là que l'Américain excelle : en dépit de l'attention constante qui lui est portée, il sait se ménager des temps de respiration où ses leads passent momentanément au second plan pour mieux ressurgir. Rythmiquement, Wall Of Sound n'est clairement pas l'album le plus fascinant de l'année mais cela suffit à sortir le disque du simple exercice de style rébarbatif. Cela ne veut pas dire que des morceaux mineurs n'émaillent pas le tracklist. For A Friend est si quelconque qu'on ne reconnaît pas son auteur. Dans un autre registre, des sonorités asiatiques alourdissent The Soldier. L'idée n'est pas mauvaise en soi mais les notes choisies sont si évidentes qu'il tombe dans les poncifs.

On retiendra plutôt un Streetlight pas si éloigné que cela d'une version ralentie de Dragon Force. Quant à Pussy Ghost, le meilleur morceau du disque, il vrombit et menace durant presque six minutes. Son ambiance à la Danny Elfman surprend autant que ses influences death. Friedman démontre une polyvalence de jeu étourdissante sur cette piste où il est accompagné par Shiv Mehra. Enfin, Something To Fight, seule piste vocale sur Wall Of Sound, donne carte blanche à Jorgen Munkeby pour lâcher les chevaux. Il ne se fait pas prier et contribue avec joie à ce disque réussi dont tous les adeptes de guitare feraient bien de prendre connaissance.

Discographie :

 - Dragon's Kiss (1988)
 - Scenes (1992)
 - Introduction (1995)
 - True Obsessions (1996)
 - Music For Speeding (2003)
 - Kick Ass Rock (2006)
 - Loudspeaker (2006)
 - Exhibit A, Live in Europe (2007)
 - Future Addict (2008)
 - Tokyo Jukebox (2009)
 - Bad D.N.A (2010)
 - Inferno (2014)
 - Wall of sound (2017)

Tracklist de Wall Of Sound :

(en gras les morceaux essentiels)

 1. Self Pollution 05:53
 2. Sorrow and Madness 06:40
 3. Streetlight 04:05
 4. Whiteworm 04:35
 5. For A Friend 03:18
 6. Pussy Ghost  05:57
 7. The Blackest Rose 03:40
 8. Something to Fight 04:45
 9. The Soldier 03:57
 10. Miracle 03:53
 11. The Last Lament 06:56

 

Marty Friedman – Wall Of Sound

Prosthetic Records

www.martyfriedman.com

Marty Friedman - Wall Of Sound