JayBea a écrit :
Et aussi, y'a une sorte de formatage de conservatoire et/ou de musique populaire. Souvent, un manque de personnalité, et tout le monde suit la mode en cours...
Oui, ça c'est vrai, et c'est surtout sensible sur les très jeunes musiciens, quand leur personnalité n'est pas encore mûre et qu'ils 'ont pas pu encore suivre ou trouver leur propre voie (j'espère que personne ne prendra mal ce que je viens d'écrire). Et c'est vrai qu'il y a des modes en cours, comme l'inspiration de la musique des pays de l'est, l'usage immodéré des gammes mineures mélodiques et harmoniques, l'emprunt des rythmiques nord-africaine ou indienne... ça peut être très chouette, très esthétique, mais la flamme initiale du jazz se perd un peu là-dedans.
Je me suis souvent demandé ce qui définissait le jazz, par rapport aux autres musiques. Finalement, le jazz n'a pas le monopole de l'improvisation, ni des gammes et harmonies qu'il emploie, ni des ryhtmiques utilisées. Finalement, ce qui le différencie des autres (et c'est une vision qui n'engage que moi), c'est son histoire, son répertoire, ses sonorités, son immense dictionnaire de phrases clés, et cette espèce de pulsion primaire mais décontractée dans le phrasé, qui s'exprime aussi bien en métrique binaire qu'en swing. Quand rien de tout cela n'apparaît dans un morceau, j'ai du mal à dire que c'est du jazz. J'écris ça et je suis essentiellement branché jazz moderne actuel, donc ne me traitez pas de traditionnaliste
Heu, en région Rhône-Alpes, le jazz arrive encore à vivre plutôt pas mal. Mais on ne va clairement pas vers un âge d'or. Ne nous leurrons pas: ayant des contacts indirects avec des musiciens américains de haut vol, la situation est encore pire outre-atlantique. La plupart des musiciens de jazz ont le même statut que moi: un boulot la journée, le jazz la nuit... Et ça ne date pas d'aujourdhui. ça a été le cas de Wes la plus grande partie de sa vie. Evidemment, New-York nous fait tout fantasmer, on pourrait croire qu'il y a une place pour une vraie scène jazz et des musiciens pros à plein temps, mais tant qu'on n'a pas le niveau de Gilad Hekselman ou presque, inutile d'y penser.
Ce que dit Bullfrog est surprenant, il y a tellement de musiciens belges de haut niveau (même mon ex-prof d'harmonie, qui habite en Isère comme moi, s'est fait embaucher dans le Brussels Jazz Orchestra), j'ai du mal à concevoir que ça puisse avoir lieu si personne ne s'intéresse à eux localement.