Suite à quelques discussions sur divers forums consacrés généralement au matos et au désarroi de certains face à la difficulté de s'y retrouver dans cette quête du Graal qu'est la recherche du SON je lance ce post au titre un peu pompeux pour discuter de ce que l'on cherche, de l'analyse que l'on a du son que l'on obtient avec son matériel, de l'analyse du son que l'on recherche à partir de références sonores discographiques ou entendues en live.
Le plus difficile à vaincre dans ces analyses c'est l'habitude, la tradition, le conformisme qui nous tient en permanence, que l'on entretient même sur ces forums; les associations d'idées faciles, les préjugés, les modes, l'attirance envers certains matériels pour des raisons tout autres que le son auront dans 90% des cas l'avantage.
Pour commencer pour parler d'analyse sonore il faut partir du fonctionnement de notre système auditif, à savoir notre oreille avec le cerveau derrière. Le son tel qu'on le perçoit a certaines propriétés mais il est très difficile de les mémoriser, les comparatifs sont possibles essentiellement en mettant l'une à côté de l'autre les différentes options. L'oreille est ainsi faite que si on prend 2 amplis HiFi exactement du même modèle et que l'un est 1dB plus fort que l'autre, on trouvera le plus fort meilleur. De plus la courbe de réponse de l'oreille varie en fonction de la fatigue, de l'environnement sonore, de la température...
On part là-dessus, notre quête étant le matos qui va permettre de sortir le son qu'on a dans la tête.
Comment choisir?
D'abord le son que l'on cherche, on l'a entendu sur des disques ou en live, dans les 2 cas le système de restitution entre en compte. Sur les disques la guitare a subi divers traitements avant d'être mixée aux autres instruments, le principe étant de réduire la dynamique à l'aide d'un compresseur pour l'adapter au support et faire que tous les instruments soient audibles, donc on ne garde en général que les fréquences utiles du signal en utilisant un EQ. On va avoir le même genre de traitements en live si la guitare est reprise en sono, donc dans les 2 cas le son est déjà passablement différent de ce qui sort de l'ampli. C'est à force d'écoute qu'on apprendra à détecter les effets appliqués et qu'on pourra déduire le son original, mais çà ne restera qu'une déduction, complètement subjective.
Pour le choix matos, sur le ouebe on trouve des samples, qu'on va écouter sur des enceintes de plus ou moins bonne qualité. Ces samples ont été enregistrés plus ou moins n'importe comment, avec du matos différent, des réglages différents, un post traitement, bref à part une petite idée de ce que çà peut faire si derrière on a une bonne description de ce qui est enregistré et dans quoi çà passe on ne pourra pas en déduire grand chose car on n'a pas de référence.
Pour aider (?) on se renseignera auprès de gens avisés sur des forums, avec un peu de chance on va tomber sur des gens qui ont un peu les mêmes goûts et qui sont ouverts, avec un peu moins de chance on va tomber sur des gens qui vont réciter les leçons du rock'n roll, parler de son et matériel "ultime" comme si la diversité n'existait pas, bref c'est pas d'un grand secours, on n'a toujours pas de référence commune.
Comment çà finit
On en reste là avec une guitare entre les mains un câble et un ampli, éventuellement qq effets entre les 2. Le plus difficile est d'abord de s'affranchir des réflexes (ex: Fender, Gibson, PRS, lampes, TS9 t'en veux une? regarde ma signature!, Marshall, VHT...) et des grandes leçons du rock'n roll (tout à fond, sur la gratte comme sur l'ampli...). Si les boutons sont là c'est pour qu'on les tourne, et on a le droit de faire 0,10,0 sur l'ampli avec le volume à 4 sur guitare et le tone à zéro. Le fait d'avoir du matériel ne doit pas générer de la frustration (c'est pas une vraie Les Paul dans un JCM qqchose), on doit juste se poser les bonnes questions: quand on joue, qu'est-ce qu'on aime, qu'est-ce qu'on aime pas, et formuler tout çà clairement.
Si après moult essais on n'est pas parvenu au résultat escompté, c'est qu'il faudra changer qqchose, mais quoi? L'important c'est que maintenant on a une référence dans le cerveau, on sait ce dont est capable le matos. Dans ce cas là une autre guitare, celle d'un pote, dans le même ampli, la guitare dans un autre ampli,on se donne de nouvelles références. En écoutant la même guitare dans plusieurs amplis on va découvrir sa réponse générale et déterminer les éléments que l'on apprécie et qui méritent d'être mis en valeur par le reste de la chaîne. Même chose pour l'ampli, selon les caractéristiques des guitares on va voir ce qu'il fait, son boulot paraît simple à la base: amplifier un signal de base en ajoutant éventuellement de la distortion harmonique et en mettant en valeur/ en retrait certaines fréquences. En pratique les circuits électroniques vont avoir des comportements très différents d'un ampli à l'autre, réagir différemment selon le signal qu'on leur envoie, entre les déphasages et distortions diverses générés par les différents éléments on va obtenir le son final. En particulier les amplis vont naturellement avoir tendance à compresser certaines fréquences, c'est cette partie compression en fonction de la fréquence qui va donner beaucoup au caractère de l'ampli, c'est entre autres ce qu'ont étudié les gens de Line 6 par exemple pour leurs produits.
Ce qui en sort? on a créé des références, maintenant on a un repère dans lequel avancer, on peut formuler. Le son a une attaque trop violente avec mon jeu, faut il changer de guitare ou juste prendre un ampli qui compresse? le risque avec un ampli qui compresse trop c'est de manquer de dynamique quand il en faut... Pas moyen d'avoir des aigus étincelants pour un arpège, le son reste raide? essayer la guitare dans un autre ampli réputé pour être plus brillant, çà peut aussi bien être un pb de micros que d'ampli, pas adapté ou sous modulé, les composants travaillant largement en deçà de leur régime nominal. Si en tournant les boutons on n'y arrive pas, une petite pédale (boost, EQ) peut aider, sinon il faut changer un élément de la chaîne.
Un peu plus loin
Là où çà se complique c'est quand on se retrouve en groupe, car toute la chaîne a changé: la perception car les autres instruments et le volume général influent sur l'oreille, le mélange des fréquences, une salle différente et tout est à refaire. Là c'est uniquement l'expérience et une bonne qualité d'écoute qui permettra de s'en sortir...
Conclusion
Voilà, si çà peut aider certains à sortir du GAS ou de la frustration sans aller voir un psy... :-D
C'est pas parce qu'on fait de la guitare qu'on fait de la musique...