Bénéficiant d’un effet de mode qui est monté en puissance depuis quelques années, les guitares « reliquées » ont désormais le vent en poupe. Soucieux de ne pas passer à côté de ce marché, Fender a sorti en début d'année toute une gamme d'instruments made in Mexico. Nous testons ici les modèles stratoïdes 50's et 60's, affichant toutes deux 1 123 euros.

Le principe du « relic »

Autant vous le dire tout de suite, j'étais vraiment dubitatif quant à l'utilité et à l'intérêt des guitares reliquées. Etant personnellement utilisateur d'une Strat’, amoureusement reliquée par des poignées de portes, des coins de fenêtre ou je ne sais quoi (le dernier accroc en date est du à l’une de mes incisives...), j'accorde à tous ces « pètes » une sorte d'affection. C'est un peu la marque qui différencie votre guitare d'une autre et qui apporte toute une histoire à l'instrument.
Autre aspect du relic qui me dérange, c'est le fait de ne pas prendre en compte les évolutions techniques. Il ne faut pas se voiler la face : c'est sympa les mécaniques vintages, mais par rapport à des mécaniques à bain d'huile, c'est moins précis et ça tient moins longtemps ! Pareil pour les pontets du vibrato dont les vis nous rentrent dans la main dès que le réglage est un peu bas...
Voilà pourquoi, je ne suis pas tellement relic. Mais à la suite de la découverte d'un constructeur de pièces reliquées, je me suis laissé séduire non pas par l'aspect, mais par l’espèce de confort de jeu que procurent ces instruments.
En ce qui concerne les finitions de ces instruments artificiellement vieillis, leur aspect généralement patiné, irrégulier et vivant, me plaît bien plus que les vernis brillants qui, à moins qu'ils soient d'une finesse réservée aux guitares haut de gamme, me font très mauvaise impression.
Pour terminer, il me semble que sur une guitare déjà bien abîmée, on est davantage enclin à plus rentrer dans la guitare quand cela est nécessaire. Peut-être a-t-on moins peur de faire une égratignure qui défigurera l’instrument, lui fai
sant perdre par la même occasion 200 euros sur sa côte...




Spécificités des Roadworn 50’s et 60’s
Pour ceux qui n'auraient aucun contact avec l'extérieur depuis les années 40, voici un bref récapitulatif des différences entre ces deux modèles stratoïdes 50’s et 60’s. Les connaisseurs peuvent sauter ce chapitre car Fender a scrupuleusement respecté pour les Road Worn les spécifications des modèles de la gamme Vintage de la marque. Les Vintages et les Road Worn ont les mêmes spécificités, mais les unes sont construites aux Etats-unis, les autres au Mexique.
Voici les quelques détails qui différencient les deux modèles Road Worn :

- manche en V et touche érable pour la 50’
- manche en C et touche palissandre pour la 60’

- plaque de protection 1 ply (seulement 8 trous) pour la 50’
- Plaque de protection 3 plys pour la 60’

- finition noire et deux tons sunburst pour la 50’
- finition Olympic White et trois tons sunburst pour la 60’


Ces deux guitares sont bien différentes et respectent ce que l’on attend d'elles. Ainsi, la 50's sonnera dans l'ensemble plus claquant et brillant que la 60’s.

Les micros Tex-Mex font un travail admirable et gardent une présence et un grain très agréables quel que soit l’ampli. Ceux-ci sont déjà très connus pour équiper pas mal d’autres modèles mexicains de chez Fender.

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Passons maintenant au principal, la finition !
Il faut admettre que Fender a mis le paquet. Les guitares sont très belles et reliquées juste ce qu'il faut. Certes, ils ne sont pas allés jusqu'à fendre les plastiques ou à utiliser de l’anhydrure de polyoxybenzylméthylèneglycol (si, si je vous jure...), autrement dit de la bakélite. Le résultat est fort satisfaisant. L'accastillage a lui aussi subi les foudres du Dieu relic. Mécaniques, vibrato et même prise jack, tout est patiné avec discrétion, ce qui n'est pas le cas du reliquage du corps. Usé jusqu'au bois par endroits, le corps est assez marqué à l'instar du manche, dont certaines parties sont plus usées que d'autres. Le vernis et la peinture sont craquelés ou ont carrément sauté. Tout cela apporte une sensation de jeu assez agréable.

En conclusion
Si l'on met à part les finitions, les Road Worn ont un goût de déjà-vu. Dotées de micros Tex-Mex ayant déjà fait leurs preuves, présentant une conception et des spécificités bien rodées, les Road Worn Stratocaster 50’s et 60’s offrent ce qu'on attend d'une Fender Stratocaster. On retrouve les sensations et les célèbres sonorités « flûtées » qui ont fait les heures de gloire de ces modèles. Concernant la finition, même pour les non-fans de l'aspect esthétique de la chose, cela vaut le coup de s'y pencher. Les sensations visuelles et sensorielles qu'apportent de tels changement font indéniablement varier notre approche de l'instrument. On a davantage envie d'attaquer furieusement cette guitare qui, d'un point de vue esthétique, ne craint pas grand chose... Reste le prix. Depuis quelques mois, les prix Fender ont pas mal augmenté. Du coup on se retrouve avec un instrument made in Mexico à un prix pas très loin des standards US. C'est bien dommage car les puristes de la marque préfèreront les Standard ou les Vintage, tandis que ceux qui se posent plus de questions pourraient se détourner de cette gamme pour une made in Mexico sans finition.

Fender Stratocaster Road Worn 50’ et 60’
*Prix public*
1123 euros

*Les plus*
 La finition reliquée
 Le son

*Les moins*
 Le prix

*Fiche technique*
Corps : aulne
Manche : érable
Touche : érable (pour modèle 50’s) et palissandre (pour modèle 60’s)
Micro : trois micros simple bobinage Tex-Mex
Pickguard : 1 ply (pour modèle 50’s) et 3 plys (pour modèle 60’s)
Vibrato : Vintage Synchronized
Contrôles : sélecteur 5 positions, un volume général et 2 tonalités (une tonalité micro manche et une tonalité micros central et aigu)
Finitions : noire et 2 tons sunburst pour la 50’s et Olympic White et trois ton sunburst pour la 60’s 

http://www.fender.fr
Fender Road Worn Stratocaster 50' et 60'