Merci nicoguitare pour cette explication.
Je vais essayer de synthétiser ou d'approfondir ce que tu viens d'exprimer.
La première chose qui me semble importante, c'est que tu sembles dire que globalement, en phrasé bebop, on a tendance à alterer les dégrés V... peut-être à outrance, si je lis entre les lignes.
Est-ce qu'on peut partir sur ce postulat ?
Pour ton point n°2 : Commencer les phrases qui marquent un fort changement par un effet de type appogiature, ornement, etc...
Pour ton point n°3 : contrairement à ce qu'on entend dans la méthode des "notes cibles" (guide tones), il n'est pas d'usage de résoudre sur les temps 1 lorsqu'on phrase en bebop.
Si cette proposition est vraie, là aussi, d'une certaine manière, ça m'éclaire. En effet, j'ai toujours trouvé que le phrasé bop était particulièrement tendu à des endroits inhabituels.
Citation:
Juste pour approfondir un peu le rythme : comment tu t'exerces ?
Je voudrais repartir à l'age de 12 ans, lorsque j'ai commencé la guitare. (j'en ai 42). Si je fais mon introspection, je me vois comme un jeune technicien qui cherche à mettre les doigts de mieux en mieux sur le manche. Quid de la musique ? Ben, puisque je mets le doigts correctement... c'est donc que la musique qui en découle et bonne, non ?
Entre 12 et 13 ans j'ai fais des progrès techniques fulgurants. Tapping à fond la caisse, sifflantes, rythmiques élaborées à la Van Halen. Bref, j'étais bon. Je prends des cours de jazz, bossa, qui se caractèrisent par la naissance de gros doutes sur ma capacité à comprendre ce qu'on me dit. Parfois, on me fait dérouler des bouquins complets de notes alignées les unes dérrière les autres. Ca n'a aucun sens. Quid de la musicalité ? Ben, 16 notes à la seconde, c'est forcément musical, non ?
13 ans, c'est mon pic de connaissances. Je sais harmoniser la gamme majeure, je sais jouer du blues avec des altérations sympa. Le son clair, c'est pour les tap..., la disto, c'est toute ma vie. De 13 à 20 ans, je mets mes connaissances en avant dans différents groupes et mon niveau décroit petit à petit jusqu'à l'abandon. Au niveau matos, j'ai aussi fait des choix discutables. J'ai un Marshall à transistors et une ibanez RG440. De la daube en barre.
Evidement, je joue de temps en temps, mais avec un certain dégout, puisque je ne sais rien faire.
A 38 ans, un copain (qui lira ce thread) me fait essayer sa nouvelle Harley Benton demi caisse. Là ça fait tilt. J'entend une musicalité sur les 3 notes que je joue. Certes, je ne sais plus rien faire, mais les 3 notes que j'aligne racontent quelque chose. Je trouve ainsi un nouveau but : faire de la musique.
L'immense différence entre un guitariste de 1981 et un guitariste de 2008, ce sont les moyens qui sont mis à sa disposition par le biais de ce qu'on appelait à l'époque, le web 2.0. En effet, il y a un monde, voire un univers entre mettre 10 ans à trouver une interprétation de "Manha des Carnaval" - ce n'est pas un vue de l'esprit, c'est du vécu - et mettre 10 minutes à écouter toutes les interprétations disponibles sur Youtube et Deezer.
J'ai rééllement trouvé la bande originale du film "Orfeo Negro" en 1993. J'ai évidemment été très déçu parce que c'est franchement pourri, mais ça a marqué l'histoire de la musique. Très vite, j'ai ensuite trouvé une version de Stan Getz et la version du trio Di meola - De lucia - McLaughlin.
Ensuite l'histoire de ma progression est très liée au forum Guitariste.com. Les critiques m'ont fait prendre conscience de l'existence de ma main droite (qui est fondementale en guitare). Les critiques m'ont fait prendre conscience que la musique c'est d'abord le rythme.... l'harmonie venant loin derrière.
Donc, voilà, le rythme, c'est une découverte assez récente pour moi. En 2009, j'ai passé pratiquement 6 moins en tête à tête avec mon métronome à dérouler de la gamme "on top" ou à faire de la rythmique "on top".
La chose que j'ai voulu expérimenter ensuite, c'est le jeu "en avance" et "en retard". Quand on vient de "pas de rythme", qu'on fini par jouer "on top" et qu'on s'intéresse à ce qui se passe dans les centièmes de secondes qui séparrent un jeu "en avance" d'un jeu "en retard", le chemin est long et finalement, c'est un peu comme si on découvrait une autre planète. Effectivement, mettre les doigts de la main gauche sur le manche ne suffit pas.
Aujourd'hui, je reste un peu scolaire dans mon approche du rythme. J'ai tendence à changer de rythme
uniquement entre les beats 1, 2, 3 et 4. Cela donne un phrasé un peu téléphoné du style 1, 1.66, 2, 2.66,
3, 3.25, 3.5, 3.75, 4, 4.66.
On voit bien que les exemples que tu donnes sont plus élaborés et syncopents beaucoup plus que mes petites recettes de cuisine.
Donc, pour répondre à ta question : je fais mon possible pour entretenir ma précision rythmique avec mon métronome. Je mixe croches, croches swinguées et doubles dans mes phrasés d'entrainements