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« Nous avons d'excellentes raisons de croire que la relativité générale n'est pas une théorie définitive. Il faudrait, la "quantifier", ce qui résoudrait à la fois des problèmes de cohérence et étendrait sa capacité à décrire davantage de phénomènes. Il n'y a hélas pas consensus quant à la manière de procéder.
On suspecte depuis longtemps que le cœur des trous noirs est une zone où la gravitation quantique doit être convoquée. De très nombreuses études ont été menées pour comprendre comment cette dernière pourrait parvenir à s'affranchir des "singularités" de la relativité générale qui sont en réalité des pathologies de celle-ci.
Mais la plupart des études étaient jusqu'alors cantonnées à des effets très localisés au centre des trous et donc masquées par l'horizon. Il s'agissait par conséquent d'effets qui n'étaient pas observationnellement testables et touchaient plutôt à la cohérence interne du modèle. Récemment, le credo a évolué et plusieurs arguments intéressants laissent entendre que des corrections quantiques pourraient exister en dehors de l'horizon du trou noir ! Et cela change tout parce que la zone de l'espace-temps, soumise à des effets mesurables de gravitation quantique, pourrait maintenant être observable.
Il n'est pas certain que ces effets hors de l'horizon existent. Mais il faut noter que plusieurs approches indépendantes, utilisant des arguments assez généraux, mènent à cette conclusion. Cela ouvrirait des perspectives extraordinaires. De mon coté, je travaille sur les modes de relaxation des trous noirs dans le cadre de cette hypothèse. L'idée serait alors de voir les effets de gravitation quantique par les ondes gravitationnelles observées par Ligo et Virgo. Mais, de façon remarquable, il pourrait aussi se faire que l'ETH puisse sonder ces phénomènes.
Assez récemment, Giddings et Psaltis ont étudié les fluctuations quantiques qui existeraient hors de l’horizon et ont, pour la première fois, calculé les effets visibles et dépendant du temps qui pourraient en résulter. Ils concluent que les conséquences seraient difficilement discernables sur le trou noir au centre de notre Galaxie mais pourraient être vues autour de celui, 1.000 fois plus massif, se trouvant au centre de M87. Cela ouvre des possibilités fascinantes pour tester des hypothèses novatrices concernant les structures quantiques au voisinage des trous noirs. »