Salut les copains ! En cette triste période où la perspective de faire hurler les watts sur une scène immense devant une foule dense et hystérique s'éloigne comme le tempo du batteur ivre, bon nombre d'entre nous sont entre leurs petits murs pour essayer de satisfaire leurs envies guitaristiques. Du coup, on s'est dit comme ça qu'il était temps de vous pondre le deuxième de notre mini-série de tests de plugins de simulation d'ampli, afin que tu t'éclates devant ton PC au casque, sans déranger ta femme en réunion visio dans la pièce d'à côté.

Aujourd'hui, après le "Dinosaure" Revalver, nous allons passer à un outil bien moins connu, et bien plus récent, l'Axiom de chez Blue Cat Audio.

Contrairement à bien des fournisseurs de plug-ins de simulation, Blue Cat, petite entreprise informatique audio basée en région parisienne, n'a aucun lien de parenté avec un constructeur historique de matériel guitare. Elle a été fondée par Guillaume Jeulin, "simple" musicien et développeur passionné. Les premières productions ont d'ailleurs été des plug-ins génériques d'effets et d'utilitaires destinés aux producteurs et au "home-studistes", plug-ins d'ailleurs de très bonne qualité et commençant à se faire un nom dans le milieu de l'informatique musicale.

A... Aaaaa.... AXIOM !

...à vos souhaits ! Hum. C'est pas le moment de faire des blagues sur la crève, certes. 

Une fois sur le site de l'éditeur, on peut télécharger le logiciel, et constater un tarif de 199€ qui est certes une somme à débourser, mais qui reste dans la moyenne basse des tarifs pour ce genre de logiciels (Overloud TH-U et Helix Native sont bien plus chers par exemple). A noter, mais nous le développerons plus tard, que Axiom peut être considéré comme un bundle car il inclut les plug-ins ReGuitar, Destructor et Late Replies de la marque.

L'installation est rapide et simple, on choisit ses formats de plug-in favoris (VST, VST3, AAX, AU, pour ceux qui n'y captent rien j'y reviendrai peut-être un jour dans un article ☺ ), on lance, et c'est marre.

Je me suis fait un bleu

L'interface du logiciel, toute en nuances de bleu comme tous les produits de la marque, me semble très lisible et rassemble sur un même écran toutes les fonctionnalités. Sur mon écran 2K, certains boutons sont un peu petits mais je repère rapidement une petite icône avec une loupe : l'interface est redimensionnable pour adapter la lisibilité à chacun. Good !

Viennent ensuite les modules comportant notre système : un module central "ampli", un bloc pour accueillir des effets avant l'ampli, un bloc pour en accueillir après, un bloc input (entrée) et un bloc output (sortie), chacun comportant des emplacements pour les effets, ainsi que des contrôles de niveau et un accordeur. Jusque-là tout est simple, et on trouve assez vite les explorateurs qui nous permettront de charger ou d'enregistrer nos presets ou d'accéder à ceux d'usine. Il y en a un pour le global, et un plus spécifique pour la simulation d'ampli qui n'est rien d'autre que le plug-in Destructor de la marque.

Quoi d'autre ? ah oui, au niveau du module output, un limiteur et un contrôle "spread" définissent la largeur stéréo de notre signal de sortie. On sent que le développeur a une culture du mix et pas seulement de la guitare, et c'est une bonne chose !

Enfin au-dessus des modules principaux, un bandeau avec deux modules A et B et un bouton "mix", laisse entendre à raison qu'on pourra concevoir deux rigs dans un même preset et les mixer voire basculer de l'un à l'autre... voilà qui est très intéressant !

Une interface chargée mais bien organisée

Cinquante mille nuances de bleu

Bon pour commencer soft, je clique sur le bandeau de presets et là... ouffff ! J'ai compté, pas moins de 469 presets guitare et basse répartis dans 15 dossiers. Sans compter les presets internes à Destructor et aux autres modules. Je dois dire, trop de choix tue le choix et du peu que j'ai parcouru et testé, beaucoup d'entre eux sont d'une utilité ou d'une qualité discutables. Blue Cat, si vous me lisez, épurez-moi donc tout ça !

Afin de ne pas perdre de temps, j'abandonne assez rapidement l'exploration de presets et décide donc de me construire quelques sons, en commençant bien entendu par m'intéresser à l'ampli, Destructor qui est simplement le module central "amp" de l'interface globale.

Super loup Destructor !

(Ceux qui n'ont pas la référence pour le titre de ce chapitre, revoyez le sketch "les gosses" des Inconnus)

Destructor est donc le module central de Axiom, celui qui reprend l'aspect visuel d'un ampli, changeant selon les presets, avec les classiques réglages d'égalisation, de gain et de volume. Un terrain familier pour les guitaristes pour ce premier mode direct d'utilisation.

Pourtant, s'il est une partie de Axiom qui nous rappelle que Blue Cat n'est pas de culture guitaristique, c'est bien Destructor. En effet, ici point d'émulation, ni algorithmique ni à convolution, le module est basé sur des techniques d'égalisation multiples et de modules de saturation, y compris pour la simulation de HP. D'ailleurs en cliquant sur l'icône "E" du module, on entre dans son édition avancée et là... autant les possibilités sont immenses, autant je pense que la plupart d'entre nous s'y perdront. Fini les références structurelles aux amplis réels, nous sommes dans un contexte d'édition sonore qui sera plus familier aux aficionados de la synthèse. Blue Cat propose aussi une édition du son de l'ampli via un outil nommé "tone map" où l'on place différents amplis sur une "carte" et on déplace un curseur pour modifier le son. Cela me rappelle encore une fois des outils du monde de la synthèse, comme Omnisphère ou le Kaoss Pad. Les connaisseurs apprécieront, les traditionalistes se mettront en PLS.

Niveau son, comment dire... là aussi Destructor est particulier. Même si ses presets s'inspirent d'amplis connus, on est très loin de l'émulation. Ce n'est pas mauvais du tout car la réponse de Destructor au jeu du guitariste est étonnamment naturelle et dynamique, mais je dirais qu'on sent cruellement l'absence d'une vraie simulation de HP et qu'une mauvaise utilisation des EQ, d'ailleurs très sensibles, peut vite amener à un son assez... rude. Il manque l'ouverture, l'espace, et on garde toujours notamment en high gain un grain un peu sec et serré avec des aiguës un peu "nid d'abeilles" comme on dit.

Du coup, Destructor n'est pour moi pas excellent en tant que simulateur d'ampli pur, mais par contre c'est un gros outil créatif pour ceux qui aiment expérimenter, voire pourquoi pas se servir d'Axiom sur autre chose que des guitares. Les possibilités sont infinies, elles exigent juste d'y passer un peu...non, beaucoup de temps.

Ah, ça change de Gain/bass/mid/treble...

HOPOPOPOPOP vous pouvez rappeler les gens qui font mine de partir au fond de la salle ? ce n'est pas parce que Destructor est un ampli chelou que Axiom perd tout intérêt sur la guitare... et je vais vous expliquer pourquoi, patience ! 

Félin pour les autres

En effet, Axiom a une fonction que j'avais déjà survolé dans Revalver mais qui change tout : C'est un hôte à plugins. Chaque emplacement d'effet peut charger les modules embarqués dans le logiciel, mais aussi n'importe quel plug-in VST ou VST3 installé sur votre ordinateur ! Autrement dit, si Destructor ne vous plait pas, vous pouvez insérer votre émulateur favori sur un des slots mais aussi, par exemple, appliquer un simulateur de HP d'un développeur tiers (comme Wall of Sound, par exemple, au hasard) sur les sons de Destructor afin de leur redonner du réalisme et de l'espace. 

Vous avez donc toute latitude à user de vos sons favoris tout en pouvant continuer à profiter des autres fonctions et modules de Axiom. Notamment comme je vous l'ai expliqué, la capacité à mixer et à transitionner deux rigs différents au sein d'un même preset, ainsi que l'implémentation midi complète des paramètres d'effet (via une fonction LEARN qui rend le paramétrage très simple) et des program change.  Axiom peut donc aisément servir de "base" pour construire un rig contrôlable par midi, et pourquoi pas en live !

Le chat qui miaule

Bon du coup indépendamment de Destructor, j'ai pris le temps d'explorer un peu la qualité sonore des autres modules. Il y a à boire et à manger, mon impression globale est que les réglages possibles sont d'une étendue parfois (franchement) excessive, ce qui rend le peaufinage un peu délicat, particulièrement sur les effets de drive et de modulation. Mais avec un peu de temps passé, on peut obtenir de très bons résultats. J'aime beaucoup le chorus, les compresseurs, certains drives.

C'est toutefois en trifouillant qu'on commence à appréhender les plug-ins intégrés qui augmentent considérablement la plus-value de Axiom :

 - Reguitar qui fonctionne un peu sur le même principe que la pédale Keyztone Exchanger et qui vous permet à partir d'une même guitare d'accéder à d'autres configurations de micro. Toutes proportions gardées (on a quand même pas le son d'une Telecaster à partir d'une Les Paul), c'est très intéressant voire même assez bluffant sur les sons de guitare acoustique !
 - Late Replies qui est un plug-in de Reverb et Delay proposant de très belles sonorités et des Delay multitap complexes, c'est presque un multi-effets à lui tout seul pouvant créer des patterns rythmiques, des rebouclages et intégrer des effets sur les répétitions... là encore, on a un plug-in ultra-complexe et difficile à appréhender mais dont heureusement les (trop) nombreux presets sont beaux et rapidement utilisables.

Oui, ceci est "juste" le module de Delays !

Blue Cat Audio Axiom acoustic

Voici un extrait sonore de l'Axiom acoustic :

Blue Cat Audio Axiom bass

Voici un extrait sonore de l'Axiom bass :

Blue Cat Audio Axiom crunch

Voici un extrait sonore de l'Axiom crunch :

Blue Cat Audio Axiom lead

Voici l'extrait sonore de l'Axiom lead :

Blue Cat Audio Axiom rythm

Voici l'extrait sonore de l'Axiom rythm :

Note sur les samples : malgré la possible utilisation de plug-ins tiers dans Axiom, j'ai choisi de ne vous présenter que des sons travaillés avec les modules internes. Le résultat est meilleur si on ajoute d'autres choses, mais cela aurait à mon avis fait perdre du sens et de l'utilité au test.

Conclusion

J'ai passé vraiment du temps à réussir à vous pondre ce test, car Axiom est un OVNI au royaume des plug-ins pour guitare. Le rendu sonore des "simulations" d'ampli, s'il peut être agréable pour peu qu'on y passe du temps, n'est vraiment pas ce qu'on qualifierait de réaliste. Par contre pour tout le reste, c'est un véritable monstre, une usine à gaz ultra-riche en possibilités dans laquelle on pourra, pour compenser la faiblesse du logiciel, intégrer ses simulations favorites. J'ai été bluffé notamment par Reguitar et Late Replies, le premier pour son réalisme en pseudo guitare acoustique, le second pour ses possibilités créatrices quasi illimitées.

Donc, Axiom n'est vraiment pas pour le guitariste rock qui veut un outil simple et efficace pour la maison, mais plutôt pour le compositeur home-studiste qui ajoutera une arme redoutable à son arsenal créatif.

Note : Blue Cat a annoncé que seront prochainement intégrés dans Axiom ses nouveaux plug-ins Re-Head (optimisation du son au casque) et AcouFiend (simulation de feedback)

Les plus

 - Puissance
 - Fonctionnalités innovantes et complètes
 - Qualité des plug-ins inclus (Reguitar, Late Replies)

Les moins

 - Module d'ampli complexe et peu réaliste
 - Quantité de presets excessive et inutile
 - Complexité à la hauteur de ses possibilités, pas pour tout public

Test du simulateur d'ampli/effets Blue Cat Audio Axiom