Olivier a écrit :
Si je peux me permettre à mon tour, sans vouloir engager une quelconque polémique, il faudrait rappeler que l'antisémitisme moderne, qui a abouti a l'atrocité la plus absolue, a aussi débuté comme cela: il était de bon ton de caricaturer les Juifs, toujours sous convert d'"humour" bien sûr, notamment par exemple à travers les cartes postales. En acceptant cela (après tout, qu'y a-t-il de plus anodin qu'une carte postale ?), c'est le terreau pour la propagande d'exclusion puis d'extermination qui se mettait lentement en place. Non, je ne suis pas Juif, mais toute blague antisémtie ou raciste, quelle qu'elle soit, provoque en moi un malaise indicible.
Peut-on accuser un Juif d'être antisémite ? Je rapprocherais volontiers cela de la phrase de Desproges, qui déclarait: "plus cancereux que moi tu meurs" alors qu'il se savait en phase terminale. Cet-humour là ne me dérange pas, car il est lucide, salvateur et respectueux, philosohique même, et qu'il ne se fait pas au détrimant de quelqu'un, en l'abaissant, en le stigmatisant: au contraire, il est libérateur.
C’est très triste comme mode de pensée, je trouve.
Triste.
Triste, de ne pas pouvoir rire de tout.
Triste de « devoir être » pour « se moquer de ».
On a tous beaucoup cité Desproges ou Coluche.
Ce qu’on peut dire, c’est qu’on les regrette vivement ces deux-là
Ceux-là, entre autres, maniaient la blague « raciste » avec talent.
Jamais, ils n’ont été attaqué là-dessus, jamais, on a pu soupçonner un quelconque relent malsain chez eux.
Et pourtant ?
Certaines de leurs « blagues » sont dures, très dures.
Beaucoup plus que certaines « censurées » ici.
Triste.
Plus que Desproges et Coluche, ce que je regrette vraiment c’est l’époque qui les accompagnait.
Parce que cette censure, ce politiquement correct, ce « humoristiquement » correct, je le vois comme un recul
Un grave recul.
Le même, qui fait qu’on retrouve Charlie Hebdo au tribunal, pour un procès qui ressemble beaucoup à un procès « pour blasphème ».
L’humour paie également les frais du communautarisme.
Il n’y a qu’à regarder la dernière vague d’humoristes, celle du Jamel Comedy Show, Tomer Sisley et autre.
Très drôles au demeurant, mais il me reste un goût amer à chaque fois.
Parce ceux qui tapent sur les noirs, les arabes, les juifs, et leur fameux « pendants naturels », sont eux-mêmes noirs, arabes ou juifs.
Exclusivement.
Dieudonné reprenant l’humour noir d’Elie Semoun : tollé général garanti !
Elie Semoun jouant le spectacle de Dieudonné, inconcevable…
Et pourtant…
Il n’y a pas si longtemps, dans ce beau pays, ces deux-là sur scène, ça donnait.
Ca donnait du juif qui se moquait des noirs, du noir qui se moquait des juifs.
Et on riait, tous, ensemble.
L’impression que c’était il y a des siècles…