Créée par Brady Smith et Seth McCarroll en 2014 – dans leur garage en Oklahoma, la marque américaine Old Blood Noise Endeavors s’est rapidement faite remarquer par son approche des effets, en transformant/adaptant drastiquement leur fonctionnement et ainsi livrer des produits - et des sonorités - sortants des sentiers battus. À la suite du délai Black Fountain Oil Can, de nouveaux produits ont été développés (effets ou outils pour guitaristes) pour aujourd’hui composer une gamme d’une quinzaine de références. Nous jouons aujourd’hui le Dweller, un phaser « répétant » selon OBNE que nous allons découvrir ensemble. C'est parti !

Découverte

Le produit nous est livré dans une boite cartonnée, recouverte d’un dessin représentant un homme au téléphone – un autocollant précise le modèle de pédale ainsi que le numéro de série. (Aparté : les dessins et artworks accompagnant les pédales OBNE sont réalisés par des artistes locaux).

À l’intérieur, outre la pédale dans un petit sac, nous trouvons un bel autocollant, un badge OBNE, ainsi que 2 dépliants : l’un étant une grande planche de vignettes type comics, l’autre le mode d’emploi (et nous retrouvons au dos le dessin présent sur la boite). Ce dessin est également reproduit sur le boitier de la pédale, donnant ainsi une orientation verte à l’ensemble, avec un graphisme foncé sur un revêtement clair, ainsi que des boutons gris avec rappel vert sur leur extrémité. Le rendu global n’est pas désagréable, mais on ne peut pas vraiment lui décerner le prix de l’esthétisme… Les boutons en plastique vert et gris ayant de plus tendance à nous renvoyer 20 ans en arrière…

Comme à notre habitude, nous faisons le tour du propriétaire non branché, sans s’être auparavant renseigné sur le produit ni avoir lu le mode d’emploi. Nous trouvons au total 3 prises femelles jack au format 1/4, sans inscription sur le boitier - on suppose qu’une des deux prises jack du coté droit est présente pour accueillir un contrôleur externe (on verra par la suite qu’on peut y  brancher une pédale d’expression). La Dweller doit être raccordée à une alimentation secteur, sans possibilité d’utiliser une pile. Notons qu’aucun pied en caoutchouc ou bande velcro n’est fourni.

 Sur la face avant, on trouve une LED (verte), 5 potentiomètres ainsi que deux sélecteurs (2 et 3 positions). Tandis que certains contrôles nous paraissent plus ou moins évidents quant à leur désignation (Rate / Depth / Mix), d’autres nécessiteront une lecture du manuel (Stretch, Voice / Shape). Précisons que l’interrupteur de mise en fonction est de type « relai », sans « clic » ni décrochage.

 

 

Au commencement...

Avec un MIX à 0, la Dweller altère légèrement le signal original, en augmentant très sensiblement le volume (nous trouverons à l’intérieur de la pédale un mini potentiomètre permettant de gérer ce niveau sortie). Les contrôles DEPTH et RATE agissent comme on l’attend sur la profondeur (intensité) de l’effet phaser et sur sa vitesse (rien ne se passe vraiment sur le premier quart de la course de chacun de ces contrôles). Notons que la LED ne retranscrit pas la vitesse réglée, ce qui est plutôt dommage. En jouant avec le MIX, le RATE et DEPTH et en laissant le Stretch et Regen à 0 et le mix à 50, on obtient un effet de phase assez classique, dont on pourra modifier le nombre de pas (4 ou 8) avec l’interrupteur le plus à gauche. Le rendu est assez neutre et agréable, ni cliniquement froid ni « vintagement » chaleureux.

Et à partir de là, nous allons lire le mode d’emploi pour avoir plus de détails sur l’action des autres contrôleurs…

Le VOICE permet d’alterner entre un phaser à 4 pas au caractère plus vintage, et un 8 pas pour un effet plus riche et complexe. Le SHAPE, comme on peut le deviner, s’occupe des formes d’ondes et permet de naviguer entre une sinusoïdale, une triangulaire et une « hasardeuse ». Le REGEN, comme sur une pédale de flanger, contrôle le retour (ou feedback) du signal déphasé dans le circuit, ce qui produit un effet vraiment très intense avec d’importants peak ou notch.

 

Petit rappel:

De manière vraiment très simplifiée, l'effet "phaser" est le résultat obtenu en envoyant un signal (celui de votre guitare) dans une série de filtres constitués d'une résistance et d'un condensateur, au sein desquels il va être divisé en deux puis traité indépendamment par chaque composant.

La partie "A" du signal va ainsi passer par la résistance ou le condensateur, tandis que l’onde de la partie « B » va être inversée et ensuite être injectée dans le composant électronique restant (résistance ou condensateur donc). En résulte une différence de phase entre les deux signaux lorsqu'ils se retrouvent en sortie de filtre. Cette étape est ensuite répétée (ici, ce sera 4 ou 8 filtres/étage) et le résultat du changement de phase superposé au signal original entraine la création de l'effet sonore que nous connaissons, avec une impression de fréquences hautes et basses qui bougent (effet de "vagues" à mes oreilles), se croisant parfois (renforcement) ou s'opposant (trous ou notches).

Le Regen (feedback) dont nous parlions plus haut consiste en la réinjection du signal filtré par les 4 ou 8 étages à un endroit défini du cycle, afin d'accentuer tel ou tel aspect (fréquences aiguës, basses, distorsion...). Et c’est ici que OBNE a décidé de faire les choses différemment.

 

Le dernier contrôle – inhabituel donc sur un phaser - se nomme STRETCH et gère le délai de réinjection du signal filtré dans le circuit  du Dweller (et permet ainsi de créer une répétition). Lorsqu’il est positionné le plus à gauche (inactif), la Dweller agit comme un phaser tout ce qu’il y a de plus « classique ». Plus nous allons tourner le Stretch dans le sens des aiguilles d’une montre, plus le retard de la réinjection du signal filtré va être long et créer un effet de délai par rapport au signal initial et principal de votre guitare. Le retard crée va dépendre du Stretch (pour la durée) et du Regen qui va faire office de feedback, à savoir le nombre de répétitions. Parallèlement, la position du Depth va préciser le rendu de la Dweller : complètement sur la gauche – donc à 0, la pédale agira plus ou moins comme un délai classique. Plus vous accentuerez l’intensité, plus la pédale se transformera en quelque chose d’inattendu ! 

Cette pédale est un outil qui développe votre créativité en amenant des sonorités et textures inhabituelles. L’importante interaction existant entre les contrôleurs disponibles nécessite une petite période d’adaptation afin d’en comprendre les liens et impacts, mais on peut également toucher un peu tout au hasard, la Dweller produisant des sons intéressants et inspirants, peu importe ses réglages. Mais tout cela prendra plus de sens dans la vidéo...

Conclusion

Il s’agit d’une belle surprise et surprenante découverte ! Cette Dweller est une pédale très versatile, dont la prise en main est aisée, mais qui nécessitera un peu de recherches et de maniement des potards afin de découvrir les innombrables sonorités renfermées. Faisant office de phaser, de délai, et d’une immensité d’effets sans nom entre les deux, la Dweller est un excellent outil à avoir sur son pedalboard, pour peu que vous évoluiez dans un univers post-rock, noisy, ou ambiant. Proposée à 219€, ce produit est un très bon investissement, qui saura démarquer votre pedalboard et votre son! 

On a aimé

* les sonorités étranges, les glitchs, l’inattendu !

* le phaser tout seul et le délai aussi 

On regrette

* l’absence d’un témoin visuel de Rate.

* le look

Produit Old Blood Noise Endeavors distribué par Filling distribution 

Test de la Old Blood Noise Endeavors Dweller