Avec « Part I – The Prophecy », ce n’est pas un simple CD qu’on pose sur la platine pour faire sonner les guitares (qu’on aimerait un brin plus en avant d’ailleurs). Il devient plus prenant encore de jouer le jeu avec les membres d’Amon Sethis, de s’imprégner de leur univers, de faire travailler son imaginaire, trouver son rôle dans ce concept (délirant de me prendre pour une déesse d’une septième dynastie fictive…). Pas moins de six voix chantent en hébreu, arabe, kabyle, anglais et nous font pénétrer dans la légende égyptienne. Atmosphère métal progressif garantie sur une trilogie prometteuse. Avec Amon Sethis, on entre dans l’histoire. Yeah !

Votre site est assez complet sur la genèse du groupe. Chacun d’entre vous peut-il nous dire comment il a rejoint et intégré ce projet de trois albums conceptuels autour de la septième dynastie égyptienne ?

Olivier Billoint (guitare) : J’ai été contacté au travail par Raphaël, le premier batteur du groupe et à l’époque stagiaire dans mon entreprise, qui cherchait des musiciens pour donner vie au projet Amon Sethis. Il en avait discuté avec Julien Tournoud, le chanteur. J’ai tenté ma chance et nous avons planifié une première répétition en nous laissant l’été pour travailler trois morceaux. Les trois premiers titres de Metropolis Part II de Dream Theater, histoire de faire simple. Puis nous avons commencé à écrire la musique de ce qui allait devenir notre premier EP, The Legend of the Seventh Dynasty.

Thierry Ventura (basse) : Je faisais partie (avec Thierry Delvaux) du groupe stéphanois Weirdland qui a cessé son activité en août 2011 après neuf ans de service sans vraiment prendre l'essor qu'il aurait dû. Nous avions eu l'occasion de partager des concerts avec Erato, le cover band dont faisaient partie Julien et Maurizio (le premier bassiste). Lorsque ce dernier a fait le choix de se retirer du projet pour raisons personnelles, Julien m'a contacté pour me proposer les deux postes. L'opportunité de rejouer avec mon copain Thierry (qui avait rejoint Amon Sethis un peu plus tôt) et de participer à un projet ambitieux, animé par des musiciens sérieux et volontaristes m'a aussitôt convaincu de rempiler ! Cela m'a permis au passage de découvrir la très dynamique scène métal grenobloise et de nouer de nouvelles relations extrêmement productives !

Thierry Delvaux (batterie) : Avec Weirdland, nous avons plusieurs fois rencontré Julien lors de concerts avec Hellixir ou Erato. C'est à un concert d'Amon Sethis à Saint-Etienne que Julien m'a appris qu'il était à la recherche d'un batteur. Au bout de neuf ans, Weirdland était entré dans une routine peu productive tout en réclamant un gros investissement personnel. Rejoindre le projet dynamique et ambitieux d'Amon Sethis correspondait à ce que je recherchais en tant que musicien. C'est ainsi que j'ai intégré le groupe.

Johann Fallout Koninckx (claviers) : J'ai rencontré Julien deux ans avant de rejoindre la formation, à ce moment-là, il avait déjà été question de me joindre à eux en tant que claviériste. Malheureusement, j'avais d'autres priorités (conjugales et étudiantes) et j'avais décliné l'offre. Deux ans plus tard et après de nombreuses péripéties durant lesquelles j'ai pris la décision de vivre à 100% dans la musique, je les ai revus avec le nouveau line-up et, autour d'un verre, j'ai appris que le poste était toujours vacant. Cette fois, ni une ni deux, j'ai accepté et foulais deux mois après ma première scène avec eux. J'avais déjà joué dans d’autres groupes, mais le niveau est tout autre. Il s'agit, de mon point de vue, du premier groupe avec lequel je tourne. Ce fut donc un choix simple mais lourd de conséquences... positives, heureusement.

L’Egypte est fascinante et mystérieuse, c’est vrai, et l’on comprend aisément combien elle peut être inspiratrice. Julien, tu es à l’origine de ce concept. Comment t’est-il venu ? Pourquoi l’Egypte ? Plongé dans les bouquins peut-être… ?

Julien Tourdnoud (chant) : J'ai toujours été un passionné d'histoire et effectivement j'étais plongé dans les ouvrages historiques dès le plus jeune âge (8 ans !). J'ai une maîtrise d'histoire ancienne et suis un féru de l'Egypte antique tout particulièrement, d'où mon grand intérêt à développer à travers la musique cette période de l'histoire que j'affectionne. Pourquoi l'Egypte ? Tout simplement parce que je trouve cette civilisation extraordinaire. En avance sur leur temps, ils ont été précurseurs dans des tas de domaines... Cette civilisation est fascinante comme tu dis, à tel point que très jeune je dressais la liste de tous les pharaons d'Egypte de la première à la 31ème dynastie ! D'où finalement le titre « Chosen by Rê » qui énumère la liste des pharaons des six premières dynasties. Un petit clin d'oeil...

Le mieux, c’est de l’écouter, on est tous d’accord, mais avec quels mots définiriez-vous votre musique ? Quelles sont vos influences ?

OB : Pour ma part, je dirai personnelle, puissante et variée. Concernant les influences, j’écoute beaucoup Circus Maximus, Death, Dream Theater, Yngwie Malmsteen, dans d’autres registres j’apprécie énormément la musique de Pat Metheny et George Benson.

ThV : Concernant la musique d'Amon Sethis, je n'ai pas d'influence particulière dans la façon de travailler sur les compositions. Bien sûr, j'ai un « patrimoine » musical qui se situe dans le métal des années 80 à 2000 mais je ne peux affirmer que ce que j'écoute m'influence en particulier lorsqu'il s'agit de participer à la composition.

TD : Bien qu'étant principalement influencé par le métal, j’essaie de rester ouvert à tous les styles. Pour ce qui est de la musique d'Amon Sethis, il n'y pas d'interdit à partir du moment où cela sert le projet, on peut donc s'engager dans des voies qui peuvent être surprenantes pour un groupe de métal.

JFK : Je rejoins Oliv' sur l'aspect personnel. Il est vrai que, tout le monde déversant ses influences dans nos morceaux, cela devient compliqué de poser des mots, mais le terme progressif prend son sens à mes yeux, car notre musique progresse réellement à travers divers genres, dépendant de nos préférences musicales. Je dois dire que je suis très éclectique, mais avec une tendance pour le mélodique. Pour exemple, j'énoncerais Hammerfall, Maiden, Dethklok, Sonata Arctica, Joe Satriani, Solstafir, Rhapsody, Korpiklaani bref, du métal de tous poils ;)

JT : Très variées. Devin Townsend, Kansas, Symphony X, Circus Maximus, Savatage, Shadow Gallery Ayreon en passant par tous les classiques Metallica, Megadeth, King Diamond, Sepultura, Death, mais j'affectionne aussi beaucoup d'artistes comme Loreena MacKennitt, Didier Squiban, Franck Zappa, Radiohead...j'écoute énormément de choses différentes car je pense que cela est essentiel pour enrichir l'originalité de la musique que l'on crée...

Qui fait quoi niveau compos et arrangements ?

OB : Julien, qui est à l’origine du concept, écrit les textes et apporte la thématique des morceaux. Pour ma part, j’apporte les thèmes musicaux. En répétition, nous sélectionnons tous ensemble les idées parmi les riffs proposés, écrivons les arrangements et mettons en place la structure des morceaux. L’objectif étant que le morceau « parle » à chacun de nous et que nous ayons du plaisir à l’interpréter et à l’écouter. Pour nous permettre de nous faire une idée du rendu final après écriture, nous enregistrons les répétitions.

JT : Nous avons une très bonne répartition des rôles dans le groupe et laissons la part belle à la communication pour exprimer nos idées. Pour ma part, j'apporte tout le concept écrit et j'oriente les idées musicales en rapport avec les thèmes abordés dans les différentes chansons, Olivier se chargeant de composer les thèmes musicaux ou d'arranger les quelques idées musicales que je peux apporter. C'est une alchimie qui a bien fonctionné pour le premier album et nous « remettons le couvert » pour le suivant.

L’album a été enregistré à l’IK Studio par Edddy Dorigny et masterisé au Masterdisk à New York par Andy Vandette (Slayer, Metallica...). Comment les avez-vous approchés et comment s’est organisé votre travail ?

OB : Julien connait Eddy depuis pas mal d’années. Il a enregistré, mixé et masterisé notre EP The Legend of the Seventh Dynasty. C’était la personne la mieux placée pour nous accompagner lors de l’enregistrement du premier album. De plus, il était mobile, ce qui nous a permis d’enregistrer sur trois sites : chez Eddy pour la basse, les claviers et les voix, dans le local de Pierre (notre batteur de l’époque) pour la batterie et chez les parents de Julien pour les parties de guitare où il fallait pouvoir pousser les amplis au-delà du raisonnable… Concernant le mastering, Eddy Dorigny ayant déjà collaboré avec Andy Vandette, il a pris contact avec lui et tout cela s’est fait très simplement, nous avons envoyé les pistes, reçu un premier master, réécouté attentivement, puis fait quelques corrections mineures.

Comment avez-vous réussi à financer votre album autoproduit ? Avez-vous été aidés, soutenus ? Si oui, par qui ?

OB : Le trois titres The Legend of the Seventh Dynasty et notre premier album Part I : The Prophecy ont été entièrement financés par nos propres moyens. C’était à l’époque une réalité plus qu’un choix personnel. Nous avons ensuite pu nous rembourser partiellement avec les ventes de l’album. Concernant Part II : The Final Struggle, nous aurons cette fois la possibilité de préfinancer en partie la production grâce aux cachets de nos concerts sur 2013, c’est pourquoi nous tenons à remercier les organisateurs qui nous font confiance lorsqu’ils nous invitent pour des festivals / concerts ainsi que notre public.

Côté guitares, amplis et effets, quel matériel a été utilisé ?

OB : Pour l’intégralité du premier album, j’ai utilisé une Musicman JP6 Piezo branchée dans une tête Laboga Mr Hector MKII, configuration simple et efficace du fait que je n’utilisais pas d’effets. Depuis l’année dernière, je joue sur une Parker Fly Classic montée en Seymour Duncan et branchée dans un Avid Eleven Rack, qui m’apporte plus de flexibilité au niveau du son et la possibilité de reproduire fidèlement en live celui de notre futur album. Elle fait aussi preuve d'un faible encombrement pour les tournées.

Vous jouez quelques concerts pour finaliser The Prophecy Tour et êtes également en pleine phase de composition du deuxième volet qui devrait sortir début 2014, Part II – The Final Struggle. D’autres actus et projets à annoncer ?

OB : Rien de plus à annoncer. Nous concentrons nos efforts sur la finalisation de l’écriture de Part II qui sera plus sombre, direct et surprenant que Part I. Nous allons terminer 2013 avec les quelques dates annoncées ci-dessous où nous partagerons la scène avec des groupes tels que Myrath, Primal Age, Asylum Pyre ou encore Sceau de l’Ange. 2014 sera pour nous l’occasion de proposer des concerts orientés vers le concept de The Legend of the Seventh Dynasty où nous jouerons des morceaux des deux albums avec un rendu scénique, nous l’espérons, encore plus imposant.

JT : J'ajoute que nous travaillons d'ores et déjà sur une tournée française au printemps 2014 avec des groupes de renommée pour promouvoir au mieux l'album qui, comme l'a évoqué Olivier, devrait sortir début d'année prochaine...

L’album a été très suivi par la presse metal, notamment. Elle attend la suite ! Mais de qui, de quoi auriez-vous besoin pour le bon développement du groupe ?

OB : Pour ma part, je pense que nous avons déjà beaucoup de choses : un line-up qui fonctionne sur scène et dans la vie, une visibilité croissante, de bons retours du public... Alors je ne vais rien demander de plus.

JT : Depuis 2009 et la sortie de notre trois titres The Legend of the Seventh Dynasty, nous développons notre musique et notre notoriété. À l'époque, nous jouions dans des cafés-concerts de la région grenobloise. Depuis, nous franchissons pas à pas certaines étapes pour jouer dans des salles plus imposantes ou des festivals aux côtés de groupes d'une certaine renommée (Nightmare, Dark More, Blaze Bayley, Black Rain, Electric Mary, Vanden Plas…). Que demander de plus ? De franchir à nouveau une étape supplémentaire, comme une tournée française voire européenne, et de partager l'affiche d'un gros festival. Nous aurions besoin de l'intérêt de certains tourneurs ou d'organisateurs de festivals pour concrétiser tout ceci.

Pas de question, la voie est libre pour dire ce que vous voulez !

Nous souhaitons tout d’abord remercier le label Brennus, en particulier Alain et Jérôme, pour nous avoir donné une chance suite à la sortie du premier album. Merci à toi Maritta pour ta gentillesse et le temps que tu nous as consacré. Merci à notre public et à nos familles pour leur soutien, sans eux, rien de tout cela ne serait possible. Enfin, merci aux organisateurs de concerts, chroniqueurs, photographes, ingénieurs du son, la plupart bénévoles, mais qui nous réservent toujours un très bon accueil. Pour ne rien rater de notre actualité, rejoignez-nous et suivez notre actualité sur les réseaux sociaux !

Les mots de la fin sont tirés du morceau « The Legend of the Seventh Dynasty » et vous invitent à venir découvrir notre musique, en espérant qu’elle vous fasse voyager…
Hear the story from the ancient times,
It’s my journey to Egypt land…
Straight through these words, you’ll be across the Nile,
Go back through time…
To discover the secret of the Seventh Dynasty


Dates de concerts :
Vendredi 17 mai – Première partie de Myrath au Brise Glace – Annecy
Samedi 18 mai - Première partie de Myrath au Jas’Rod – Marseille
Dimanche 19 mai – Seyssuel Fest – Seyssuel
vendredi 14 juin – Planer' Fest – Collombier Saugnier (69)
Samedi 14 septembre – 3 Days in Rock – Bologne (Italie)

Liens :
www.amonsethis.com
www.facebook.com/Amon.Sethis
www.myspace.com/amonsethis

Cette rubrique est aussi la vôtre, alors n'hésitez pas à envoyer vos productions pour être interviewé par Maritta Calvez à maritta[a]guitariste.com (remplacez le [a] par @).
[Scène ouverte] Amon Sethis débute un triptyque autour de l'Egypte