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D.M. : Et le livre de Springora,
Le Consentement, vous l’avez lu ?
M.-É. N. : Oui, bien sûr, je l’ai lu à Divonne-les-Bains, une ville où Antonin Artaud jeune était allé peser ses nerfs… Le libraire, m’ayant reconnu, faisait la gueule que je n’achète pas le livre de Springora, mais que je me contente de le « vider » en un quart d’heure.
C’est nul, évidemment, et ça n’a même pas la valeur d’un témoignage comme ça a été trop dit. Ça sent le fabriqué exprès pour s’intégrer dans la mouvance #MeToo d’aujourd’hui en revisitant la pauvre histoire de la pauvre Springora, désormais éditrice et auteur… Quelle prise de gallon en ce début 2020 ! D’ailleurs, j’aimerais bien savoir ce qui s’est passé avec Bernard Barrault et Betty Mialet, mes premiers éditeurs du
Régal en 1985, et qui trônaient chez Julliard depuis plus de 25 ans, pour avoir laissé leur place à cette Springora parachutée là par on ne sait qui…
Le livre pue le milieu littéraire, goût hérité de sa mère attachée de presse. On voit passer Jean-Didier Wolfromm, un ignoble handicapé critique littéraire du Masque et la Plume, c’est le seul appelé par son nom. Matzneff, lui, n’est cité que par ses initiales, pratique de Matzneff lui-même dans son journal, ce qui veut dire qu’Olivier Nora, l’éditeur de chez Grasset, craignait un procès en diffamation et n’était pas sûr du tout de faire un coup gagnant en publiant cette bluette blète.
D.M.: Qu’avez-vous pensé du titre,
Le Consentement ?
M.-É. N. :
Comprendre l’Emprise, ça aurait été mieux ! D’ailleurs, j’aimerais bien qu’on me démontre qu’il y a forcément « emprise » à partir du moment où une jeune fille « consent » à se laisser sauter dessus ou pire, qu’elle saute elle-même sur le paf d’un type plus âgé… Où est l’emprise ? L’impression que m’a donnée cette rapide lecture, c’est que Springora, toute quinquagénaire soit-elle, est restée la gamine de 13 ans qui est tombée amoureuse de Matzneff, et pour de mauvaises raisons, littéraires !… C’est une confession de vieille gosse qui n’a aucun intérêt sur le plan féminin. Voilà pourquoi les féministes s’en sont emparées d’ailleurs. Le meilleur passage, c’est quand Vanessa croit trouver dans Cioran, le pote de Matzneff, un réconfort, et que Cioran lui conseille d’accepter sa condition de « paillasse à foutre »… Ça, c’est pas de Cioran, mais de Choron, un vrai philosophe, lui ! Ah, il est beau le désespéré roumain, l’aphoriste du désespoir qui a besoin de faire des exercices à ses admirations pour se maintenir en forme ! Cioran n’est au fond qu’un tocard surévalué, oui, comme je l’ai toujours dit, c’est tout, et qui se révèle bien là.
D.M. : Cioran trouvait « normale » la situation, c’est ça ?…
M.-É. N. : Attention ! La jeune Springora n’allait pas voir Cioran parce qu’elle vivait mal sa relation avec « Gab » plus âgé, mais parce que ce même Gab la trompait avec une autre jeune fille ! Tout est là ! Aucune femme, quel que soit son âge, n’échappe à cette pathologie de la jalousie et de la possession… Même une bébée dans son berceau criera toujours plus fort qu’un nourrisson masculin si elle voit que l’un de ses proches s’intéresse, même un court instant, à un autre enfant qu’elle. Si Matzneff n’avait pas négligé Vanessa pour une certaine Nathalie, vous pouvez être sûr que Springora n’aurait jamais écrit ni sorti son livre !
Regardez une photo de Springora à l’âge où elle était avec Matzneff : complètement épanouie, alors qu’après trente ans de psychanalyse rétrospective, c’est devenu un monstre grimaçant de dépit d’aigreur et de honte gênée… La moins de 16 ans est devenue une plus de 45. Et tout ça à cause d’une Nathalie, pas de la bite sodomite adulte de l’archange de la piscine Deligny ! Ce n’est pas l’adulte qui a gêné Springora, c’est l’adultère ! L’affaire Springora-Matzneff n’est pas un drame de la pédophilie, c’est un drame de la jalousie ! C’est pas ça, la pédophilie…