quantat a écrit :
Zorzi a écrit :
Tu sais Doc, tous les commentaires ça et là sur le Net, donnent une sale image du genre humain.
Depuis le temps que l'Histoire et l'expérience nous montrent que le genre humain est capable du pire et qu'il ne s'en prive pas, faudrait peut être arrêter de partir du principe que l'homme devrait être spontanément bon pour ensuite pleurer comme une pucelle parce qu'on est désolé de constater le contraire...
Il devrait suffire à chacun de se regarder soi même avec un peu d'honnêteté pour savoir que nous ne sommes pas des anges et que les pires aspirations nous remuent les entrailles..à partir de là on pourrait, chacun dans son coin, se demander si on veut et comment on peut sortir un peu de ce bourbier ...
Seulement on est tous trop préoccupé à se tailler de soi même une belle image, fausse mais à l'aune de laquelle on se permet ensuite de charger tous les autres...
Cela dit , je vaux pas mieux qu'un autre et mon intention en écrivant tout ça est pas des plus pures... faudrait que j'arrête le café, ça me fout la rage et sa exacerbe ma misanthropie
Les cinglés ont réussi leur démonstrations - au fond nous sommes comme eux ... maintenant on fait quoi ? on continue de désespérer et de pleurer sur nos illusions rousseauistes à la con ou bien on assume et on essaye de faire autre chose sans se leurrer sur nous mêmes ?
- 'tain Zorzi, si tu me tapes dessus très fort je l'aurai bien mérité... en plus c'est même pas à toi en particulier que j'en ai ... si j'étais moins énervé ce matin je te présenterais des excuses... faudra que j'y pense...
Ce genre de posture, ça fait un peu cynisme "nouveau humaniste" à la mode des années 2000...
Tu te prétends athée et ton point de référence c'est une sorte d'idéal de cohabitation "en étable", genre le boeuf et l'âne gris....
Tu te présentes comme modeste, mais tu sembles bien contempler cette humanité pleine de passions... de haut!
Je crois bien au contraire que nous avons su élever la vie individuelle à une valeur sans précédent, ni dans le règne animal, ni dans l'Histoire, comme tu le dis. Une très grande partie des habitants de la terre ont aujourd'hui une culture et des capacités cognitives sans commune mesure avec le 99% de ce que la terre a comporté d'être vivants. On n'est pas grand chose de plus que des singes et on est capable de pleurer à l'échelle de tout un continent, et même plus, la mort d'une centaine d'individus, de ressentir de l'empathie pour des gens que l'on ne connait pas, qui ne sont pas de notre pays, de notre génération, de notre bord politique, etc.. Et si l'amitié, la paix, la douceur ont une valeur, c'est bien parce que nous vivons dans un horizon d'animosité, de guerre et de dureté. C'est bien parce que nous arrivons à dépasser cette animalité, pour ressembler, de courts instants, à des humains que nous méritons un peu de tendresse. C'est bien parce que nous sommes des êtres de passion et de tragédie, que l'étable n'est pas notre destination. Et c'est bien parce que tout n'était pas joué d'avance, qu'il y a une Histoire, que c'est beau.
N'importe qui peut maintenant s'exprimer sur les réseaux sociaux, les courriers de lecteurs sont maintenant rendu public par le biais des réactions en ligne. Il n'y a pas longtemps, à l'échelle de l'Histoire, c'était une personne sur 100 qui pouvait s'exprimer par écrit, et peut-être une personne sur 1000 qui avait accès à des moyens de diffusion, parfois. On peut regretter que l'expression publique ne soit plus réservée à la caste des lettrés, mais on ne peut pas mettre sur le dos de cette expression la découverte de la médiocrité humaine. C'est encore se mettre en surplomb, non seulement par rapport à l'homme en général, mais par rapport à sa capacité réflexive: l'homme est un loup pour l'homme est l'une des thèses les plus anciennes et les plus partagées de la philosophie politique.
Rousseau était un des seuls à défendre une thèse différente, qui n'était certes pas celle de la bonté de l'homme de nature. Ça ce sont les mauvais instituteurs de la République et les "bonnes femmes" lectrices de la Nouvelle Héloïse, qui l'ont répété à l'envi. Il a montré que nous sommes ce que le regard porté sur nous suscite en nous. Ce regard n'est pas un regard divin (en surplomb) mais le regard de nos semblables. Et sa leçon d'horizontalité et de bienveillance (à égale distance du cynisme élitiste voltairien que du moralisme tout aussi élitiste chrétien) n'a pas vraiment été retenue. Pourtant elle me semble centrale en ces jours tourmentés où la France se regarde et se sent regardée. Mais il n'y a pas plus méconnus que les philosophes les plus connus.
Vous battez pas, je vous aime tous