fitipaldixxx a écrit :
Seth Rotten a écrit :
Pour le coup je trouve qu'il a plutôt raison sur la question de l'école publique, ce sont des lieux à défendre, plutot que de planquer les gosses dans le privé, réflexe de bourgeois sectaire.
Bon, là tu me fais plaisir de reconnaître ça.
Je ne l'ai pas dit pour te faire plaisir, car à côté tu racontes plein d'âneries, mais sur ce coup là, je suis plutôt d'accord. Je suis désolé les gars mais je peux pas suivre là dessus, j'ai fait toute ma scolarité en lycée public, en collège public... Pourtant mes parents auraient eu le pognon, en se serrant la ceinture tout de même car ce ne sont pas des bourgeois, pour nous foutre, mon frère et moi, dans le privé.
Au final j'ai fait une bonne scolarité, c'était il y a bientot dix ans que ça se terminait, je doute que la situation ait à ce point pourri en dix ans car je me rappelle que je lisais et entendait exactement les mêmes histoires sur le privé et le public ici comme ailleurs. Le secteur public, là par contre c'est vrai, se dégrade en raison d'un abandon progressif, mais jouer ce jeu avec un coup d'avance, et c'est ce coup d'avance qui compte, en foutant les enfants dans le privé, ça ne fait que renforcer la politique de désinvestissement de l'Etat ET des collectivités territoriales.
A titre d'illustration et ça ne vaut que pour ça, j'ai un super pote qui a fait son collège dans un bahut qui était implanté à la frontière avec un des deux "quartiers chauds" de ma ville (il y en a plus que deux, mais disons que celui ci est l'un des deux plus tendus dans l'imaginaire des locaux).
Ce qu'il décrit depuis cette époque, car on en reparle parfois, c'est qu'au début quand il y est entré, l'ambiance y était tendue mais il y avait une certaine mixité. Je me souviens d'anecdotes cocasses mais pas qu'il avait l'impression de risquer son cul en allant en cours. Pourtant, ce quartier était à l'époque vraiment très tendu, beaucoup de braquages, de délinquance, de rackets, le supermarché était braqué en permanence... beaucoup de drogue, déjà au début des années 2000. Il y avait de la violence dans ce collège, plus que ce que pour ma part j'ai connu à la même époque, mais voilà.
Sauf que du coup, le quartier en face de la cité est plutot, si ce n'est rupin, en tout cas très classe moyenne sup', et que tous les parents ont foutu leurs gosses en centre-ville ou en bordure de ce quartier dans le privé par crainte, un peu réelle, et beaucoup fantasmée, de la "violence". Résultat quand mon pote s'est tranquillement approché de la fin de son cursus au collège, il était un des rares élèves à ne pas venir de la cité et là il décrit une situation qui s'est rapidement dégradée et tendue, pour finir avec une voiture-bélier qui a foutu le feu en pleine nuit au collège, lequel collège a fermé rapidement après.
Aujourd'hui, il reste les collèges de secteur du centre-ville qui drainent la partie "classe moyenne/rupins" et le collège de secteur au milieu du quartier qui lui ne draine que le quartier en question et où la situation a toujours été compliquée.
On assiste du coup au mouvement inverse, et c'est à mourir de rire : tous les élèves de la cité dont les parents ont le pognon les foutent dans les établissements privés en bordure de la cité, on assiste même à des arrivées d'élèves difficiles virés du bahut du quartier qui sont pris dans le privé car les parents arrivent à payer (je ne sais pas comment, car c'est un quartier pauvre, je pense que l'inscription n'est pas hyper chère).
C'est trop fort ! D'une certaine manière c'est la revanche du destin !
Tout ça pour dire que ces histoires de public/privé je trouve ça con, je sais qu'en région parisienne avec des bahuts sinistrés dans des quartiers très tendus la question prend une dimension encore autre, mais là, c'est le quartier en tant que tel qui pose question de façon très inquiétante.
Il me semble que la déchéance de l'institution scolaire du pays commence avec le désinvestissement parental.