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Le schtroumpf le 08 Avr 2004, 20:08
un petit aperçu :
L'hypothèse fondamentale de Freud au sujet du rêve est simple : le rêve est un exutoire de l'inconscient «Tout le psychique étouffé apparaît dans le rêve. » Interpréter les rêves signifie découvrir leur sens relativement à une pensée inconsciente. Il nous est difficile aujourd'hui d'apprécier quelle fut la hardiesse de Freud en ce domaine.
Traiter le rêve comme une pensée véritable, cela choquait aussi bien la science que le bon sens, qui s'accordaient pour rejeter le rêve dans le domaine de l'absurde, de l'irrationnel ou de l'insignifiant. Comment d'ailleurs trouver l'unité de ce phénomène aussi divers que déconcertant puisqu'il y a des rêves longs, d'autres très courts, des rêves cohérents et clairs, d'autres inintelligibles?
Mais, pour Freud, la diversité ou la confusion des rêves ne sauraient être une objection suffisante pour les exclure de la recherche scientifique. Ce qui fait la science, c'est la méthode, non l'objet. Il faut admettre les traits du rêve tels qu'il sont, et les analyser sans mysticisme.
Technique de l’interprétation
Pour interpréter un acte manqué (oubli, lapsus) on avait demandé à l’auteur de cet acte manqué comment il en est-il venu à oublier ce mot, à prononcer tel mot à la place de tel autre. On procède de la même façon pour le rêve : on demande au rêveur ce que ce rêve évoque pour lui spontanément. Mais un rêve se distingue d'un acte manqué par la multiplicité de ses éléments.
Aussi la technique d'interprétation consiste-t-elle à découper le rêve en tous ses éléments. chacun d'entre eux devra être soumis à l'analyse séparément. Par exemple je rêve que je voyage en avion, que je me trouve assis à côté d'un ami qui me raconte une histoire, etc. Il faut trouver le sens de l'élément « voyage », « avion », « ami », etc., en les prenant à part et en laissant s'éveiller les images, les mots ou les idées qui surgiront par association autour de chaque élément.
La grande règle consiste à ne surtout pas se préoccuper de savoir si les associations qui se présentent sont absurdes et déplacées, ou raisonnables et pertinentes, justes ou fausses, cohérentes ou incohérentes. Comme toujours une certaine mise en suspens du jugement, une « neutralité » est une condition nécessaire de l'accès à l’inconscient.
A ce stade, nous comprenons pourquoi il est indifférent que le rêve lui même soit clair ou confus. Ce que l'on vise à restituer, ce n'est pas le rêve lui-même mais ce dont il est la manifestation. Aussi les souvenirs qui se trouvent suscités à propos du rêve comptent-ils davantage que son contenu explicite.
Parmi les associations d'idées qui naissent lorsqu'on analyse ses propres rêves ou ceux des autres, on est tenté de choisir, d'en rejeter une partie comme étant déraisonnable, sans rapport avec le rêve, ou désagréable à exprimer. Or, l’expérience, de la psychanalyse révèle que ce sont précisément les idées qu'on voudrait ainsi rejeter, refouler, qui sont toujours les plus proches de la vérité inconsciente à découvrir. Pour Freud, qui croit à un déterminisme psychologique, toutes les associations sont rigoureusement déterminées, commandées par l'inconscient.
La réaction qui consiste à rejeter une partie des idées qui viennent est une réaction qui a ses motifs inconscients et que Freud appelle la résistance. La résistance nous pousse à échafauder des arguments pour démonter l'absurdité des explications concernant les rêves. Cette t résistance plus ou moins consciente qui s'oppose à toute manifestation de l'inconscient est l'effet de la censure.
Fonction du rêve : Le rêve est le gardien du sommeil
Pour Freud, le rêve n'a pas seulement un sens dans la vie psychique, mais d'abord il a une fonction proprement physiologique. Il y a de toute évidence un rapport entre le rêve et le sommeil. Avant la psychanalyse, on ne pensait pas que le rêve pût avoir une fonction, un rôle à jouer vis-à-vis du sommeil. Freud est le premier à formuler l'hypothèse selon laquelle le rêve sert à protéger le sommeil contre toutes les excitations qui tendraient à l'interrompre.
Les excitations les plus fortes sont les excitations intérieures, et surtout celles qui viennent des désirs insatisfaits, car pour Freud, nos désirs ne s'endorment pas en même temps que notre conscience. Les rêves servent en quelque sorte à faire écran à toutes les perturbations. Mais le rêve transforme toute perturbation en lui faisant jouer un rôle dans une sorte de petite scène.
Ainsi celui qui dans son rêve voit tomber une pile d'assiettes, se réveille et entend alors sonner son réveil. Aussi Freud peut-il écrire : « Tous les rêves sont des rêves de commodité, faits pour nous permettre de continuer à dormir. Le rêve est le gardien du sommeil et non son perturbateur. » Tout rêve provient donc d'abord du besoin de dormir.
Sens du rêve : il est la réalisation (plus ou moins déguisée) d’un désir refoulé
Lorsqu'on analyse les rêves, on s'aperçoit que derrière toutes les traces de souvenirs qu'ils remuent, se tient un désir caché, qui est le plus souvent étranger à la vie éveillée du rêveur. C'est dans le cas des rêves d'enfants que le sens du rêve apparaît le plus clairement. Il n'est pas nécessaire d'appliquer une technique quelconque il est inutile d'interroger l'enfant : le rêve se trouve toujours expliqué de lui-même par un événement qui a eu lieu la veille.
Exemple : une petite fille vient de faire son premier voyage en mer, elle est si heureuse qu'elle pleure au moment de quitter le bateau; la nuit suivante, elle rêve qu'elle a voyagé en mer. Les rêves d'enfants ne subissent aucune déformation. Il apportent la réalisation directe, quoique hallucinatoire, d'un désir.
Chez les adultes, au contraire, il faut introduire une importante distinction entre d'un côté le « contenu manifeste du rêve », c'est-à-dire « ce que le rêve nous raconte », l'histoire ou la scène qui se déroule, et de l'autre côté ce que Freud appelle les « idées latentes du rêve », c'est-à-dire « ce qui est caché », le sens véritable.
Les désirs qui ne sont pas acceptés tels quels à cause de la censure figurent dans le rêve sous toutes sortes de déguisements. Pour comprendre le lien entre le contenu manifeste d'un rêve et les idées latentes, il faut saisir le mécanisme des déformations, des transformations auxquelles l'inconscient travaille. Freud appelle ce travail l'élaboration du rêve.
L’élaboration du rêve
Il s'agit de définir pour ainsi dire le secret de fabrication qui vaut pour tout rêve. Par le travestissement les désirs revêtent une sorte de masque qui fait qu'ils peuvent franchir sans se faire arrêter le barrage de la censure.
C'est comme si quelqu'un, à qui l'entrée d'un pays est interdite, prenait un faux passeport, se donnait une fausse identité, mettait une moustache ou teignait ses cheveux pour ne pas se faire reconnaître. Les désirs censurés sont ceux que le rêveur dans son jugement de l'état de veille rejetterait comme indécents et répréhensibles du point de vue moral, esthétique et social. La censure est en nous une instance critique, d'interdiction, formée par l'éducation que nous avons reçue et les règles morales qui nous ont été apprises.
On voit ici que Freud ne porte de jugement moral ni pour ni contre les désirs censurés. Il se contente de constater que ces désirs sont comme mauvais du point de vue de la censure.
Mais il ajoute que le moi du rêveur est caractérisé en général par « un égoïsme sans bornes et sans scrupules ». « Il n'est d'ailleurs pas de rêve dans lequel le moi du rêveur ne joue le principal rôle ".
D'autre part il remarque la libération dans le rêve d'un instinct sexuel qui ne connaît pas de limites, qui choisit même de préférence les objets défendus, commet l'inceste sous toutes ses formes. Enfin l'inconscient exprime une agressivité, une haine et des désirs de vengeance très violents contre les personnes les plus aimées dans la vie.
Les désirs refoulés - des plus récents jusqu'à ceux de l'enfance, que l'inconscient n'oublie jamais - sont à la source des rêves. Le sommeil ayant diminué la force de la censure, les désirs surgissent de l'inconscient et deviennent pour ainsi dire indépendants. Le matériau qu'ils rencontrent le plus immédiatement en arrivant dans le préconscient, ce sont les souvenirs du jour précédent.
Les désirs refoulés s'emparent des restes de la veille, ils les remanient et s'en font une étoffe. C'est une loi générale que dans tout rêve on trouve un élément par lequel il se rattache à une impression de la veille. Mais Freud montre qu'un désir conscient, par exemple un problème non résolu, un souci pénible de la veille, ne peut provoquer un rêve que lorsqu'il se trouve associé à un désir inconscient qu'il a réveillé et qui le renforce. Seul le désir inconscient provoque le rêve. Ainsi il n'y a pas de rêves insignifiants.
Tous les rêves traduisent profondément l'inconscient. Le plus souvent ce sont les plus indifférents des restes diurnes (des souvenirs sans importance et qui n'ont pas le caractère de désirs) dont les désirs se servent comme de couverture pour former le contenu manifeste du rêve : c'est toujours pour échapper au contrôle de la censure. De toutes les façons, l'élaboration du rêve tend à donner une apparence inoffensive aux restes utilisés et à rendre l'expression du rêve aussi anodine que possible pour faciliter le passage des désirs.
Mais quels sont les procédés utilisés par l'inconscient dans cette élaboration?
Le travail du rêve : condensation; déplacement; figuration; élaboration secondaire
D'abord, la condensation. Le travail du rêve effectue une sorte de compression qui fait qu'un petit nombre d'images du contenu objectif évoque une diversité beaucoup plus grande d'idées latentes. On voit ainsi le rêve présenter sur une même personne des traits appartenant à plusieurs personnes. Autre exemple la mer signifie à la fois l'élément marin et la mère.
Un autre procédé, c'est le déplacement. Nous y avons déjà fait allusion. Il s'agit d'une opération de substitution par laquelle l'intérêt est déplacé des pensées importantes à des éléments indifférents. Ce qui est extérieur et accessoire est placé au centre, et inversement. La possibilité d'un tel transfert rose sur le fait que l'énergie psychique inconsciente n'est pas retenue par les contraintes et les séparations logiques : elle peut glisser librement des représentations importantes aux représentations insignifiantes, ce qui semblerait constituer pour la pensée consciente une faute de raisonnement.
Grâce au déplacement, le désir se donne des équivalents symboliques, se transpose dans des images, s'exprime par des allusions, toujours pour échapper à la surveillance de la censure.
Remarquons que les deux procédés dont se sert l'inconscient sont des structures du langage qui portent un nom. dans la rhétorique et la stylistique : la condensation est une métonymie (la partie exprime le tout, comme lorsqu'on dit « la voile » pour « le navire », ou « prendre le volant », pour « partir en voiture »); le déplacement est une métaphore (une idée abstraite, comme par exemple « devancer ses concurrents » qui est remplacé par une image sportive, « toucher le premier le poteau »).
La figuration, la forme la plus importante du travail d'élaboration, « consiste en une transformation d'idées en images visuelles ». Il s'agit d'une sorte de mise en scène ou de dramatisation, ou, comme le dit Freud, d'un travail semblable à la transposition d'un article de fond politique en une série d'illustrations.
Or, dans cette transposition, certains éléments logiques du texte (des liaisons comme « parce que ») ne pourront pas être traduits en images. D'autre part, l'inconscient ne connaissant pas les catégories d'opposition et de contradiction, le rêve ignore le « non ». Il réunit souvent les contraires en un même objet.
La seule relation logique que connaisse cette pensée du rêve, c'est la ressemblance, l'assimilation, le « de même que, de même ».
Enfin le quatrième procédé, l’élaboration secondaire, est l’œuvre du conscient. En effet la conscience qui perçoit le rêve, cherche, après coup, à lui trouver une cohérence et une unité. A cet effet, il comble les lacunes, atténue les illogismes pour obtenir une « façade » harmonieuse. Ainsi le rêve perd quelque peu de son apparence d'absurdité.
Cependant le travail d'élaboration ne fait pas tout. Il ne peut fabriquer un discours ni faire un calcul. Ce sont là en général des éléments (calculs, discours) entendus ou faits la veille et simplement rapportés. Condenser, déplacer, effectuer une représentation plastique, telles sont les activités psychiques qui nous révèlent directement le fonctionnement de l'inconscient.
L'élaboration faite sous la pression de la censure n'est pas la seule explication de la déformation du rêve. A la suite de multiples analyses, Freud est parvenu à mettre en évidence un nombre considérable de traductions constantes et invariables des désirs dans leurs principaux symboles.
Le symbolisme des rêves
Un symbole est ici en effet un rapport constant, et donc indépendant de tel ou tel contexte individuel, entre la pensée inconsciente et sa manifestation dans le rêve. Ce rapport est un rapport de comparaison. il n'y a que très peu d'objets ou de situations qui trouvent dans le rêve une représentation symbolique. Ce sont le corps humain, les parents, enfants, frères, sœurs, la naissance, la mort, la nudité. Les parents sont symbolisés par le roi et la reine; les enfants, frères et sœurs, sont représentés plus cruellement par de petits animaux ou de la vermine.
Tout ce qui a trait à l'eau symbolise la naissance. La mort imminente est remplacée par le départ, ou par un voyage en chemin de fer; la nudité par des habits ou uniformes.
Mais c'est dans le domaine de la vie sexuelle que le symbolisme est le plus riche et le plus varié. «La majeure partie des symboles dans le rêve sont des symboles sexuels ». L'organe sexuel de l'homme a un très grand nombre de symboles d'abord les substitutions symboliques qui lui ressemblent par la forme (serpents, poissons, tiges, arbres, parapluies, etc.); ensuite les objets qui ont en commun avec le pénis de pouvoir pénétrer, voire blesser (lames, sabres, couteaux, mais aussi armes à feu, telles que fusils et revolvers).
Dans les cauchemars de jeunes filles on trouve souvent une poursuite par un homme armé d'un couteau ou d'un revolver. Les rêves de vol en général symbolisent l'érection ou l'excitation sexuelle. L'organe génital de la femme a aussi un grand nombre de symboles : ce sont les objets qui forment une cavité dans laquelle quelque chose peut être logé, objets tels que mines, fosses, cavernes, vases, bouteilles, boites de toutes formes, coffres, surtout coffrets à bijoux, caisses, poches.
L'union sexuelle elle-même est symbolisée par toutes sortes de jeux, en particulier le jeu de piano, mais également par des mouvements rythmiques tels que la danse, l'équitation, ainsi que des accidents violents, comme par exemple le fait d’être écrasé par une voiture!
Le glissement, l’arrachage d'une branche sont des représentations de la masturbation. L'extraction d'une dent est un symbole de la castration.
Bien d'autres symboles sont répertoriés par Freud, principalement dans son grand ouvrage sur l'Interprétation des rêves.
Ainsi, la symbolisation aide à déguiser le désir, à rendre le contenu manifeste mystérieux et incompréhensible.
Le prix est de 254 € ( hors taxes et frais d'envois)
:Band2:
L'hypothèse fondamentale de Freud au sujet du rêve est simple : le rêve est un exutoire de l'inconscient «Tout le psychique étouffé apparaît dans le rêve. » Interpréter les rêves signifie découvrir leur sens relativement à une pensée inconsciente. Il nous est difficile aujourd'hui d'apprécier quelle fut la hardiesse de Freud en ce domaine.
Traiter le rêve comme une pensée véritable, cela choquait aussi bien la science que le bon sens, qui s'accordaient pour rejeter le rêve dans le domaine de l'absurde, de l'irrationnel ou de l'insignifiant. Comment d'ailleurs trouver l'unité de ce phénomène aussi divers que déconcertant puisqu'il y a des rêves longs, d'autres très courts, des rêves cohérents et clairs, d'autres inintelligibles?
Mais, pour Freud, la diversité ou la confusion des rêves ne sauraient être une objection suffisante pour les exclure de la recherche scientifique. Ce qui fait la science, c'est la méthode, non l'objet. Il faut admettre les traits du rêve tels qu'il sont, et les analyser sans mysticisme.
Technique de l’interprétation
Pour interpréter un acte manqué (oubli, lapsus) on avait demandé à l’auteur de cet acte manqué comment il en est-il venu à oublier ce mot, à prononcer tel mot à la place de tel autre. On procède de la même façon pour le rêve : on demande au rêveur ce que ce rêve évoque pour lui spontanément. Mais un rêve se distingue d'un acte manqué par la multiplicité de ses éléments.
Aussi la technique d'interprétation consiste-t-elle à découper le rêve en tous ses éléments. chacun d'entre eux devra être soumis à l'analyse séparément. Par exemple je rêve que je voyage en avion, que je me trouve assis à côté d'un ami qui me raconte une histoire, etc. Il faut trouver le sens de l'élément « voyage », « avion », « ami », etc., en les prenant à part et en laissant s'éveiller les images, les mots ou les idées qui surgiront par association autour de chaque élément.
La grande règle consiste à ne surtout pas se préoccuper de savoir si les associations qui se présentent sont absurdes et déplacées, ou raisonnables et pertinentes, justes ou fausses, cohérentes ou incohérentes. Comme toujours une certaine mise en suspens du jugement, une « neutralité » est une condition nécessaire de l'accès à l’inconscient.
A ce stade, nous comprenons pourquoi il est indifférent que le rêve lui même soit clair ou confus. Ce que l'on vise à restituer, ce n'est pas le rêve lui-même mais ce dont il est la manifestation. Aussi les souvenirs qui se trouvent suscités à propos du rêve comptent-ils davantage que son contenu explicite.
Parmi les associations d'idées qui naissent lorsqu'on analyse ses propres rêves ou ceux des autres, on est tenté de choisir, d'en rejeter une partie comme étant déraisonnable, sans rapport avec le rêve, ou désagréable à exprimer. Or, l’expérience, de la psychanalyse révèle que ce sont précisément les idées qu'on voudrait ainsi rejeter, refouler, qui sont toujours les plus proches de la vérité inconsciente à découvrir. Pour Freud, qui croit à un déterminisme psychologique, toutes les associations sont rigoureusement déterminées, commandées par l'inconscient.
La réaction qui consiste à rejeter une partie des idées qui viennent est une réaction qui a ses motifs inconscients et que Freud appelle la résistance. La résistance nous pousse à échafauder des arguments pour démonter l'absurdité des explications concernant les rêves. Cette t résistance plus ou moins consciente qui s'oppose à toute manifestation de l'inconscient est l'effet de la censure.
Fonction du rêve : Le rêve est le gardien du sommeil
Pour Freud, le rêve n'a pas seulement un sens dans la vie psychique, mais d'abord il a une fonction proprement physiologique. Il y a de toute évidence un rapport entre le rêve et le sommeil. Avant la psychanalyse, on ne pensait pas que le rêve pût avoir une fonction, un rôle à jouer vis-à-vis du sommeil. Freud est le premier à formuler l'hypothèse selon laquelle le rêve sert à protéger le sommeil contre toutes les excitations qui tendraient à l'interrompre.
Les excitations les plus fortes sont les excitations intérieures, et surtout celles qui viennent des désirs insatisfaits, car pour Freud, nos désirs ne s'endorment pas en même temps que notre conscience. Les rêves servent en quelque sorte à faire écran à toutes les perturbations. Mais le rêve transforme toute perturbation en lui faisant jouer un rôle dans une sorte de petite scène.
Ainsi celui qui dans son rêve voit tomber une pile d'assiettes, se réveille et entend alors sonner son réveil. Aussi Freud peut-il écrire : « Tous les rêves sont des rêves de commodité, faits pour nous permettre de continuer à dormir. Le rêve est le gardien du sommeil et non son perturbateur. » Tout rêve provient donc d'abord du besoin de dormir.
Sens du rêve : il est la réalisation (plus ou moins déguisée) d’un désir refoulé
Lorsqu'on analyse les rêves, on s'aperçoit que derrière toutes les traces de souvenirs qu'ils remuent, se tient un désir caché, qui est le plus souvent étranger à la vie éveillée du rêveur. C'est dans le cas des rêves d'enfants que le sens du rêve apparaît le plus clairement. Il n'est pas nécessaire d'appliquer une technique quelconque il est inutile d'interroger l'enfant : le rêve se trouve toujours expliqué de lui-même par un événement qui a eu lieu la veille.
Exemple : une petite fille vient de faire son premier voyage en mer, elle est si heureuse qu'elle pleure au moment de quitter le bateau; la nuit suivante, elle rêve qu'elle a voyagé en mer. Les rêves d'enfants ne subissent aucune déformation. Il apportent la réalisation directe, quoique hallucinatoire, d'un désir.
Chez les adultes, au contraire, il faut introduire une importante distinction entre d'un côté le « contenu manifeste du rêve », c'est-à-dire « ce que le rêve nous raconte », l'histoire ou la scène qui se déroule, et de l'autre côté ce que Freud appelle les « idées latentes du rêve », c'est-à-dire « ce qui est caché », le sens véritable.
Les désirs qui ne sont pas acceptés tels quels à cause de la censure figurent dans le rêve sous toutes sortes de déguisements. Pour comprendre le lien entre le contenu manifeste d'un rêve et les idées latentes, il faut saisir le mécanisme des déformations, des transformations auxquelles l'inconscient travaille. Freud appelle ce travail l'élaboration du rêve.
L’élaboration du rêve
Il s'agit de définir pour ainsi dire le secret de fabrication qui vaut pour tout rêve. Par le travestissement les désirs revêtent une sorte de masque qui fait qu'ils peuvent franchir sans se faire arrêter le barrage de la censure.
C'est comme si quelqu'un, à qui l'entrée d'un pays est interdite, prenait un faux passeport, se donnait une fausse identité, mettait une moustache ou teignait ses cheveux pour ne pas se faire reconnaître. Les désirs censurés sont ceux que le rêveur dans son jugement de l'état de veille rejetterait comme indécents et répréhensibles du point de vue moral, esthétique et social. La censure est en nous une instance critique, d'interdiction, formée par l'éducation que nous avons reçue et les règles morales qui nous ont été apprises.
On voit ici que Freud ne porte de jugement moral ni pour ni contre les désirs censurés. Il se contente de constater que ces désirs sont comme mauvais du point de vue de la censure.
Mais il ajoute que le moi du rêveur est caractérisé en général par « un égoïsme sans bornes et sans scrupules ». « Il n'est d'ailleurs pas de rêve dans lequel le moi du rêveur ne joue le principal rôle ".
D'autre part il remarque la libération dans le rêve d'un instinct sexuel qui ne connaît pas de limites, qui choisit même de préférence les objets défendus, commet l'inceste sous toutes ses formes. Enfin l'inconscient exprime une agressivité, une haine et des désirs de vengeance très violents contre les personnes les plus aimées dans la vie.
Les désirs refoulés - des plus récents jusqu'à ceux de l'enfance, que l'inconscient n'oublie jamais - sont à la source des rêves. Le sommeil ayant diminué la force de la censure, les désirs surgissent de l'inconscient et deviennent pour ainsi dire indépendants. Le matériau qu'ils rencontrent le plus immédiatement en arrivant dans le préconscient, ce sont les souvenirs du jour précédent.
Les désirs refoulés s'emparent des restes de la veille, ils les remanient et s'en font une étoffe. C'est une loi générale que dans tout rêve on trouve un élément par lequel il se rattache à une impression de la veille. Mais Freud montre qu'un désir conscient, par exemple un problème non résolu, un souci pénible de la veille, ne peut provoquer un rêve que lorsqu'il se trouve associé à un désir inconscient qu'il a réveillé et qui le renforce. Seul le désir inconscient provoque le rêve. Ainsi il n'y a pas de rêves insignifiants.
Tous les rêves traduisent profondément l'inconscient. Le plus souvent ce sont les plus indifférents des restes diurnes (des souvenirs sans importance et qui n'ont pas le caractère de désirs) dont les désirs se servent comme de couverture pour former le contenu manifeste du rêve : c'est toujours pour échapper au contrôle de la censure. De toutes les façons, l'élaboration du rêve tend à donner une apparence inoffensive aux restes utilisés et à rendre l'expression du rêve aussi anodine que possible pour faciliter le passage des désirs.
Mais quels sont les procédés utilisés par l'inconscient dans cette élaboration?
Le travail du rêve : condensation; déplacement; figuration; élaboration secondaire
D'abord, la condensation. Le travail du rêve effectue une sorte de compression qui fait qu'un petit nombre d'images du contenu objectif évoque une diversité beaucoup plus grande d'idées latentes. On voit ainsi le rêve présenter sur une même personne des traits appartenant à plusieurs personnes. Autre exemple la mer signifie à la fois l'élément marin et la mère.
Un autre procédé, c'est le déplacement. Nous y avons déjà fait allusion. Il s'agit d'une opération de substitution par laquelle l'intérêt est déplacé des pensées importantes à des éléments indifférents. Ce qui est extérieur et accessoire est placé au centre, et inversement. La possibilité d'un tel transfert rose sur le fait que l'énergie psychique inconsciente n'est pas retenue par les contraintes et les séparations logiques : elle peut glisser librement des représentations importantes aux représentations insignifiantes, ce qui semblerait constituer pour la pensée consciente une faute de raisonnement.
Grâce au déplacement, le désir se donne des équivalents symboliques, se transpose dans des images, s'exprime par des allusions, toujours pour échapper à la surveillance de la censure.
Remarquons que les deux procédés dont se sert l'inconscient sont des structures du langage qui portent un nom. dans la rhétorique et la stylistique : la condensation est une métonymie (la partie exprime le tout, comme lorsqu'on dit « la voile » pour « le navire », ou « prendre le volant », pour « partir en voiture »); le déplacement est une métaphore (une idée abstraite, comme par exemple « devancer ses concurrents » qui est remplacé par une image sportive, « toucher le premier le poteau »).
La figuration, la forme la plus importante du travail d'élaboration, « consiste en une transformation d'idées en images visuelles ». Il s'agit d'une sorte de mise en scène ou de dramatisation, ou, comme le dit Freud, d'un travail semblable à la transposition d'un article de fond politique en une série d'illustrations.
Or, dans cette transposition, certains éléments logiques du texte (des liaisons comme « parce que ») ne pourront pas être traduits en images. D'autre part, l'inconscient ne connaissant pas les catégories d'opposition et de contradiction, le rêve ignore le « non ». Il réunit souvent les contraires en un même objet.
La seule relation logique que connaisse cette pensée du rêve, c'est la ressemblance, l'assimilation, le « de même que, de même ».
Enfin le quatrième procédé, l’élaboration secondaire, est l’œuvre du conscient. En effet la conscience qui perçoit le rêve, cherche, après coup, à lui trouver une cohérence et une unité. A cet effet, il comble les lacunes, atténue les illogismes pour obtenir une « façade » harmonieuse. Ainsi le rêve perd quelque peu de son apparence d'absurdité.
Cependant le travail d'élaboration ne fait pas tout. Il ne peut fabriquer un discours ni faire un calcul. Ce sont là en général des éléments (calculs, discours) entendus ou faits la veille et simplement rapportés. Condenser, déplacer, effectuer une représentation plastique, telles sont les activités psychiques qui nous révèlent directement le fonctionnement de l'inconscient.
L'élaboration faite sous la pression de la censure n'est pas la seule explication de la déformation du rêve. A la suite de multiples analyses, Freud est parvenu à mettre en évidence un nombre considérable de traductions constantes et invariables des désirs dans leurs principaux symboles.
Le symbolisme des rêves
Un symbole est ici en effet un rapport constant, et donc indépendant de tel ou tel contexte individuel, entre la pensée inconsciente et sa manifestation dans le rêve. Ce rapport est un rapport de comparaison. il n'y a que très peu d'objets ou de situations qui trouvent dans le rêve une représentation symbolique. Ce sont le corps humain, les parents, enfants, frères, sœurs, la naissance, la mort, la nudité. Les parents sont symbolisés par le roi et la reine; les enfants, frères et sœurs, sont représentés plus cruellement par de petits animaux ou de la vermine.
Tout ce qui a trait à l'eau symbolise la naissance. La mort imminente est remplacée par le départ, ou par un voyage en chemin de fer; la nudité par des habits ou uniformes.
Mais c'est dans le domaine de la vie sexuelle que le symbolisme est le plus riche et le plus varié. «La majeure partie des symboles dans le rêve sont des symboles sexuels ». L'organe sexuel de l'homme a un très grand nombre de symboles d'abord les substitutions symboliques qui lui ressemblent par la forme (serpents, poissons, tiges, arbres, parapluies, etc.); ensuite les objets qui ont en commun avec le pénis de pouvoir pénétrer, voire blesser (lames, sabres, couteaux, mais aussi armes à feu, telles que fusils et revolvers).
Dans les cauchemars de jeunes filles on trouve souvent une poursuite par un homme armé d'un couteau ou d'un revolver. Les rêves de vol en général symbolisent l'érection ou l'excitation sexuelle. L'organe génital de la femme a aussi un grand nombre de symboles : ce sont les objets qui forment une cavité dans laquelle quelque chose peut être logé, objets tels que mines, fosses, cavernes, vases, bouteilles, boites de toutes formes, coffres, surtout coffrets à bijoux, caisses, poches.
L'union sexuelle elle-même est symbolisée par toutes sortes de jeux, en particulier le jeu de piano, mais également par des mouvements rythmiques tels que la danse, l'équitation, ainsi que des accidents violents, comme par exemple le fait d’être écrasé par une voiture!
Le glissement, l’arrachage d'une branche sont des représentations de la masturbation. L'extraction d'une dent est un symbole de la castration.
Bien d'autres symboles sont répertoriés par Freud, principalement dans son grand ouvrage sur l'Interprétation des rêves.
Ainsi, la symbolisation aide à déguiser le désir, à rendre le contenu manifeste mystérieux et incompréhensible.
Le prix est de 254 € ( hors taxes et frais d'envois)
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