Ad Rock a écrit :
L'idée selon laquelle Wallons et Flamands ne s'entendent pas parce qu'ils ne se fréquentent pas et qu'à Bruxelles il n'y a pas de soucis parce que les communautés sont mélangées ça me fait tout de même un peu sourire.
Je suis né à Bruxelles et j'y ai vécu jusque mes 27 ans. Je pense donc pouvoir en parler. Les communautés ne sont pas mélangées. En primaire (de 6 à 12 ans) j'étais dans une école bilingue mais - nuance essentielle - flamands et francophones étaient dans des bâtiments séparés, nos pauses n'avaient pas lieu en même temps (hormis le temps de midi mais quand bien même les deux sections restaient séparées).
L'ULB et la VUB - respectivement universités flamandes et néerlandophones de Bruxelles - sont sur deux campus distincts (hormis quelques cursus scientifiques francophones qui se donnent sur le même campus que la VUB) et il faut marcher 15 minutes pour aller d'un campus à l'autre. Les étudiants fréquentent des cafés différents selon leur langue, les fêtes estudiantines sont organisées dans des salles différentes.
Des exemples comme ceux-ci il y en a à la pelle... et la raison est toute simple. L'essentiel des matières socio-culturelles sont de la compétence des institutions communautaires. Ca vaut pour l'enseignement, le financement des associations qui oeuvrent dans les quartiers, etc. Il y a SYSTEMATIQUEMENT un choix préalable de rôle linguistique. Et ce, même dans la région présentée comme bilingue de Bruxelles.
Le problème belge est donc très simple : il n'y a aucune volonté, à quelque niveau que ce soit, de jeter des ponts entre les deux principales communautés du pays. Et ce constat vaut autant pour la Wallonie et la Flandres que Bruxelles...
Par conséquent, vu que le mouvement de fédéralisation accru ne fera qu'amplifier cette réalité, il y a toutes les raisons d'être pessimiste pour l'avenir...
A te lire, on croirait que les gens vivent dans des ghettos
. Personnellement j'ai des amis et des patients dans les deux communautés, et ça ne date pas d'hier. Il me paraît par ailleurs tout à fait normal que les gens se regroupent de préférence avec d'autres partageant une langue commune, pourquoi serait-ce un problème? Tant qu'il n'y a pas d'hostilité - et à Bruxelles il n'y en a pas, les communautés linguistiques vivent en bonne coexistence (hormis bien sûr au niveau politique).
Et puis les communautés sont loin d'être aussi imperméables que tu le caricatures - sinon pourquoi une bonne proportion des hommes politiques flamands auraient-ils un nom d'origine francophone, et une bonne partie des hommes politiques wallons un nom néérlandophone, hein (seule domaine dan slequel ils sont à peu près représentatifs de la population)? CQFD.
Si la Belgique était effectivement une création assez artificielle à sa naissance, le temps a fait que les populations se sont brassées et qu'au terme de presque deux siècles, ce sont à peu près les mêmes abrutis qui se toisent des deux côtés de leur ridicule frontière linguistique (moi-même, je suis né d'un père wallon et d'une mère bruxelloise d'origine flamande). Seulement, leurs politiques appliquent depuis une éternité la règle première du pouvoir: diviser pour régner, et ont enfoncé dans le crânes des pauvres abrutis de votant que l'autre, l'affreux d'en face, même s'il porte un nom à consonnance familière, est un être totalement différent, barbare et incompréhensible. Et une majorité de gens en sont maintenant convaincus, alors que tout dans leur histoire (et souvent celle de leur propre famille!) leur hurle le contraire.
In rod we truss.
"Quelle opulence" - themidnighter
"It's sink or swim - shut up!"