L'année 2016 est riche pour les amateurs des pionniers du thrash metal Metallica. Au printemps, ils ont eu droit aux premiers remasters du catalogue des Four Horsemen. A l'automne, ce sera un nouvel album, attendu depuis 2008, qui verra le jour. La tension monte avec la mise en ligne il y a quelques jours de Hardwired, l'opener d'un double opus annoncé d'une durée de quatre-vingt minutes. Bref, sans compter les concerts, 2016 est un millésime particulièrement fécond pour Metallica, et le moment parfait pour contempler une des carrières musicales les plus brillantes de ces quatre dernières décennies.

En 1983, après les avancées d'Iron Maiden et Black Sabbath, quatre jeunes loups vont définir le canevas du metal moderne. Kill 'Em All reste aujourd'hui un classique rempli de hits d'envergure. Mais notre oreille s'est habituée à entendre ces compositions en live, raffinées par la répétition. La fougue et les approximations n'ont pas plus de place dans le Metallica d'aujourd'hui que la voix adolescente de James Hetfield. Pourtant, ce sont bel et bien ces teenagers qui ont gravé sur CD les riffs déments de Seek And Destroy, Hit The Lights ou Motorbreath. Le remaster s'est fait attendre mais sa qualité est en tout point exemplaire. On redécouvre avec nostalgie l'énergie folle caractérisant Metal Militia ou Whiplash, certainement les deux morceaux les plus agressifs de ces débuts.  


Mais ce n'est que l'année suivante que le groupe s'annonce comme une légende potentielle. Ride The Lightning fait passer Kill 'Em All pour une mauvaise démo. Les paroles, les arrangements, la technique : tous les aspects de la musique du groupe s'améliorent grandement. Metallica déploie une aisance hallucinante autant dans un registre heavy agressif comme Fight Fire With Fire que dans un genre plus subtil et ambitieux (Fade To Black) ou même dans l'exercice instrumental (The Call Of Ktulu). Les cinq autres extraits valent tous pour différentes raisons mais l'histoire retiendra principalement For Whom The Bell Tolls, que la scène propulsera réellement comme un classique indétrônable, et Creeping Death, annonciateur d'envies futures flamboyantes.

   

Entre cette époque bénie, qui allait au final déboucher sur Master Of Puppets, un des tout meilleurs albums de metal toutes catégories, et 2016, Metallica a traversé plus de turbulences qu'un fan de l'époque n'aurait jamais pu imaginer. Après être devenu le plus gros groupe de la planète au tout début des années 90, le quartette s'est complètement réinventé durant la période Load / Reload où les influences mainstream ont pris l'ascendant sur les convulsions thrash. St. Anger en 2003 montrait une sorte de retour aux sources, incompris à l'époque et un peu mieux accepté par la suite malgré la longueur excessive des compos et le split à peine évité du groupe. Death Magnetic, cinq ans plus tard, est sans doute l'album le plus « Metallica » depuis …And Justice For All. Mais ses problèmes de production et de mix ont gâché le plaisir de nombreux fans.


Le monde attend donc depuis fort longtemps un disque plus traditionnel où ne plane plus le spectre de la déception. Avec Hardwired, difficile de juger si ce sera le cas. L'ouvreur de ce dixième opus est concis, agressif et sans fioritures. En cela, il rappelle étrangement ceux de Kill 'Em All et Ride The Lightning. La suite pourrait en revanche grandement différer tant les écarts de conduite des Américains sont fréquents et aussi bien capables de fournir un Low Man's Lyric qu'un Shoot Me Again.
Réponse le 18 novembre.



Discographie :
Kill 'Em All (1983)
Ride the Lightning (1984)
Master of Puppets (1986)
...And Justice for All (1988)
Metallica (1991)
Load (1996)
Reload (1997)
St. Anger (2003)
Death Magnetic (2008)
Hardwired... to Self-Destruct (2016)

www.metallica.com

En attendant le nouveau Metallica