En 1990, le virtuose Steve Vai était en pleine explosion avec son album "Passion And Warfare". Sur la pochette de ce monument guitaristique, il tient une Ibanez Universe, un instrument que la marque qui l'endorse vient de sortir et qui a une particularité tout à fait bizarre : c'est une guitare sept cordes ! Sur une solid body produite à grande échelle, c'est une première, même si le concept avait déjà fait son apparition sur certaines guitares classiques ou jazz. Mais n'est pas Steve Vai qui veut, et la Universe est un flop, en tout cas comparé au succès fulgurant de la JEM et des RG.
Mais c'était sans compter sur un petit groupe venu de Bakersfield, en Californie. Ils préparent leur premier album, et l'un des guitaristes, James Shaffer, est obsédé par Steve Vai. Il achète une Universe, et en tire des sons gutturaux absolument dantesques en jouant des powers chords sur les cordes les plus graves. Le deuxième guitariste, Brian Welch, s'équipe lui aussi du même modèle et le résultat donne un album qui va révolutionner le paysage musical de la décennie 90, Korn en 1994. Ibanez venait d'arrêter la production du modèle, mais ils se retrouvent vite inondés de demandes. Dès lors, la 7 cordes devient l'instrument du metal moderne par excellence, et Ibanez en est la marque emblématique.
Plus de trente ans après, Korn est encore sur la route et ils ont sorti leur quatorzième album, "Requiem", en 2022. Entre temps, Munky et Head (respectivement Shaffer et Welch donc) ont eu leurs modèles signature, sobrement intitulés K7, dont voici la dernière incarnation. Les Ibanez K7 Yin Yang sont deux modèles qui se ressemblent énormément et mettent en valeur les légères différences entre Munky (Yin) et Head (Yang). Les deux ont une forme proche de la RG mais plus douce dans ses courbes et chanfreins. Le corps est en nyatoh, le manche vissé en 5 pièces d'érable et noyer avec un diapason long de 25,5 pouces et 24 frettes jumbo. Les mécaniques sont des Gotoh et les micros, deux humbuckers DiMarzio Blaze, un modèle qui a justement fait sa première apparition sur la Universe, contrôlés par un simple switch trois positions.
La K7 Yang (de Head donc) a une table rapportée en érable, une touche en palissandre, un accastillage doré, un chevalet Evertune et une finition blanche, tandis que la K7 Yin (de Munky) a une finition noire mat avec un logo de tête noir foncé sur noir clair, une touche ébène, un accastillage noir et un chevalet Lo-Pro Edge type Floyd Rose mais avec la fameuse U-Bar qui permet d'autres effets que les clichés habituels de ce type de vibrato. Enfin, la Yang a uniquement un réglage de volume, tandis que la Yin lui ajoute un réglage de tonalité.
Dans les deux cas, il n'est pas ici question de jazz ou de bossa, et le choix sera sans doute plus esthétique que sur les caractéristiques finalement assez proches. Ibanez n'oublie pas les artistes à qui elle doit son succès, et les riffeurs de Korn sont en haut de cette liste.