Se lancer dans la musique, en soi, est déjà une drôle d'idée. Avoue, on le sait tous, "Musicien, c'est pas un métier mon fils". Qui plus est, faire du rock aujourd'hui n'est pas non plus le meilleur filon commercial pour multiplier les dollars. Dixit le palmarès des ventes d'albums 2017 en France, avec ou sans streaming : Soprano et Ed Sheeran. ??? Hem, mmm, quoi ??? Non, sans commentaires finalement. Alors quand le rock instrumental de Wizard a fait irruption dans mes enceintes, là, je me suis dit que ces gars sont total à la renverse, j'aime ça, il me les faut sur la [Scène Ouverte]. Haha ! rock instru, faut oser. Welcome guys ! L'apanage de la jeunesse, ils foncent dans un math rock bien à eux, sans trop se poser de questions, ce qui ne signifie en aucun cas qu'ils ne savent pas ce qu'ils font, ni ne maîtrisent rien, au contraire. Guitare - basse - batterie d'une assurance et d'une habileté insolentes, le trio bordelais va droit à l'essentiel, sans fioritures ni parasites comme c'est souvent le cas dans les musiques instrumentales. La réalisation et le recul d'Etienne Jouanneau ont certainement apporté l'équilibre nécessaire à leur furieuse énergie. Ils sont libres, toi aussi. C'est toute la magie de Wizard...

Bienvenue sur Guitariste.com ! Créés en 2015, deux EPs sont sortis respectivement en 2016 et 2017, l’album cette année, Wizard va vite, très vite. En faisant le choix de donner dans le rock instrumental, vous vous doutez que ce n’est pas le plus “vendeur “. Cette musique a-t-elle une force particulière pour vous ?
Malgré l’étiquette “peu vendeur”, le rock instrumental a tout de même de multiples vertus : c’est un style qui permet vraiment aux auditeurs de s’ouvrir et de créer leur propre interprétation du morceau, de plus, c’est un style qui transmet une énergie folle et on peut jouer des thèmes que les gens vont retenir.

Ça nous permet à nous aussi d’appréhender de manière plus “libre” la composition. On ne se sent pas obligés d’inclure des refrains ou de créer forcement un fil conducteur pour l’auditeur, on se laisse aller à nos idées les plus brutes et sans artifices. C’est à la fois très libérateur mais aussi assez large : on prend le temps de peser le pour ou le contre dans chaque idée, et il ne faut pas hésiter à revenir en arrière pour mieux s’exprimer à travers un “son brut”. 

Le mieux, c’est de l’écouter, on est tous d’accord, mais avec quels mots définiriez-vous  votre musique ? Quelles sont vos influences à chacun ?
On aime bien comparer ce premier album à un adolescent : c’est brut, rêveur, encore naïf et on essaye des trucs ! Après, les artistes qui nous inspirent sont loin de ça ! On a sensiblement les mêmes influences tout les trois : At the Drive In, Battles, Physics House Band, David Bowie, Pink Floyd, Kendrick Lamar, Yes, King Crimson, Refused, Cult Of Luna.  En fait, on écoute vraiment de tout, et on se sent  inspirés/influencés par beaucoup de styles. Que ce soit dans les rythmes ou les harmonies, si on est séduits par quelque chose on va l’exploiter, essayer de le retransmettre avec notre patte. En fait, ça va de pair avec notre façon de composer : pour créer une musique sans trop de contraintes de styles, on ne peut pas cloisonner notre écoute sur un type de son ou d’artiste, surtout pour du rock instrumental/prog.

Qui fait quoi ? Comment s’organise votre travail de compo ?
Romain compose la maquette/le squelette et ensuite on fait un gros travail sur le son en répétition (les intensités, les effets, les transitions). Si on est contents du résultat, on le teste en concert : ça constitue pour nous la dernière étape de composition où l’on a vraiment un recul sur ce que l’on fait.  S’il passe cette étape, le morceau est validé, sinon, on revient en arrière, ou on le met à la poubelle. Et on peut te garantir qu’on a déjà jeté un bon paquet de compos pour passer à autre chose !

Où et dans quelles conditions a été enregistré l’album ? Présentez-nous Etienne Jouanneau qui l’a réalisé.
L’album a été enregistré à la Nef à Angoulême en 5 jours et mixé en 3 jours. Romain avait déjà travaillé avec Etienne (qui est l’ingénieur son de La Nef) sur un autre projet et le reste du groupe a pu le rencontrer lors du tournage d’une vidéo (“Chemin” feat. Robin Magord) pour laquelle il nous a fait le son. C’est un mec efficace, à l’écoute et c’est la personne qui nous a donné le recul nécessaire pour bien façonner l’album. Et puis on s’entend plutôt bien avec lui et pour le boulot c’est bien mieux de travailler avec des gens qu’on apprécie !

Côté guitares, amplis, effets, quel matériel a été utilisé ? Il n’est pas interdit de développer la manière dont vous vous appropriez vos instruments !
En Live, Romain joue sur un ampli basse Ampeg et un cabinet Chillbass. Il utilise également un ampli guitare (un vieux Peavey des familles). Une Bigmuff au pied et une jazz bass Fender en mains.
Manu joue sur une Fender Deluxe Reverb 68. Il martyrise une Fender Telecaster (Road Worn 50) en passant par une TS-808, une proco Rat, une fuzz Swollen Pickle, et puis effets ambient comme une octaver (Boss PS-6), une phaser (MXR phase 90) et multiples delays (Boss DD-7).

Pour l’album, on a fait les premières prises guitares sur un VOX AC-30 et les doublages sur Fender Twin Reverb ‘65.  On a utilisé une tête SVT Classic et un 8x10 Ampeg pour la basse.

L’actu du moment c’est bien sûr la sortie de “Wizard“, quels sont les projets à suivre ? Vous êtes-vous donné des objectifs à atteindre ?
Nous voulons promouvoir ce disque durant cette année 2018 tout en continuant à réaliser des vidéos (live ou clip) avec Hugo Cayla (CanardZombie). Ensuite, le gros objectif c’est le deuxième album. On va mettre plus de temps pour le composer, pour l’enregistrer, pour le mixer, afin de pondre ce qui va faire l’identité du groupe.

En 2017, vous avez remporté le Prix Sacem et le Prix de la ville de Bordeaux, a suivi un dispositif d’accompagnement avec la Rock School Barbey Pro. Qu’est-ce que cela vous apporte concrètement en terme d’évolution que vous n’auriez pu faire seuls ?
Les prix nous ont permis de financer une grosse partie du disque (un tiers), ce qui n’est pas de refus pour des groupes tout juste naissants comme nous. L’accompagnement géré par Nico Cabos nous permet de travailler notre live et de nous améliorer sur le démarchage. La structure nous a également programmés au Unisound Festival à Bilbao.
Ça nous a également donné la reconnaissance du public et du milieu professionnel. En bref, un énorme facteur pour faire passer un groupe d’amateur à pro.

De qui, de quoi auriez-vous besoin pour le bon développement du groupe ? Par qui êtes-vous entourés actuellement ?
Nous recherchons actuellement un bookeur. Nous faisons toutes nos démarches en autonomie avec quelques coups de pouces de notre ami Guillaume Sciota. Ensuite, nous travaillons avec notre amie Justine Rojas qui nous épaule et nous conseille dans la communication et ses outils. Et bien sûr, notre ingénieur du son Geoffrey Bonnifet, nous suit sur tous nos concerts !!

Avec qui rêveriez-vous de collaborer et/ou partager la scène, pourquoi ce choix ?
Travailler avec des producteurs comme Steve Albini, David Sardy ou même Mark Ronson, ça serait le pied. Ils ont tous les trois façonné à leur manière un son reconnaissable qui fait frétiller les oreilles, qu’importe le groupe/artiste enregistré… Niveau groupes, on aimerait collaborer avec énormément d’artistes qu’on adore, beaucoup trop pour pouvoir tous les citer ! On n’aurait pas dit non à une soirée avec David Bowie ou encore des gars comme Omar Rodriguez !
   
Pas de question, la voie est libre pour dire ce que vous voulez !
Merci à vous !!


Line-up :
Romain Arnault : Basse & chant
Manuel Cayla : Guitare, chant & claviers
Finn Sally : Batterie & samples

Dates de concerts :
12 mai : Scène aux Champs - La Mamisèle – Saubrigues (40) w/General Elektriks
9 juin : Bier Fest – Saint-Lon-les-Mines (40)

Liens Internet :
www.facebook.com/wizardmusicofficial/
www.youtube.com/channel/UCWUkWBKgN1yDv-deu6A08Tg


Cette rubrique est aussi la vôtre, alors n'hésitez pas à envoyer vos productions pour être interviewé par Maritta Calvez à maritta[a]guitariste.com (remplacez le [a] par @).

[Scène Ouverte] Wizard