Ah ah amusant !
Mais tu sais on est nombreux a ne lire Freud qu a travers Lacan. Donc forcément on est plus sensibles a la question de la linguistique mais d autres approches s en foutent un peu plus meme si je crois, en France en tout cas, que c est assez unanime cette approche.
Question amusante en tout cas.
Pour Guattari c est intéressant : philosophe, psychanalyste un temps (avant la schizo analyse), analysant un peu rebelle de Lacan, membre longtemps (voire toujours ? a vérifier) de l EFP, et surtout grand ami de Jean Oury et théoricien de la psychothérapie institutionnelle des années 70 (différente de celle des années 50 car plus expérimentale, moins purement psychiatrique). Le mec est tres critique de l institution analytique et ce faisant est, comme tu dis pour Deleuze, tres proche de l idée originale, de l esprit... du moins lacanien. D ailleurs, autant Lacan s est éloigné de Dolto sur la question du signifiant, autant il a a mon avis repris les idées de Guattari : il semble qu il voyait ce livre d un bon oeil.
Le réel c est le grand concept lacanien, celui des dernieres années, l aboutissement de ce qu il a commencé avec le séminaire sur l angoisse quand il développe l idée de l objet a...
Moi je crois qu il y a des mythes universels, des structures je ne sais pas, je crois a l historicité des structures et du sujet.
Je n ai pas lu ce livre de Melman, sur le papier ca paraissait séduisant mais je crains le moralisme de comptoir derriere l histoire de l homme sans gravité.
Je ne sais pas. Mais dans la clinique on voit bien des choses apparaitre qui étaient marginales, voire inexistantes dans les bouquins d il y a cinquante ans, et c est vrai que les paradigmes névrotiques et psychotiques ont évolué...
Moi ce que je crois, c est que le sujet est pris dans les dynamiques culturelles, politiques... de son epoque et la psychanalyse en dépend.
La psychanalyse freudienne, quand meme assez paternaliste, est née a l époque des grandes hystériques qui remettaient en question la phallocratie... d ailleurs, symptome, Freud a cru Dora amoureuse de papa alors qu elle aime maman. Bref...
Lacan c est la psychose, enfin, les psychoses. On est en plein dans les années post-guerre, l arrivée de la société de consommation, la fin des familles traditionnelles, plus on avance dans Lacan, surtout apres mai 68, plus on voit des trucs apparaitre, la chute du signifiant phallique comme phare, la relativisation de l oedipe qui ne serait qu un mythe sociétal... Je crois que c est pas un hasard qu a la fin il s interroge frontalement sur la jouissance des femmes, sur la psychose ordinaire, etc... le monde a changé et la clinique aussi, des concepts métaphoriques doivent etre revus, etc... Lacan est mort trop tot et a mal choisi ses continuateurs (Melman qui radote depuis des années, Miller sans commentaire, ... reste des gens comme Allouche qui disent des choses pas trop mal, et puis Guattari : la schizo analyse, le désir révolutionnaire, etc...).
Intéressant chez Lacan, les quatre discours qui ne servent qu a voir le cinquieme émerger : celui du capitaliste. La c etait visionnaire !
En effet il parle de l ecriture chez Joyce comme sinthome, soit un symptome archaique, qui sert a faire tenir les cercles du noeud borroméen. C est pas betement une béquille imaginaire, un etayage comme disent les psychologues, c est un vrai ,,quatrieme cercle,,. Pour le délire, c est de la clinique bete et méchante, quand on se penche sur le délire, on voit bien que c est une tentative de reconstruire un mythe, de se redonner une place, une contenance, de faire tenir le corps et les cercles du noeud. C est toujours un peu les memes trucs : dieu, le pere, l autre, le sexuel, etc... d ailleurs ce qui ne trompe pas, c est que plus un psychotique délire et que son délire fait sens au monde (voir la paranoia, le délire le plus affirmé), moins il est dissocié, moins il se morcelle. Les patients qui délirent le moins, les schizophrenes dits hébéphréniques, ils sont totalement éclatés , morcelés, jusque dans le langage qui pert tout sens. A l inverse les paranos, leur délire les fait mieux tenir, ils ne se morcellent pas.
Et quand on supprime le délire, il ne reste que le vide, ce rapport trop direct au réel auquel nous névrosés n avons pas acces, et ils se suicident parce que le vide est insupportable.
EDIT
encore un mot sur cette historicité. Zizek parle de la différence entre le ,,pere autoritaire,, et le ,,pere post moderne,, : le premier oblige l enfant a aller faire un bisou a mamie, permettant la possibilité d interioriser sa future rébellion contre cette autorité. Le second, plus pervers, dit ,,n y va que si ca te fais plaisir, mais ca lui ferait tant plaisir,,. Ici plus possible d intérioriser une rébellion car on ne te dit pas ,,tu dois y aller que tu le veuille ou non,, mais ,,tu dois avoir envie d y aller,,.
Je sais pas si je résume bien alors voici le texte original en anglais :
http://www.lacan.com/zizbobok.html
Citation:
Instead of bringing freedom, the fall of the oppressive authority thus gives rise to new and more severe prohibitions. How are we to account for this paradox? Think of the situation known to most of us from our youth: the unfortunate child who, on Sunday afternoon, has to visit his grandmother instead of being allowed to play with friends. The old-fashioned authoritarian father's message to the reluctant boy would have been: "I don't care how you feel. Just do your duty, go to grandmother and behave there properly!" In this case, the child's predicament is not bad at all: although forced to do something he clearly doesn't want to, he will retain his inner freedom and the ability to (later) rebel against the paternal authority. Much more tricky would have been the message of a "postmodern" non-authoritarian father: "You know how much your grandmother loves you! But, nonetheless, I do not want to force you to visit her - go there only if you really want to!" Every child who is not stupid (and as a rule they are definitely not stupid) will immediately recognize the trap of this permissive attitude: beneath the appearance of a free choice there is an even more oppressive demand than the one formulated by the traditional authoritarian father, namely an implicit injunction not only to visit the grandmother, but to do it voluntarily, out of the child's own free will.
Such a false free choice is the obscene superego injunction: it deprives the child even of his inner freedom, ordering him not only what to do, but what to want to do.