La quête du jazz

Rappel du dernier message de la page précédente :
Merci pour ce partage, je vais tenter d'essayer de commencer à débuter ce travail...
Merci à tous ceux qui partagent leur experience, car la vérité n'est pas toujours bonne à dire mais elle est toujours bonne à entendre.
JayBea
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À adapter bien entendu... Si ça aide, c'est cool
Adam Bopel
Message déplacé sur le topic approprié ...
JayBea
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Au festival Saveurs Jazz en trio dans la loge d'à côté celle de popa chubby

2 jours plus tard c'était Herbie Hancock
JayBea
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J'ai pu surtout y voir Baptiste Herbin dans une formation sympa avec pour thème le blues, ils y jouaient la musique d'Olivier Nelson

https://www.discogs.com/Bill-E(...)56196

Il est vraiment super ce saxophoniste. J'ai acheté son dernier disque, Interférences, c'est excellent ! Sympa aussi. Et particulier de côtoyer des pointures comme ça... Tout petit rôle pour notre trio, mais chouette expérience, rien que pour ça.
jules_albert
la quête du jazz de gilles tordjman, avec au passage quelques coups de griffes contre les clubs de jazz.


Jetez les bananes

Longtemps, je me suis couché de bonne heure. J'avais mes nuits, plus ou moins bonnes. Les antennes des immeubles environnants griffaient le ciel et j'écoutais des musiques tendues comme des cordes pour se suspendre. Nick Drake, Peter Hammill, Frédéric Chopin, John Cale, Franz Schubert : une vraie ambiance de salon des farces et attrapes. Parmi toutes les choses que je détestais alors, le jazz tenait une place de choix. Pour moi, à l'époque, c'était un repoussoir parfait : une musique de vieux, que des vieux jeunes allaient entendre dans des clubs où, l'œil mi-clos, on montrait son enthousiasme en claquant des doigts. Pendant longtemps, ce claquement de doigts nonchalant et stupide m'a obsédé. J'y voyais une sorte de démission ; une forme d'armistice face à ce que la musique réclame : soit tu danses, sois tu bouges pas. Mais tu claques pas des doigts comme un con pour montrer que tu participes. Hegel écrit quelque part qu'il n'y a de conflit que sur les détails. Le détail du chabada-je-claque-des-doigts-dans-un-club-enfumé suffisait à me détourner de l'essentiel. Bref j'étais jeune et intransigeant. Les années m'ont arrangé : je suis de plus en plus jeune et intransigeant. Et j'ai aimé le jazz, malgré les "clubs" qui usurpent son nom.

Ça ne s'est pas fait en un jour, à la manière d'une conversion-minute façon Claudel derrière son pilier de Notre-Dame. C'est plutôt l'inverse qui s'est produit, puisque c'est à partir du moment où le jazz a été pour moi libéré d'un lieu où l'on est censé l'apprécier mieux qu'ailleurs, qu'il a pris tout son sens. Evidemment, la célèbre phrase de Sartre lancée en manière d'éloge à l'égard des clubs ("le jazz, c'est comme les bananes ; ça se consomme sur place") continua de me paraître, pour quelques années encore, mystérieuse. Avant que je n'ose admettre qu'elle était simplement stupide. Car outre le fait qu'on ne voit pas pourquoi les bananes se consommeraient "sur place", le propre de la musique est bien de créer un non-lieu, qui abolit tout ancrage géographique et toute localisation. Loin d'être une situation passive, le moment de l'écoute définit un être-là qui n'est pas forcément ici sans être nécessairement ailleurs. C'est encore plus vrai dans le cas du jazz et des musiques populaires dont l'essor est indissolublement lié aux moyens de reproduction mécanique. Hier comme aujourd'hui, aimer le jazz c'est avant tout vivre avec le ressassement amoureux de quelques disques. Et tant pis si les puristes sartriens du "sur place" s'en trouvent choqués : la scène n'est pas le lieu privilégié du discours musical.

Pour être tout à fait franc, précisons que ces quelques réflexions me sont venues alors qu'un soir de trop, je m'ennuyais ferme dans l'un de ces clubs de jazz "prestigieux" qui font du Paris actuel une ville à peu près aussi excitante que Tirana il y a trois décennies. Réduit à un business de limonadier, le jazz parisien n'a pas bonne mine : sélection par le fric, morgue et mépris des serveurs, clientèle de passage échouée là pour boire un canon en écoutant de la bonne zicmu ; bref, tout pour plaire. Les patrons de club sont par ailleurs les premiers à monter au créneau pour défendre la "démocratisation" d'une musique dont ils déplorent le peu de succès public. Le petit commerce n'en est pas à une contradiction près : au prix où est l'entrée et la consommation dans ces "clubs", leur fréquentation n'est plus réservée qu'à un petit nombre de riches. Ça ne les empêche pas de poser en redresseur de torts et de se présenter comme les défenseurs de la "musique vivante".

On en est là : le jazz, cette musique qui mieux qu'aucune autre a su capter et perpétuer la fantaisie du moment, le plaisir de l'imprévu, est diffusée dans des lieux où la loi du pognon assure que plus rien ne peut arriver, hormis la rassurante socialité des bourgeois et des mondains venus là pour respirer un peu de ce parfum bohème qui plaît tant au parti de l'ordre. Une attraction foraine pour les claqueurs de doigts qui, finalement, confortent les jeunesses intransigeantes. Si bien que la question se pose : pourquoi, à l'heure où tous les festivals d'été font un travail remarquable pour faire aimer cette musique au plus grand nombre, à des tarifs vraiment démocratiques, faudrait-il encore se faire chier dans ces endroits où même les musiciens sont traités comme des larbins ? Jetez les clubs. Jetez Sartre. Jetez les bananes. Jetez la girafe à la mer. Courez les festivals. Appuyez sur "play" : John Coltrane joue A Love Supreme chez vous, rien que pour vous. Appuyez sur "repeat". Ça y est, vous y êtes. Dans la bonne vie.

Gilles Tordjman
Sans valeur marchande : https://debord-encore.blogspot(...).html

La peste citoyenne. La classe moyenne et ses angoisses : http://parolesdesjours.free.fr(...)e.pdf
JayBea a écrit :
Alors concernant mon petit programme, attention, il s'agit bien de technique et d'aisance sur l'instrument au niveau harmonique. Donc, un bon jazzman rajouterai beaucoup d'autres choses dont relevé, travail d'oreille, plus de transposition... À côté.
Je rajoute des notes pour détailler un peu sous chaque section.


Echauffement, do majeur horizontal différents tempos - 10 minutes

Je fais des échauffements de classique, principalement lents et précis, je trouve que ça permet de se mettre dans de bonnes conditions de travail pour la suite. "Do majeur" horizontal, c'est joué en croches par paquet de 13 notes: mi fa sol la si do ré do si la sol fa mi (pause) fa sol la si do ré mi ré do si la sol fa (pause) sol la.... En parcourant le manche de le plus horizontalement possible, et en changeant la façon de le parcourir une fois que c'est bien acquis. J'étends parfois aux gammes majeures suivantes (par ordre d'altérations croissantes). Ca balise pas mal la connaissance du manche je trouve.


Gammes lentes verticales avec jonction Mi La Ré - 10 minutes
-(en étendant) Une tonalité par jour où on traverse par 7 (même technique qu'avant) en identifiant les degrés (Gammes connues) - 5 min
Première partie de gammes, lentes où le but est de sortir doucement du schéma vertical qu'on a en faisant des liens avec les positions de modes autour de la zone. Pas simple à expliquer, difficile de structurer ça clairement

-Travail lent sur les gammes à consolider (Altérée, Demi ton/ton, Bartok, Ton demi ton…) - 5 min

Gammes rapides verticales - 10 minutes

-Schémas habituels en les passant tous. Selon le temps, faire les positions de Mi, puis de La, Ré...
Les schémas sont: dérouler la gamme, par tierces, 1234 2345 3456 ... , chaque note jouée deux fois, et 3 fois chaque note. Important: faire chaque schéma à contretemps pour le boulot de médiator

Renversements - 10 minutes

-(main droite variable)
-Drop 2 + substitutions b9
-1 tonalité par jour
-5 minutes par nature d’accord
-5 minutes II V I / Blues / I VI II V

Je profite de ça pour bosser l'accompagnement donc la précision de la main droite (je joue plus avec mes doigts qu'en "pompe"). Je choisis une tonalité à chaque session et les drop 2: Maj6 (+substitution), Min (+sub), Maj7, 7, demi dim et dim. Je songe à remplacer les 5 min d'application sur des cadences par des gammes jouées avec des drops.


Arpèges - 10 minutes

-5 min à 3 sons (1 accord maj/min par jour)
-5 min à 4 sons dans une tonalité par jour (sur Autumn Leaves par exemple)

Grosse faiblesse donc je vais déblayer la méthode de travail au fur et à mesure. Travail des triades sur les accords à trois sons. Sur la deuxième partie c'est assez libre, en gros de l'impro exclusivement avec des arpèges. Peut être passer sur du plus classique (une grille en 1357, une en 3579, etc. )


Transposition - 5 minutes

-Une grille par semaine / progression / intro (chaque tonalité, par quintes, quartes, demi ton on tierces descendantes)

Choisir un truc à transposer pour la semaine et chaque jour changer la façon de changer de tonalité. Je transpose peu à la guitare, mais au piano c'est une règle très importante pour pas créer de raccourcis qui simplifient trop... Par ex, Autumn Leaves la première semaine, le Blues (jamais assez ), une intro relevée ensuite...



Une grille (changer chaque semaine) enregistrée - 5 minutes

Avec métronome sur le 2 et 4, une série de grilles en faisant:
-dire le 1 sur la première grille
-dire le 2 ---
- 3
- 4
-dire tous les temps
-commencer chaque phrase sur le 1
-idem avec le et du 1
-etc jusqu'au et du 4.




Exercices en rab:
-gamme majeure en enlevant des notes
-arpèges gamme majeure
-gamme en tierce synchro
-gamme en octave / 6 aux doigts
-et j'en passe...




Si ça peut servir à certains je me disais que j'aurais pu l'expliquer en vidéo mais relativement la flemme et certains doivent bien mieux le faire que moi !


En vidéo oui, ce serait sympa.
JayBea
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    ModérateurModérateur
Ah, faudrait que je prenne le temps quand j'ai un jour de repos. Me lève tôt pour bosser ces jours ci.

D'ailleurs, je n'ai fait ce programme que 3-4 fois depuis le début de l'été, classique en priorité...


En attendant, cet album bien amer

fabilou
  • Special Ultra utilisateur
JayBea a écrit :
Alors concernant mon petit programme, attention, il s'agit bien de technique et d'aisance sur l'instrument au niveau harmonique. Donc, un bon jazzman rajouterai beaucoup d'autres choses dont relevé, travail d'oreille, plus de transposition... À côté.
Je rajoute des notes pour détailler un peu sous chaque section.


Echauffement, do majeur horizontal différents tempos - 10 minutes

Je fais des échauffements de classique, principalement lents et précis, je trouve que ça permet de se mettre dans de bonnes conditions de travail pour la suite. "Do majeur" horizontal, c'est joué en croches par paquet de 13 notes: mi fa sol la si do ré do si la sol fa mi (pause) fa sol la si do ré mi ré do si la sol fa (pause) sol la.... En parcourant le manche de le plus horizontalement possible, et en changeant la façon de le parcourir une fois que c'est bien acquis. J'étends parfois aux gammes majeures suivantes (par ordre d'altérations croissantes). Ca balise pas mal la connaissance du manche je trouve.


Gammes lentes verticales avec jonction Mi La Ré - 10 minutes
-(en étendant) Une tonalité par jour où on traverse par 7 (même technique qu'avant) en identifiant les degrés (Gammes connues) - 5 min
Première partie de gammes, lentes où le but est de sortir doucement du schéma vertical qu'on a en faisant des liens avec les positions de modes autour de la zone. Pas simple à expliquer, difficile de structurer ça clairement

-Travail lent sur les gammes à consolider (Altérée, Demi ton/ton, Bartok, Ton demi ton…) - 5 min

Gammes rapides verticales - 10 minutes

-Schémas habituels en les passant tous. Selon le temps, faire les positions de Mi, puis de La, Ré...
Les schémas sont: dérouler la gamme, par tierces, 1234 2345 3456 ... , chaque note jouée deux fois, et 3 fois chaque note. Important: faire chaque schéma à contretemps pour le boulot de médiator

Renversements - 10 minutes

-(main droite variable)
-Drop 2 + substitutions b9
-1 tonalité par jour
-5 minutes par nature d’accord
-5 minutes II V I / Blues / I VI II V

Je profite de ça pour bosser l'accompagnement donc la précision de la main droite (je joue plus avec mes doigts qu'en "pompe"). Je choisis une tonalité à chaque session et les drop 2: Maj6 (+substitution), Min (+sub), Maj7, 7, demi dim et dim. Je songe à remplacer les 5 min d'application sur des cadences par des gammes jouées avec des drops.


Arpèges - 10 minutes

-5 min à 3 sons (1 accord maj/min par jour)
-5 min à 4 sons dans une tonalité par jour (sur Autumn Leaves par exemple)

Grosse faiblesse donc je vais déblayer la méthode de travail au fur et à mesure. Travail des triades sur les accords à trois sons. Sur la deuxième partie c'est assez libre, en gros de l'impro exclusivement avec des arpèges. Peut être passer sur du plus classique (une grille en 1357, une en 3579, etc. )


Transposition - 5 minutes

-Une grille par semaine / progression / intro (chaque tonalité, par quintes, quartes, demi ton on tierces descendantes)

Choisir un truc à transposer pour la semaine et chaque jour changer la façon de changer de tonalité. Je transpose peu à la guitare, mais au piano c'est une règle très importante pour pas créer de raccourcis qui simplifient trop... Par ex, Autumn Leaves la première semaine, le Blues (jamais assez ), une intro relevée ensuite...



Une grille (changer chaque semaine) enregistrée - 5 minutes

Avec métronome sur le 2 et 4, une série de grilles en faisant:
-dire le 1 sur la première grille
-dire le 2 ---
- 3
- 4
-dire tous les temps
-commencer chaque phrase sur le 1
-idem avec le et du 1
-etc jusqu'au et du 4.




Exercices en rab:
-gamme majeure en enlevant des notes
-arpèges gamme majeure
-gamme en tierce synchro
-gamme en octave / 6 aux doigts
-et j'en passe...




Si ça peut servir à certains je me disais que j'aurais pu l'expliquer en vidéo mais relativement la flemme et certains doivent bien mieux le faire que moi !


J'ai longtemps joué à ce jeu-là au saxophone; j'avais même un carnet où je notais toutes les variations d'exercices techniques que je pouvais bosser, toutes les approches chromatiques, les cassures de gammes, etc... ça ne m'a mené nulle part. Mais vraiment nulle part. La vérité, c'est qu'on bosse des trucs qui ne serviront jamais à construire un solo. Bien sûr, bosser un de ces multiples plans n'est pas totalement inutile, on finit bien par en ressortir un en concert, un jour, ou sur un enregistrement... Mais j'ai abandonné le jour où j'ai pris conscience que dans un solo, si 5% des notes que je jouais provenaient de genre de boulot, c'était le bout du monde. Alors consacrer 95% de mon boulot pour moins de 5% de résultat, j'ai bien dû m'avouer à moi-même que je travaillais dans le vide. C'est même contre-productif, car on ne développe pas sa musicalité et son expressivité, encore moins sa confiance en soi qui est essentielle dans le jeu. Je peux même avouer que je me suis dis ça plusieurs années de suite avant de passer à autre chose! Ce qui a pesé dans la balance, c'est quand j'ai entendu des saxophonistes qui sortaient de bien meilleurs solos que moi, et qui me disaient "mais je bosse beaucoup (sic)! Au moins 3 ou quatre heures par semaine!" Et moi j'étais plutôt à 15-20 heures/semaine...
Et c'est fondamental car la vérité est ailleurs. La technique, les combinaisons de notes, sont infinies, c'est une quête sans fin, alors qu'une belle phrase musicale ne relève quasiment jamais de ce genre de considérations. Allons plutôt vers l'essentiel. Relevons et bossons les plans qui marchent vraiment; travaillons le rythme et le phrasé; improvisons sur des bandes ou simplement sur le clic du métronome; inventons nos propres plans, au hasard de notre jeu. La technique suivra bien toute seule. Ne l'abandonnons pas pour autant, mais remettons-là à sa juste place. Ne travaillons dans la technique que ce que nous avons besoin de travailler à un instant t. Mais n'oublions pas que ce dont nous avons le plus besoin de travailler, c'est la musique, et la musique n'égale pas la technique.
coyote
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fabilou a écrit :

J'ai longtemps joué à ce jeu-là au saxophone; j'avais même un carnet où je notais toutes les variations d'exercices techniques que je pouvais bosser, toutes les approches chromatiques, les cassures de gammes, etc... ça ne m'a mené nulle part. Mais vraiment nulle part. La vérité, c'est qu'on bosse des trucs qui ne serviront jamais à construire un solo. Bien sûr, bosser un de ces multiples plans n'est pas totalement inutile, on finit bien par en ressortir un en concert, un jour, ou sur un enregistrement... Mais j'ai abandonné le jour où j'ai pris conscience que dans un solo, si 5% des notes que je jouais provenaient de genre de boulot, c'était le bout du monde. Alors consacrer 95% de mon boulot pour moins de 5% de résultat, j'ai bien dû m'avouer à moi-même que je travaillais dans le vide. C'est même contre-productif, car on ne développe pas sa musicalité et son expressivité, encore moins sa confiance en soi qui est essentielle dans le jeu. Je peux même avouer que je me suis dis ça plusieurs années de suite avant de passer à autre chose! Ce qui a pesé dans la balance, c'est quand j'ai entendu des saxophonistes qui sortaient de bien meilleurs solos que moi, et qui me disaient "mais je bosse beaucoup (sic)! Au moins 3 ou quatre heures par semaine!" Et moi j'étais plutôt à 15-20 heures/semaine...
Et c'est fondamental car la vérité est ailleurs. La technique, les combinaisons de notes, sont infinies, c'est une quête sans fin, alors qu'une belle phrase musicale ne relève quasiment jamais de ce genre de considérations. Allons plutôt vers l'essentiel. Relevons et bossons les plans qui marchent vraiment; travaillons le rythme et le phrasé; improvisons sur des bandes ou simplement sur le clic du métronome; inventons nos propres plans, au hasard de notre jeu. La technique suivra bien toute seule. Ne l'abandonnons pas pour autant, mais remettons-là à sa juste place. Ne travaillons dans la technique que ce que nous avons besoin de travailler à un instant t. Mais n'oublions pas que ce dont nous avons le plus besoin de travailler, c'est la musique, et la musique n'égale pas la technique.


J'en suis arrivé aux mêmes conclusions ! Un bémol tout de même, d'un point de vue purement digital, tout ce travail m'a tout de même été hautement profitable, mais que de temps perdu !
"Have you ever been to Electric Ladyland"

"Il est difficile de vaincre ses passions, et impossible de les satisfaire."

De la pub pour les copains =>
http://www.empty-spaces.fr/
soopajeanmi
fabilou a écrit :


J'ai longtemps joué à ce jeu-là au saxophone; j'avais même un carnet où je notais toutes les variations d'exercices techniques que je pouvais bosser, toutes les approches chromatiques, les cassures de gammes, etc... ça ne m'a mené nulle part. Mais vraiment nulle part. La vérité, c'est qu'on bosse des trucs qui ne serviront jamais à construire un solo. Bien sûr, bosser un de ces multiples plans n'est pas totalement inutile, on finit bien par en ressortir un en concert, un jour, ou sur un enregistrement... Mais j'ai abandonné le jour où j'ai pris conscience que dans un solo, si 5% des notes que je jouais provenaient de genre de boulot, c'était le bout du monde. Alors consacrer 95% de mon boulot pour moins de 5% de résultat, j'ai bien dû m'avouer à moi-même que je travaillais dans le vide. C'est même contre-productif, car on ne développe pas sa musicalité et son expressivité, encore moins sa confiance en soi qui est essentielle dans le jeu. Je peux même avouer que je me suis dis ça plusieurs années de suite avant de passer à autre chose! Ce qui a pesé dans la balance, c'est quand j'ai entendu des saxophonistes qui sortaient de bien meilleurs solos que moi, et qui me disaient "mais je bosse beaucoup (sic)! Au moins 3 ou quatre heures par semaine!" Et moi j'étais plutôt à 15-20 heures/semaine...
Et c'est fondamental car la vérité est ailleurs. La technique, les combinaisons de notes, sont infinies, c'est une quête sans fin, alors qu'une belle phrase musicale ne relève quasiment jamais de ce genre de considérations. Allons plutôt vers l'essentiel. Relevons et bossons les plans qui marchent vraiment; travaillons le rythme et le phrasé; improvisons sur des bandes ou simplement sur le clic du métronome; inventons nos propres plans, au hasard de notre jeu. La technique suivra bien toute seule. Ne l'abandonnons pas pour autant, mais remettons-là à sa juste place. Ne travaillons dans la technique que ce que nous avons besoin de travailler à un instant t. Mais n'oublions pas que ce dont nous avons le plus besoin de travailler, c'est la musique, et la musique n'égale pas la technique.


Carrement d'accord avec toi. Après le plus important est que chacun trouve la methode qui lui convienne. Pour moi, les exercices techniques ou de gamme n'ont jamais rien donné. Par contre passer du temps a retrouver des phrases a l'oreille et les re-appliquer musicalement dans d'autres contextes est l'exercice qui me fait le plus progresser. Selon moi quelle que soit la methode qu'on choisit il faut que le resultat soit musical et concret en quelques mois, la plus grosse erreur est de se dire qu'on est pas musical aujourd'hui mais qu'on le sera dans 3 ou 4 ans: j'ai des potes qui en sont toujours la au bout de 15 ans, toujours incapables de m'accompagner sur "summertime" alors qu'ils ont des milliers d'heures de metronome et de gammes sous les doigts.
JayBea
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Attention, c'est précisé au début, l'objectif c'est l'aisance. J'ai bien dit qu'une autre part de travail était pas du tout concernée.

Je suis assez frustré de rater, de ne pas être à l'aise pour jouer ce qu'il passe en tête, et c'est le cas toute le vie.

Je le répète, l'aisance, et sortir des chemins habituels. Je trouve ça extrêmement important.

Un relevé, ça se travail en prolongeant de la même façon, on transpose, on analyse, on change un peu les phrases, on utilise une technique trouvée dedans...

Le travail est infini. Mais l'aisance technique me semble extrêmement importante.

S'immerger dans le jazz, c'est plus important oui, mais si on se sent très limité sur son instrument, on n'en fait pas grand chose.
Adam Bopel
Perso, les deux axes de mon travail sont :
- l'écoute de musiciens (en parfois, quand j'ai le temps, le relevé de quelques-unes de leurs phrases),
- la technique, par le biais de quelques exercices, quels qu'ils soient ; cela me paraît nécessaire, car rien n'est plus frustrant que d'avoir une idée, une mélodie en tête et d'avoir du mal à la jouer, faute d'aisance.

Le plan de travail de JayBea me paraît pertinent et intéressant ... Mais il demande pas mal de temps et de disponibilité

fabilou a écrit :
... La technique, les combinaisons de notes, sont infinies, c'est une quête sans fin, alors qu'une belle phrase musicale ne relève quasiment jamais de ce genre de considérations. Allons plutôt vers l'essentiel. Relevons et bossons les plans qui marchent vraiment; travaillons le rythme et le phrasé; improvisons sur des bandes ou simplement sur le clic du métronome; inventons nos propres plans, au hasard de notre jeu. La technique suivra bien toute seule. Ne l'abandonnons pas pour autant, mais remettons-là à sa juste place. Ne travaillons dans la technique que ce que nous avons besoin de travailler à un instant t. Mais n'oublions pas que ce dont nous avons le plus besoin de travailler, c'est la musique, et la musique n'égale pas la technique.

Je suis d'accord avec toi sur le fait qu'on ne saurait réduire la musique à un ensemble de performances techniques, et que la technique n'est certainement pas une fin en soi si l'on n'a rien à raconter (on connaît tous des musiciens virtuoses, au discours vain).
Néanmoins elle me semble nécessaire, car les grands musiciens sont des techniciens accomplis qui savent s'en affranchir et la mettre au service de leurs discours.
Oghkhood
Adam Bopel a écrit :
......on connaît tous des musiciens virtuoses, au discours vain.....



C'est meme ceux la qui font le plus de bruit
On dit d'un fou qu'il a perdu le sens de la realité.

Alors que dire des gens qui confondent :

- La colere et la haine
- Le respect et la crainte
- L'offense et la peur
- La vérité et la croyance
- Le savoir et l'information
- L'amour et l'envie
- Etre et avoir
JayBea
  • Custom Supra utilisateur
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En effet demande du temps, et surtout ne convient pas à tout le monde, chacun a ses lacunes.

Je ne l'ai fait que 3 fois depuis le début de l'été Privilégiant piano et guitare classique.

Sinon deux petites vidéos, un relevé que j'ai beaucoup bossé cette année




Et un live avec mon trio, pas la meilleure prestation du monde et le meilleur son, mais voilà:

En ce moment sur bla bla et guitare...