fab38 a écrit :
Biosmog a écrit :
Mais ce que je soulignais c'est une dimension spécifique qui est absente quand on fait de la musique seul ou sur enregistrement piste par piste.
Je pense que la musique dans toute son extension a finalement deux objectifs et s'ils n'existent pas (au moins à l'état imaginaire), c'est de la musique incomplète: jouer pour un public et jouer en sychronicité à plusieurs. Chaque fois que je m'enfermais dans des projets qui n'avaient pas l'un au l'autre de ces deux aspects, c'était incomplet, insatisfaisant, au final.
Pour faire vraiment sonner un truc piste par piste, il faut être un putain de bon musicien. Alors que se faire enregistrer en groupe permet de masquer les imperfections, et me semble bien plus accessible au musicien lambda (dont je fais partie). C'est aussi le parti de producteur comme Steve Albini, pour capter ce que tu appelles la "dimension spécifique" de l'échange.
De là à dire que c'est mieux, je ne suis pas sûr. C'est juste différent, et pas forcément adapté à tout message musical.
La notion de complétude est bien plus compliquée, je pense : chacun la voit selon ses besoins. Les miens sont d'écrire les morceaux, de les poser, d'enregistrer rapidos des démos avec de faibles moyens techniques, tout seul, histoire de passer au morceau suivant.
Le travail à plusierus sur ces mêmes morceaux a lieu après, avec des objectifs amateurs à courts termes (être prêts pour un concert). Ce qui fait que quand il n'y a pas de concert en vue, ce travail de répétitions en groupe a tendance à s'émousser.
C'est en quoi je rejoins totalement Zepot : le groupe, si les morceaux viennent d'une "tête pensante", c'est un truc destiné à produire du live. Donc ça peut vite devenir pesant.
Ce que mentionne Neredev est certainement vrai, puisqu'il le vit, mais je ne l'ai pas encore rencontré dans mon coin. Ou bien avec des objectifs qui ne collent pas à mes contraintes (un boulot et deux gosses plus tard, ils comprendront). Celà dit, quand je vois que certains mettent un an à sortir un morceau de 4 minutes parce qu'ils passent un temps fou sur la prod, ça me fait pleurer et finalement je ne regrette pas.
C'est marrant que tu ne parles que d'enregistrement.
Je pense qu'il y a autant de manières de faire de la musique que de musiciens.
Mon trip actuel, c'est d'essayer d'être dans le temps présent, au moment précis où la musique se joue. Concrètement, c'est de jouer avec un bon groupe (et avec un bon pianiste dans un autre projet que j'ai) et d'être en interaction. C'est-à-dire qu'il y a quelque chose qui se produit dans l'instant présent, que nous sommes incapables de réaliser seuls, ou séquentiellement en piste par piste. Et ce truc là, il faut le capter, et c'est peut-être une des choses les plus difficile, pour moi. Le résultat c'est une fusion, chaque micro-innovation de l'un est reprise par les autres et réciproquement. Le groupe prend réellement vie, va au-delà de ce qu'un seul aurait pu imaginer, chacun se porte mutuellement. Ce n'est plus l'addition des compétences, mais un ensemble en soi, avec sa vie propre.
J'aimerais dire que c'est une conception jazz, mais ça fait un peu bouche en cul de poule de dire ça. Et si avec le pianiste, c'est de la musique d'improvisation, avec mon groupe rock, c'est très rodé, quasi-écrit. Mais même quand les lignes sont fixes, il y a une immense part d'expression. Et quand cette expression est parfaitement synchrone, la musique prend une autre dimension.
Toutes les histoires de merdes avec les musiciens, c'est tout à fait réels, j'en ai reconnu une bonne partie. Mais ça se passe avant et après le morceau, si j'ose dire.
Quant au fait de jouer pour un public, je l'avais cité un peu en lien, mais c'est hors sujet (on peut jouer seul face à un public). Disons que pour moi, ça doit être un objectif, mais ça peut être une sorte d'objectif lointain, imaginaire. Mais d'expérience, et selon mon point de vue, il doit toujours y avoir quelque chose de cette idée pour qu'un projet se développe au delà d'un cercle d'autosatisfaction narcissique.
Vous battez pas, je vous aime tous