Différence de couleur musicale entre deux modes

Gaboriau
Cybertrech a écrit :


Pour tous ceux qui ont de la difficulté à saisir la nuance entre seulement transposer une gamme versus changer de mode, je partage ce qui ma permit de faire la différence... (bon, les puristes trouveront peut-être que c'est trop simpliste et réducteur, ou que j'utilise la « matière modale » à outrance, mais l'exemple aide à la compréhension et c'est ce qui importe!).

Pour bien saisir la différence de couleur musicale entre deux modes, tentez de jouer le début de l’air de « Au clair de la lune » sur votre guitare. Jouez l’originale en C majeur en jouant :

C-C-C-D-E-DC-E-D-D-C.

Vous êtes en C, premier degré (C Ionien) et ça sonne comme on est tous habitués de l'entendre.

Maintenant, transposez la même « séquence » (le même mode) d'un ton plus haut en jouant :

D-D-D-E-F#-E... D-F#-E-E-D

Vous êtes en D, premier degré (D Ionien) et ça sonne encore une fois comme on est tous habitués de l'entendre, mais un ton plus haut.

Tout le monde pige jusqu'ici que l'on a fait que transposé. Au lieu de jouer en Do majeur, on a joué la même chose en Re majeur.

Peu importe où on débute sur le manche , la « couleur » de la mélodie est la même et est plutôt « joyeuse ».

Maintenant, changeons de mode....

La séquence d'intervalle du deuxième mode (le mode Dorien) est D E F G A B C. C'est ici que plusieurs débutants confondent tout. Pour jouer la même mélodie dans ce nouveau mode, il ne faut pas adapter la mélodie en espérant retrouver les mêmes intervalles mélodiques, tout en débutant seulement sur le D, car l'adaptation résultante ne sera qu'une simple transposition du même mode comme on la déjà fait plus haut. Nous devons plutôt « contraindre » la mélodie à l'intérieur de cette nouvelle séquence d'intervalle qui est : D E F G A B C (ou 1 t, ½ t, 1 t, 1 t, 1 t, ½ t). Ce n'est pas le mode qu'il faut adapter à la mélodie, mais la mélodie qu'il faut « caler » sur le mode (il y a modification de la mélodie).

Si on la débute sur le D on jouera donc : D-D-D-E-F-E...D-F-E-E-D

Nous sommes donc en D, deuxième degré (D Dorien) et ça ne sonne plus du tout pareil !

Si on la débute sur le C on jouera : C-C-C-D-D#-DC-D#-D-D-C (ce qui respecte les intervalles de la séquence 1 t, ½ t, 1 t, 1 t, 1 t, ½ t).

Nous sommes donc en C, deuxième degré (C Dorien) et ça ne sonne plus du tout pareil encore une fois !

Bon, nous saisissons tous que le C Dorien n'est qu'une transposition du D dorien, mais dans les deux cas, la mélodie que nous avons « contrainte » dans le mode Dorien ne sonne plus aussi joyeuse que dans le premier mode (Ionien). Tout ceci parce que l'ordre des intervalles tons/demi-tons n'est pas le même dans chaque mode.

Ionien = 1 t, 1 t, ½ t, 1 t, 1 t, 1 t
Dorien = 1 t, ½ t, 1 t, 1 t, 1 t, ½ t
Etc.

Comme certains l'on déjà mentionné, les modes n'ont de sens que si on tien compte d'un début et d'une fin à l'intérieur d'une séquence mélodique. Si on veut, on peut concevoir les modes comme étant les 7 différentes mélodies de base qu'il est possible d'effectuer avec une gamme (nonobstant le rythme, la tonalité, et les millions de façons de « rouler » les séquences mélodiques).

Tentez de « caler » certaines de vos mélodies habituelles ou préférées à l'intérieur des différents modes et vous obtiendrez de « nouvelles » mélodies. Le problème avec certaines personnes (dont moi-même), c'est que plusieurs font déjà tout ceci intuitivement depuis des années. En fait, les modes servent à créer des mélodies différentes (d'où le mot « couleur »). J'en entends déjà conclure que « Alors jouer "Au clair de la lune" dans un autre mode, ce n'est plus jouer "Au clair de la lune", car la mélodie est différente! ». Eh oui, c'est exactement ça, vous venez de piger le fameux « changement de couleur ». Les modes changent les structures mélodiques !! Mais ce qui est super, c'est que nous somme toujours à l'intérieur de la même gamme « principale » (globalement, les intervales de la gamme n'ont pas changé, mais dans chacun des modes, ils se trouvent décalé, ce qui produit tout de même une différence).

Maintenant on comprend qu'il y a bien une différence entre les différents modes et que ce n'est pas que de la simple transposition de tonalité !

@+
shenton
couleur musicale des modes :

le bolero de Ravel se prete parfaitement au travail sur les modes.
en effet il est constitué de 2 accords I et V qui ne comportent que la fondamentale et la quinte (power chord actuels)
il n'y a donc aucune contrainte sur les gammes à utiliser et on peut y construire sans problemes une melodie majeure, mineure ou modale.
Ravel a bien sur mis à profit cette spécificité et les themes developpes utilisent plusieurs modes

mais pour entendre les caracteristique de différents modes on peut egalement prendre une phrase (1er theme par exemple) et la reconstruire en applicant ces modes.

mp3 : http://www.4shared.com/mp3/Xsz(...).html
pdf : http://www.4shared.com/office/(...).html

modes utilisés :
1 : majeur ou ionien
2 : myxolydien
3 : lydien
4 : mineur harmonique
5 : dorien
6 : phrygien
diablomephisto
Pour moi la méthode la plus simple pour entendre les modes est :
Jouer la corde de mi grave à vide, jouer son octave en même temps sur la case 7 de la corde de la. Et à partir de cette fondamentale joué les intervalles correspondant aux mode que l'on veut. Par exemple si on veut entendre le phrygien, bah on va en case 7 (fondamentale), puis 8 (seconde mineure), puis 10(tierce mineure) et on se balade dans les sens qu'on veut avec les autres enrichissements.
.:.:: BC Rich "Dark" User Club ::.:.
http://soundcloud.com/oleksander
shenton
petites impros en différents modes

modes majeurs
- ionien
- myxolydien
- lydien
- lydien b7 (Bartok)
- myxolydien b6

modes mineurs
- mineur naturel
- mineur melodique
- dorien
- phrygien
- locrien
shenton
diablomephisto a écrit :
Merci shenton j'ai bien aimé.
Jolie couleur les lydien b7 et mixolydien b6 .

Jonas Cordier
est-ce que quelqu'un à un exemple de morceau, standard ou autre où on doit jouer Locrien... ? Parce que personnellement je n'en vois pas (mais bon je suis loin d'avoir une grosse culture musicale). Enfin je dis ça parce que pour moi à part dans un contexte tonal, un II V I mineur par exemple où on joue la "position" locrien sur le II, je ne vois pas d'exemple de morceau modal en Locrien... Avec la b5 ca donne une gamme trop instable je trouve... Et s'il n'existe pas d'exemples de morceaux en Locrien c'est que je ne dois pas être le seul à le penser, mais bon à voir, avez vous donc des exemples de morceaux en Locrien ?
critique aisée, art difficile
shenton
ça me semble aussi assez peu probable; à moins de vouloir le faire volontairement pour montrer que c'est possible
diablomephisto
J'ai déjà écouter des morceaux en locrien et qui sonnait bien à l'oreille voir mélodique. Notamment en techno. Malheureusement là j'ai aucun titre, donc sa t'aide pas, mais dès que j'en trouve je te fais signe.
.:.:: BC Rich "Dark" User Club ::.:.
http://soundcloud.com/oleksander
break934
Jonas Cordier a écrit :
est-ce que quelqu'un à un exemple de morceau, standard ou autre où on doit jouer Locrien... ? Parce que personnellement je n'en vois pas (mais bon je suis loin d'avoir une grosse culture musicale). Enfin je dis ça parce que pour moi à part dans un contexte tonal, un II V I mineur par exemple où on joue la "position" locrien sur le II, je ne vois pas d'exemple de morceau modal en Locrien... Avec la b5 ca donne une gamme trop instable je trouve... Et s'il n'existe pas d'exemples de morceaux en Locrien c'est que je ne dois pas être le seul à le penser, mais bon à voir, avez vous donc des exemples de morceaux en Locrien ?


c'est un peu le mode de prédilection du métal quand même nottament par l'abus de b5




en musique c'est difficile de contourner la quinte juste
la quinte juste est trop neutre puissante et utile pour ne pas l'utiliser

on voit bien qu'on a jamais de morceau purement en locrien comme on peut avoir un truc entièrement en dorien comme un chant grégorien

la quinte diminuée coexiste toujours plus ou moins avec la quinte juste
d'où à l'analyse froide l'impression de jamais rencontrer du vrai locrien, mais on sent bien que dans le métal l'intention est violemment locrienne avec une omniprésence de b2 et b5
Jonas Cordier
Mouai, désolé mais je suis toujours pas convaincu. Même s'il y a une recherche de tension avec b5 ou #11 dans le metal, on entend quand même souvent la quinte juste... Sinon adieu le I en powerchord en plus. Et puis en général, plus c'est bourrin plus le groupe s'affranchi des pseudos "règles" musicales au profit de l'énergie, des riffs, du rythme...
Quelqu'un à d'autres exemples ?
critique aisée, art difficile
break934
mais c'est bien ce que je dis
La quinte juste est quasi incontournable en musique
mais dans ces morceaux vu l'omniprésence de la quinte diminuée on sent clairement l'influence du locrien

C'est comme en mineur, on ajoute une septième majeure comme en majeur, pour dynamiser la musique, et ça n'empêche pas de jouer aussi la 7ième mineure, ni de considérer que c'est toujours du mineur.

En ce moment sur théorie...