Xaian a écrit :
j'ai ecouté pas mal de jeunes bluesmen: Joe Bonamassa, Kenny wayne Shepherd, Eric Gales [...] ce qui ressort [...] c'est que pour beaucoup de personnes, ces gratteux sont bons mais qu'il ne proposent rien de neuf.
Hummm, il y a aujourd'hui beaucoup de familles au sein du blues. Tout dépend de la vision que l'on en a (et encore ici tu sembles parler du blues électrique)... Pour ce que j'ai pu entendre de ces gars, ils sont certes hyper doués côté instrument, mais côté excitation, mon électro-cardiogramme reste plat: du blues gentil et super propre sur lui, ultra sirupeux, presque du blues "diabétique", trop lisse pas assez d'aspérités. Enlève leur le solo, il ne reste pas grand chose.
Pour beaucoup, en caricaturant, le blues (électrique) c'est un solo, de préférence lancinant pour mieux faire pleurer dans les chaumières, qui se joue les yeux fermés au ciel, avec avant et après un semblant de chanson, saupoudré de "whoah quel feeling" par-ci par-là, à croire que le titre est écrit autour du solo...
Je n'ai rien contre le solo, mais pour moi le blues, c'est autre chose, c'est avant tout une rythmique, qui peut être sauvage comme en pondaient Robert Johnson, Bukka White ou plus proche pour l'électrique Elmore James ou Hound Dog Taylor. Le solo, ils s'en tapaient, et pourtant même aujourd'hui, je trouve leur blues plus vivant et excitant que l'intégrale de Lucky Peterson et Poppa Chubby réunis, qui restent très "cliché" (question de goût personnel hein), tout comme BB King est devenu malgré lui un cliché avec "The Thrill Is Gone" . En ce sens à la fin des 60's le blues s'est figé en un truc politiquement correct, une sorte de Canada Dry... Maintenant je ne dis pas que le solo n'a pas sa place, loin de là, juste que malheureusement aujourd'hui c'est la seule chose que les gens (guitaristes et public) en retiennent...
Xaian a écrit :
d'ou l'idée de ce topic: y a t-il un gratteux qui innove, ou le blues est-il en train de ce noyer dans son propre jus? que faudrait-il pour donner un nouvel élan au blues?
Pour moi, le problème n'est pas vraiment de savoir si un gratteux innove (on retombe vite dans le solo là, encore qu'en shred-machin-chose ça la question se justifie plus), mais plus de savoir par quel bout on s'y prend.
Du coup, dans le blues électrique euh "actuel", je me retrouve plus dans le "Orange" ou le Now I Got Worry" du déjà cité Jon Spencer Blues Explosion, plus proche pour moi de l'esprit blues de ceux que j'ai nommés plus haut: ça braille, ça couine, ça sent le sexe et la sueur. De plus ils ont contribué à faire re-découvrir des types comme RL Burnside ou Junior Kimbrough qu'ils admiraient et étaient eux même très abrasifs (le label Fat Possum en passant fait un chouette boulot en la matière).
Encore plus récent, le dépoussièrage du St James Infirmary Blues, de Stop Breaking Down par les White Stripes , ou encore les Blacks Keys (qui viennent même de se fendre d'un 6 titres de reprises de Kimbrough), ça a un côté viscéral qui secoue plus le cocotier...
Maintenant, je n'ai absolument rien contre les Lucky Peterson, Tommy Castro et toute la clique. Au contraire, vive la diversité, il en faut pour tous les goûts et le blues est une famille aujourd'hui bien large où chacun peut y trouver son compte.
"My baby wants to rock'n'roll..."