...::: Le Travail :::...

Céline

sur les quais qui puent la pisse, c'est chelou quand même

"On mesure l’ampleur d’une telle émancipation au nombre de jours fériés dont bénéficiaient les travailleurs du Moyen Âge. Dans l’ensemble de l’Europe, le nombre total de jours fériés, dimanche compris, s’élevait à 189, soit un nombre plus élevé que dans la Rome impériale. Même dans les communautés minières les plus reculées, à une date aussi tardive que le XVIe siècle, plus de la moitié des jours recensés étaient fériés. Rien ne témoigne plus clairement d’un excédent de nourriture et d’énergie humaine, sinon de biens matériels. Les appareils modernes censé faire gagner du temps n’ont pas fait mieux." - Lewis Mumford, Le mythe de la machine

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Mais ce qui est plus fondamentalement nouveau en regard de la séquence de 2019-2020 c’est l’affirmation croissante d’une franche répugnance pour le travail – ou a minima d’un désintérêt affiché pour une corvée nécessaire ; l’argot ouvrier, plus expéditif, parlait d’aller au chagrin –, que les jeunes veulent ajourner le plus possible et les plus âgés écourter le plus vite possible. Ce refus du travail, qui inquiète tant les thuriféraires de l’aliénation laborieuse – du populaire "les gens ne veulent plus travailler" jusqu’à la cuistrerie sociologique "le travail n’est plus le centre de l’existence" –, dépasse les catégories des emplois pénibles ou des bullshit jobs sans intérêt pour s’étendre à la totalité du travail salarié. Dans tous les milieux professionnels la conscience est de plus en plus répandue que la marchandisation du temps de travail s’oppose fondamentalement à une activité librement choisie et que in fine la vraie vie lui est sacrifiée. Un des premiers effets en France de ce refus du salariat en tant que tel s’exprime par une crise de recrutement dans tous les domaines d’activité, et ce malgré un chômage de masse.

Dans ces conditions, imposer deux années de labeur supplémentaires est apparu comme une provocation. À en juger par les justifications comptables illusoires, il s’agissait bien de cela ; le message se résumant à : nous décidons de votre vie et vous n’avez rien à dire.

Dans les cortèges de ce printemps quelques slogans lumineux ont apporté un éclair de lucidité à la morne résignation des futurs retraités : "Travailler plus pour gagner plus, mais pour produire quoi ?" ou "Le plein-emploi on en veut pas" ou bien encore le vindicatif "Tu nous mets 64 on te met 68" ; il y a fort à parier que le slogan "Tout le monde déteste le travail" deviendra bientôt aussi banal et partagé que le désormais si répandu "Tout le monde déteste la police".

Cette crise du travail oblige par ailleurs tous les gouvernements européens à recruter de la main-d’œuvre étrangère et en même temps à jouer la carte de la xénophobie plus ou moins raciste ; une contradiction durable qui contraint notre si inventive modernité à réhabiliter l’antique statut d’ilote : l’étranger laborieux, sans droits, expulsable et corvéable à merci quand il a échappé à la noyade en Méditerranée ou aux Canaries.

C'est exactement cela, comme le changement d'heure été/ hiver complètement con qui est soit disant remis en question chaque année.
Comme je disais dans un autre sujet, des " vampires" jouant aux échecs, ou l'image des " détracteurs" dans Harry Potter.
(et notre génération a été particulièrement "conditionné" en travaillant sous le néo libéralisme depuis 40 ans).

Le travail reste une activité très dangereuse, mais la condition de la majorité étant le prolétariat, le choix pour gagner de quoi vivre est restreint...

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