Si seulement le problème du cinéma court en France n'était lié qu'à ça... En effet le problème de diffusion est important mais il n'est que la fin d'un problème bien plus important. (Je parle bien de diffusion en salle de cinéma et télévisée, pas dans des festivals spécialisés.).
Aujourd'hui c'est toute la production du court métrage qui est à revoir. Je m'explique : pour faire un court métrage qui aura une vie (et qui rencontrera quoiqu'il en soit la problématique évoquée au début du topic) il faut avant tout écrire un scénario et le FINANCER. Ceci implique généralement de s'acoquiner avec une société de production... Premier parcours du combattant lorsque l'on n'est personne. Mais partons du fait que l'on a eu de la chance et que l'on une société de production convaincue que votre scénario est le scénario qu'elle veut bien produire (raccourci volontaire car la polémique serait trop longue, je ne parlerai ni des servilités, ni même des retournements de vestes...). Bref, pour financer, il existe quelques méthodes :
1) Le CNC si l'on a ses entrées ou si l'on écrit des histoires suffisament chiantes pour avoir le label "french touch" ; (80%)
2) Être tout simplement riche ; (2%)
3) Avoir de la chance ou être "fils d'untel" ; (10%)
4) Être connu et intéresser une société de production qui veut faire un coup marketing ; (5%)
5) Être sacrément débrouillard et malin. (3%)
Bien, une fois répondu à la question par l'une des méthodes sus énumérées, il va falloir réunir une équipe valable. Pour cela on se voit soit imposer une équipe par la société de prod. (gros risque pour le réalisateur de voir son film piller par les "professionnels" placés sur le coup), soit on fait appel à des copains (beaucoup plus rare pour un film prétendant être diffusé sur une chaîne ou en salle de cinéma).
Ensuite, il faut bien se mettre dans la tête que personne ne sera payé mais "... c'est tellement normal quand on est passioné...". Amusant.. Les gens qui font du long métage ne sont alors pas des passionnés ?...
Suite à cela se présente la préparation du tournage. Un mot d'ordre (qu'à déjà connu l'écriture du scénario en amont mais là encore je ne tiens pas forcemment à develloper) : ECONOMIE ! Donc on serre encore les ceintures pour des choses qui comme les lieux, les accessoires, la machinerie et j'en passe sont quand même essentielles à la conception d'un film, d'un univers. Mais qu'importe ! On a déjà la chance de travailler avec une production et d'avoir obtenu un budget qui va aussitôt retourner dans l'industrie de notre cher cinéma pour aider à financer des longs métrages produits par la même pleïade de producteurs qui produisent les mêmes types de films avec les mêmes "comédiens" réalisés par les mêmes gens ou leurs progénitures ou les progénitures de leurs frères, soeurs etc... L'histoire du seprent qui se mord la queue, l'histoire de la "grande famille du cinéma" que certains ont osé appeler mafia (rho les vilains !).
Bref ! Une fois le tournage achevé, il va falloir post produire et donc encore débourser des € pour ces pauvres studios et laboratoires de post production. Montages, étalonnages etc... Tout est fait enfin et votre film PAD (prêt à diffuser).
C'est à ce moment que la société de production commence à s'ébranler : il faut rentabiliser, vendre à une chaîne de télé... En effet, on ne vend pas du court aux salles de cinéma (vous l'avez déjà dit).
Une fois vendu pour une somme dérisoire dont aucun technicien ne verra jamais la couleur, le film sera peut-être diffusé tard le soir (ou tôt le matin) et ira finir sa vie dans les archivages de la chaîne (je ne prends toujours pas en compte les festivals)...
Voilà, la gymnastique est toujours la même et tant qu'elle sera ainsi, tant que les prods resteront frileuses et ne tenteront jamais rien (il n'est pourtant pas inimaginable par exemple de penser à faire des compilations de court métrage en DVD mais peut-être trop risqué, houlalala !) et bien le court métrage restera le batard du long métage et ne permettra pas de découvrir de nouveaux talents ! Remarquez il y a une logique à cela... Si on ne découvre pas de jeunes talents venant de nulle part, on ne risque pas de déranger l'ordre bien établi de la "famille" ortarcique française...
Tout cela n'est pas chargé d'espoir, je le reconnais et pourtant ! Pourtant quelques amis et moi même continuons à faire du court métrage... Je disais que la production du cinéma court en France était à revoir... et bien c'est ce que nous faisons à notre façon sans passer ni par des société de production, ni par le CNC ni par personne et cela, je vous le dis, ça s'appelle la liberté ! Elle a son coût elle aussi, mais son coût ne se chiffre pas en € mais en temps et en volonté. Mais qu'importe, au moins nous avons l'ivresse... et nous ne devons rien à personne.
Mais quid de la diffusion ? Des possibilités existent mais je ne pourrais malheureusement pas en parler ici.
Voilà, je n'ai pas voulu m'étendre trop ce qui malheureusement fera penser à certains que mon propos est peut-être un peu court mais je ne voulais au final que réagir sur un sujet que je connais de l'intérieur, donner mon avis tout subjectif qu'il soit.