Doc Loco a écrit :
awai: à te suivre, si on a un AC30CC, il vaudrait alors mieux garder toujours le standby OFF ? (ça m'intéresse vu que j'en ai un).
Oui, et c'est le cas sur tout les amplis équipés d'une rectifieuse : comme l'a dit très justement totoleheron, la rectifieuse temporise la montée en tension de l'alim et joue donc d'elle-même le rôle qu'on confie au standby.
L'explication du pourquoi le standby serait néfaste dans ce cas suit un peu plus bas
Pour tous ceux qui se tapent de la technique, vous pouvez passer la suite du message
totoleheron a écrit :
Tu peux développer que je rigole?
Allons-y :
1. Les rectifieuses : sans standby, la rectifieuse monte progressivement en température et laisse donc passer le courant petit à petit.
Dans le cas contraire, si on laisse chauffer la rectifieuse avec le standby enclenché, elle monte en température jusqu'à atteindre son point de fonctionnement, où elle laissera passer le courant normalement ; du coup quand on ferme le standby, la tension nominale s'établit presque instantanément, et la rectifieuse se mange le courant d'appel (monstrueux) de la première capa d'alim. Ce courant d'appel est trop important pour la rectifieuse qui s'use donc prématurément, et claquera plus rapidement...
Ca devrait parler à beaucoup de possesseurs d'AC30 modernes
2. Les autres tubes : un tube chaud qui ne draine pas de courant (cas du standby) est le siège d'une réaction chimique au niveau de la cathode, entre la cathode proprement dite et le revêtement émetteur dont celle-ci est recouverte. Il se crée alors une "résistance d'interface" qui diminue petit à petit le gain du tube en question, d'où un vieillissement prématuré.
Cette réaction est lente et il faut de longues heures pour arriver à ce résultat, mais nombreux sont les guitaristes à laisser l'ampli en standby pour des pauses parfois longues (entre balance et concert par exemple), donc c'est quand même un point à mentionner...
A noter que les tubes des années 50 et 60 étaient fabriqués avec des matériaux permettant de rendre ce phénomène quasi-inexistant, mais ça ne m'étonnerait pas que par soucis d'économie (ou d'obsolescence programmée) les fabricants actuels soient revenus à des matériaux moins bons (aucun fondement scientifique dans cette dernière phrase je vous l'accorde, donc vous pouvez l'ignorer si elle ne vous plait pas
)
3. Pourquoi les tubes ne morflent pas plus s'il n'y a pas de standby : le "besoin" du standby s'est forgé autour du mythe suivant : si on applique une tension à l'anode alors que la cathode n'est pas assez chaude pour émettre des électrons, il se crée un champ électrique qui va "arracher" le revêtement de cathode et donc contribuer à "tuer" le tube.
C'est un phénomène réel, mais qui ne s'applique pas aux tubes que nous utilisons en amplification guitare, car il nécessite que le champ électrique en question soit d'une intensité phénoménale (4 MV/m) qui ne peut pas être atteinte dans nos amplis (la distance anode-cathode est trop importante, et les tensions de service trop faibles pour que le champ électrique généré ne soit ne serait-ce que de la moitié de cette valeur)
Ces informations proviennent du bouquin de Merlin Blencowe, "Designing Power Supplies for Tube Amplifiers", pp. 94-96 (2010), qui cite les références suivantes :
- Herrmann & Wagener, "The Oxide-coated cathode" p. 111 (1951)
- Waymouth, "Deterioration of Oxide-Coated Cathodes under low duty-factor operation" in "Massaschusetts Research Laboratory of Electronics, Technical Report No. 159", pp. 1-15 (1950)
- Eaglesfield, "Life of valves with oxide-coated cathodes" in "Electrical Communication", pp. 95-102 (Juin 1951)
- Langford-Smith, "Radio Designer's Handbook 4th Edition", p. 84 (1957)
C'est bien beau d'affirmer de façon péremptoire, mais c'est encore mieux quand on sait de quoi on parle...